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Oz. Un an en australie (et plus si affinités)

J+361 — La toute jeune île-volcan de Rangitoto

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Si à Paris vous pouvez prendre le bateau-mouche pour admirer l’eau polluée de la Seine, à Auckland vous pouvez prendre le ferry pour rejoindre une île-volcan à quelques encablures de la capitale néo-zélandaise. Il faudra juste vous lever à 5h30 pour prendre le premier ferry de 7h30 pour bénéficier du tarif le plus bas. Mais un tel sacrifice est nécessaire : après seulement quelques jours à Auckland nous sommes déjà usés par la vie citadine. Non pas qu’Auckland soit une ville désagréable non. Ce qui nous a le plus surpris c’est l’ambiance très asiatique de la ville, encore plus qu’en Australie. D’ailleurs nous sommes littéralement tombés amoureux d’un micro-restaurant sur un coin d’immeuble qui fait des pancakes coréens, sortes de grosses crêpes fourrées. C’est terriblement gras mais aussi terriblement bon. Mais bref. Je ne sais pas si c’est la pensée de retourner en France qui me déçoit, ou le choc réel de passer entre une vie à l’extérieur en contact avec la nature à une vie cernée de passages-piétons, de trottoirs, de boutiques, et autres artifacts d’une vie qui va trop vite pour moi. Mais le fait est qu’après seulement 2 jours à Auckland je suis enfin heureux de me lever le matin, même si Rangitoto est réputé être un lieu très touristique.

Rangitoto est une petite île de cinq kilomètres de large dans la baie d’Auckland. Sur le papier rien d’extraordinaire. Sauf que cette île a été formée par une éruption, il y a seulement 550 ans, soit quasiment avant-hier en termes géologiques. L’île étant très jeune, la végétation commence à peine à s’installer, et le sol est composé essentiellement de scories et lapillis, des petites roches volcaniques particulèrement abrasives qui useront autant nos chaussures en une journée de marche que les mois précédents.

Ici la végétation est toute aussi récente : les arbres les plus anciens n’ont que 200 à 250 ans, et de larges parties de l’île sont encores dépourvues de végétation. En effet il faut un long cycle de lichens, mousses et décompositions avant d’avoir suffisamment de matières organiques pour que la vie s’installe sur le sol stérile. Marcher dans ces zones désertes est irréel et donne la sensation de traverser la lune. Irréel et éprouvant. Un soleil de plomb chauffe le sol qui par sa couleur noire absorbe et restitue la chaleur, sans compter sur les scories qui offrent la sensation de marcher sur du papier de verre en plus de nous tordre les chevilles à chaque pas.

Nous faisons une grande boucle sur l’île en passant par le cratère et ses anciens bunkers de la seconde guerre mondiale puis nous atteignons des grottes de lave. Nous y restons un petit moment à explorer les tunnels avec nos torches, malgré quelques bosses et risques de se râper la peau sur la roche. Je découvre même par hasard une immense grotte loin de celles qui sont entourées de touristes, et déserte.

Nous continuons notre exploration par Islington Bay Wharf où des débris de bateaux abandonnés là depuis des dizaines d’années terminent leur décomposition. On profite de gros morceaux de bois flotté pour s’asseoir sur quelque chose d’autre que la roche qui fait mal aux fesses et manger notre déjeuner.

Malgré notre volonté nous n’aurons pas le temps d’explorer également l’île de Motuapu, qui est reliée à Rangitoto par un petit pont de béton et qui contraste largement. Si Rangitoto est noire et inhospitalière Motuapu est une large prairie verdoyante et accueillante avec ses plages de sable et son eau turquoise.

Le temps joue contre nous, et nous devrons donc nous hâter de retourner à la jetée pour prendre le dernier ferry à 17h, sinon on risquerait de passer une nuit un peu forcée sur l’île. Et plutôt me noyer en nageant vers Auckland que de devoir dormir sur ces horribles scories ! Bon elles sont belles, mais qu’est-ce qu’elles sont désagréables sous les pieds…