Et voici donc le nouveau journal : http://detours.journalintime.com/
]]>Inconsciemment nous avons laissé des indices dans notre récit de voyage sur le prochain, ainsi en relisant le récit, on peut voir ceci :
On se dit que ça nous suffit comme aventure et qu’on va avancer sur la route, tant pis pour Purnululu, on ira une autre fois, peut-être en vélo ?
Mais aussi :
Nous croisons ici de nombreux VTT, car le célèbre Mawson Trail passe par ici. Cette piste VTT emmène sur 900 kilomètres d’Adelaide aux Flinders Ranges en passant par les plus beaux paysages du South Australia. Il y a de quoi nous donner envie… La prochaine fois on vient en vélo, c’est sûr !
Et enfin :
Je ne m’en lasse pas, et je ne rêve que d’une chose : pouvoir traverser ce territoire librement, à pied ou en vélo peut-être. Bon une autre fois.
Et oui, vous l’avez compris, notre prochain voyage sera un mini-tour d’Australie en vélo ! Départ en mai 2015. L’itinéraire plus ou moins prévu fera la part belle aux pistes de l’outback et aux pistes VTT, notamment le Mawson Trail et le Munda Biddi, enfin sauf si on déclare forfait dès le début pour faire autre chose, avec nous on ne sait jamais trop !
Un nouveau blog verra le jour à cette occasion, en même temps que le présent blog sera archivé, avec ses fautes corrigées.
]]>Et même les deux livres, afin de donner aux photos l’espace qu’elles méritent il y a un volume séparé en couleur pour les photos. À gauche il y a donc le récit de voyage, 400 pages d’aventures en Australie et Nouvelle-Zélande, avec de belles cartes dessinées à la main pour montrer où ça se passe, et une dizaine de grandes photos en noir et blanc. Et à droite le carnet photo : 50 pages de belles photos des endroits et animaux les plus insolites du voyage.
Les livres sont disponibles à petit prix (marge de l’auteur : 2 € par livre) en cliquant sur les couvertures (sur Amazon, frais de port gratuit, profitez-en ça va pas durer grâce à nos députés), et vous pouvez aussi les feuilleter pour voir à quoi ça ressemble. Et je parle ici de la fabrication du livre, de son impression et tout le reste (et aussi possibilité de télécharger les livres en PDF).
Le livre est sous licence Art Libre et je prépare une édition EPUB/PDF gratuite à venir si payer pour du papier n’est pas intéressant.
]]>Un résumé en vidéo de un an en Australie, comme si vous y êtiez, sans commentaire et sans bla bla ou montage kitch, profitez bien.
Évidemment ça ne serait pas complet sans la vidéo d’un mois en Nouvelle-Zélande :
]]>
Maintenant que le récit est terminé on peut s’attarder à nouveau sur des aspects pratiques du voyage. Le premier et le plus important c’est le coût. Si vous avez bien lu les 150 articles du journal (ça fait plus de 500 pages de texte si on en faisait un livre de poche, sans compter les photos !) vous avez vu que je n’ai pas travaillé, et Anne a travaillé un mois en cumulé, pour gagner environ 2500 AUD (2000 € au taux de change à ce moment-là). Donc les revenus sont faibles mais pas inexistants.
Comme on a tenu des comptes précis au cours du voyage je peux vous sortir plein de chiffres au point de vous saouler, alors je ne vais pas hésiter, je me suis pas tapé tous ces tableaux LibreOffice pour rien !
Avant de partir nous avons dépensé chacun 1803 €. Ce chiffre comprend le billet d’avion Paris-Melbourne en 2012 et le billet retour Auckland-Paris en 2013 pour 1129 € (1115 € de billet et 14 € d’assurance annulation). Il y a aussi douze mois d’assurance santé (440 €, prise chez Chapka Direct) incluant le rapatriement et tous ces trucs compliqués.
Ça n’a servi qu’une seule fois, où j’ai dû me rendre aux urgences après qu’Anne m’a mis un coup de coude (involontaire, je précise) dans l’œil : le lendemain je voyais flou de l’œil et par précaution on est allés à l’hôpital. Le diagnostic a été une légère abrasion de la cornée, qui s’est réglée après une semaine à appliquer de la pommade sur l’œil. L’assurance a remboursé en deux semaines les $240 avancés pour la consultation et les $8 pour la pommade. Ça marche donc correctement, mais je reprocherais quand même le côté archaïque du remboursement, surtout pour une assurance internationale où on est à l’autre bout du monde : il faut envoyer un courrier postal (pas d’email) avec les documents originaux (bonjour la galère si la poste les perd), ça prend pas mal de temps à arriver en France et il faut ensuite quelques semaines pour se faire rembourser. Je reproche également que le taux de change utilisé pour le remboursement est celui du jour du remboursement (car on est remboursés en euros) et non celui du traitement, j’ai donc perdu environ 2 € dans l’histoire à cause du taux de change différent. Bon si c’est l’inverse vous gagnez quelques euros, et là 2 € c’est pas important mais si c’est une facture de 1000 € ça commence à faire. Enfin l’assurance n’a pas une ligne de téléphone dispo 24h/24, il faut se conformer aux horaires des bureaux parisiens, ce qui est loin d’être pratique quand on est à l’autre bout du monde. Heureusement il y a quand même une ligne 24h/24 pour les urgences pour ne pas avoir à avancer de frais en cas d’hospitalisation, c’est déjà ça.
Enfin les dépenses avant le départ incluent aussi le visa : $270, soit 218 € à la date du paiement du visa. Le prix du visa a depuis explosé : $420. Heureusement le taux de change est plus favorable car ça ne représente que 284 € à la date du jour, mais si le taux de change évolue dans le mauvais sens ça va commencer à être très coûteux. Et pour terminer il y a 17 € qui correspond aux frais de réservation de la première semaine en auberge de jeunesse.
Et en Australie comment ça se passe ? Et bien on va décortiquer cela ! Les montants indiqués sont pour deux personnes, sur une période de 332 jours en Australie.
Hébergement : 3234 AUD — cela prend en compte une semaine en auberge de jeunesse ($172/personne pour une semaine) et trois mois à louer une chambre d’ami dans la banlieue de Melbourne ($110/personne par semaine).
Nourriture : 2764 AUD (ou $4 par personne et par jour) — on a mangé beaucoup de pâtes et de riz, mais aussi pas mal de légumes dès qu’on pouvait en trouver des pas chers. Au final la nourriture est la variable d’ajustement la plus facile et la plus tentante à modifier, au risque de manger des spaghettis en boîte tous les jours (moins de $1 la boîte) comme on a vu certains le faire, mais la bouffe c’est important pour le moral. On veillait donc quand même à se faire un peu plaisir quand c’était possible : légumes, fruits (quand ils n’étaient pas hors de prix), pâtisseries (soldées en fin de journée), parfois une pizza, et même de la viande et des surgelés : par exemple 1 kg de poisson pané surgelé ça se garde 4-5 jours. Et quand vous mangez du poisson pendant 5 jours vous avez tout d’un coup une grosse envie de pâtes. À Melbourne on a aussi eu pas mal recours à la récupe pour se gaver de fruits, légumes, œufs, pain etc. jetés en grosse quantité quasiment tous les jours, donc autant que ça serve.
Véhicule : 2766 AUD (ou $4 par personne et par jour) — Malgré notre malheur (gros problèmes techniques dès l’achat, puis moteur qui casse etc.) nous avons eu la chance (toute relative) que ces problèmes soient dûs à l’incompétence du garagiste qui avait fait le contrôle technique du van pour le vendeur : ainsi c’était sa responsabilité de réparer. Puis après qu’il ait mal reserré un écrou dans le moteur et que celui-ci ait cassé une semaine après ses réparations c’était encore sa faute donc il devait payer les réparations à nouveau. Grâce à l’aide précieuse de notre garagiste super-sympa (pas le même que l’incompétent) on a réussi à obtenir que ça ne soit pas l’incompétent qui répare notre van mais qu’il paye le garagiste qu’on avait choisi. Au final on s’en tire donc pas trop mal étant donné la situation. Mais on a quand même dû payer le changement de la batterie, du radiateur, du carburateur, du filtre à essence, et pas mal d’autres interventions. Nous avons revendu le van $4100 alors que nous l’avions payé $4250 et que nous avons revendu le coffre de toit et la boule d’attache de remorque pour $200. On a donc « gagné » $50 sur le van lui-même. Le reste des dépenses sont les nombreux passages chez les garagistes pour réparations, deux vidanges, un entretien complet et quelques litres d’huile (le van en perdait un peu, mais on n’en a racheté que 3 fois en 30.000 kilomètres). Évidemment si on n’avait pas réussi à revendre le van, s’il avait pété avant de le vendre, on aurait ici perdu $4100 de plus… Un risque non négligeable.
Équipement van : 306 AUD (ou $0,45 par personne et par jour) — On a récupéré énormément de choses dans les encombrants, du coup on n’a pas dépensé tant que ça. Dans la liste il y a : boîte à outils, bassine pour la vaisselle, oreillers (la couette super chaude était aux encombrants !), le Camps 6 (guide de tous les terrains de camping gratuits et payants d’Australie, qui coûte quand même $50 mais acheté $43 sur ebay), un double de la clé du van, une lampe solaire IKEA (probablement le meilleur investissement, elle marche encore aujourd’hui malgré le nombre de fois où on avait oublié le panneau solaire sur le toit et où il est tombé sur la route à 80 km/h), un pare-soleil et un certain nombre de miroirs que je m’obstinais à casser. Au final on n’a acheté aucune planche, aucune vis, aucun clou, juste un peu de lino, de la colle à bois et quelques outils. La plupart de la vaisselle et des rangements ont aussi été trouvés aux encombrants. C’est dingue ce qu’on y trouve, on a même vu un Commodore 64, et le mieux : un mug Doctor Who. Et oui.
Essence : 4555 AUD (ou $7 par personne et par jour) — De très loin le poste le plus important. Un van des années 90 n’est pas un modèle de basse consommation. Ainsi le nôtre consommait précisément 9,57 litres aux 100 kilomètres, ce qui est plutôt normal d’après les discussions qu’on a pu avoir. Avec un prix moyen de l’essence de $1.61 le litre (variant de $1.30 le litre à plus de $2 le litre) et presque 30.000 kilomètres parcourus ça nous fait 15 cents au kilomètre parcouru. En ajoutant le coût final du van on arrive à 25 cents par kilomètre parcouru. Si le van n’avait pas été vendu le coût aurait grimpé à 39 cents le kilomètre. Le coût au kilomètre me semble une donnée très pertinente et permet de savoir rapidement si on peut se permettre un détour ou non. Un aller-retour à Uluru depuis Alice Springs (940 km) ? $141 en essence. $235 en comptant le coût du van. Facile. Ou alors imaginez qu’en roulant en van tous les 8 kilomètres vous jetiez une pièce de deux dollars par la fenêtre…
Transports : 1191 AUD (ou $2 par personne et par jour) — La principale dépense ici c’est le ferry pour la Tasmanie qu’on a payé une fois, puis annulé après que le van ait cassé (on a donc perdu la moitié du prix payé la première fois : environ $300), puis repayé une fois le van réparé. On a donc payé $900 au lieu de $600. Ce montant ne comprend pas le coût des transports dans Melbourne qu’on a sorti chacun de notre budget personnel.
Frais administratifs : 841 AUD (ou $1 par personne et par jour) — Comprend l’assurance au tiers du van ($19/mois chez Westpac), les frais de transfert de propriétaire du van ($75), une malencontreuse amende à Ceduna ($384 pour ceinture de sécurité mal ajustée, abusif mais rien à faire) et surtout l’assistance dépannage ($210), ô combien utile : 2 nuits en hôtel, remorquage et dépannage et prêt d’une voiture de location pour 2 jours.
Vélos : 62 AUD (ou 10 cents par personne et par jour) — Après que le van ait pété la seconde fois on a failli le foutre à la ferraille et partir avec nos vélos, on a donc commencé à acheter des remorques, des outils, des pièces de rechange, une tente, des matelas auto-gonflants etc. Finalement notre super-garagiste nous a convaincu que le van était bon pour faire le tour de l’Australie. À moitié convaincus on a quand même préféré laisser nos vélos et nos remorques dans le jardin du garagiste au cas où. Finalement le van a tenu et en rentrant à Melbourne on a récupéré tout ça et dans le mois passé à Melbourne avant d’aller en Nouvelle-Zélande on a quasiment tout revendu. Ainsi sur les $577 dépensés on en a récupéré $515. Pas trop mal vu que ça ne nous aura servi à rien. Au final on n’a pas réussi à vendre quelques pièces détachées qui ont été données, un matelas auto-gonflant qu’on a ramené en France, et une remorque qui a été offerte à nos hôtes à Melbourne.
Loisirs : 593 AUD (ou $1 par jour et par personne) — Comprend de très (très) nombreuses glaces à Mac Do : 30 cents la glace on aurait tort de se priver ! Mais aussi des restos, de l’alcool pour fêter certaines occasions, des entrées dans des piscines, des bonbons (trop, beaucoup trop), et les entrées et pass des parcs nationaux.
Divers : 670 AUD (ou $1 par personne et par jour) — Les recharges Internet de la clé 3G, les laveries, le gaz pour le réchaud, la crème solaire, des cadeaux de noël pour nos hôtes australiens, etc.
Donc pour l’Australie et 11 mois de séjour sur place dont environ 6 mois de voyage cela nous fait un total de 16.983 AUD pour deux, sans compter le budget personnel. On s’en sort donc chacun avec 8.491 AUD chacun, soit 772 AUD par mois et par personne, ou $26 par jour.
Les chiffres donnés le sont pour une période de 32 jours passés là-bas. Attention la devise n’est pas la même ! Lors de notre voyage le taux de change était de 1 AUD = 1,2 NZD
Nourriture : 337 NZD (ou $5 par personne et par jour)
Hébergement : 208 NZD (ou $3 par personne et par jour) — Pour quelques nuits en auberge de jeunesse à Auckland avant de repartir vers la France.
Van : 859 NZD (ou $13 par personne et par jour) — Inclut la location du van, le gaz, et l’achat d’un peu de vaisselle (passoire, mugs, vrais couverts en métal).
Essence : 1150 NZD (ou $18 par personne et par jour) — Bien qu’un peu plus récente, cette voiture consommait légèrement plus : 10,16 litres aux 100 kilomètres. Nous avons parcouru 5.250 kilomètres en 27 jours et le prix moyen de l’essence était de 2,16 dollars néo-zélandais (de quoi donner une bonne crise cardiaque au moment de faire le plein en voyant le montant). Le van coûtait 22 cents par kilomètre en essence et 38 cents au kilomètre en comptant la location.
Transport : 1147 NZD (ou $18 par personne et par jour) — Comprend le ferry entre l’île nord et l’île sud, mais aussi l’avion de Melbourne à Auckland (330 NZD par personne), et l’avion de Christchurch à Auckland ainsi que la très coûteuse navette de l’aéroport d’Auckland ($28 / personne).
Loisir : 112 NZD (ou $2 par personne et par jour) — Beaucoup de fish & chips (miam !) et quelques activités touristiques.
Divers : 54 NZD (ou $1 par personne et par jour) — Laveries, accès internet, etc.
Total : 3866 NZD, ou 1933 NZD par personne, ou $50 par personne et par jour.
Clairement la Nouvelle-Zélande était bien plus chère que l’Australie, et ce n’était pas qu’une impression. La nourriture y est par exemple hors de prix et certaines denrées sont tout simplement inaccessibles. Mais une fois qu’on a ses marques on arrive à faire avec. Étant donné la courte durée, le fait que le van était loué et les nombreux transports, le budget a bien augmenté.
Si on ne prend pas en compte les sommes engagées avant le départ (avion, assurance, visa) en Australie nous avons payé 20 € par jour et par personne. En Nouvelle-Zélande si on ne prend pas en compte le coût de l’avion de Melbourne à Auckland on arrive à 31 € par jour et par personne.
Pour obtenir un coût global de ces 365 jours de voyage il convient de rajouter les sommes engagées avant le voyage et environ 1000 AUD (800 €) de dépenses personnelles chacun. Pour moi ça comprend le passage du permis ($300 environ), quelques vêtements, mon abonnement de téléphone portable, l’achat d’un smartphone d’occasion, le transport à Melbourne, des cadeaux, des cartes postales, des souvenirs à ramener, un peu de lecture, une séance au cinéma, etc.
On arrive donc à un coût par personne de :
Préparatifs | 1803 € |
---|---|
Australie | 6793 € |
Nouvelle-Zélande | 1202 € |
Résultat | 9798 € |
En divisant ça donne 816 € par mois ou 27 € par jour.
Est-ce beaucoup ? Est-ce peu ? Oui c’est beaucoup par rapport à ceux et celles qui font le tour du monde en stop pour 1 € par jour. Mais on ne peut pas vraiment dire que les conditions soient les mêmes, nous étions dans un relatif confort. Mais surtout nous disposions d’une indépendance et d’une liberté assez importante dans nos mouvements. On peut aussi dire assez facilement que c’est beaucoup moins cher de voyager en van que d’être hébergé en auberge de jeunesse. Mais que les coûts en essence et en entretien, sans compter les risques d’avarie, sont quand même importants.
Mais la vraie question c’est le coût du voyage en comparant au coût de rester chez soi, même en étant plutôt économe. Si vous êtes pauvre économe comme nous vous aurez sûrement un appartement dans les 350 à 400 € charges comprises, un budget électricité de 60-70 €, un abonnement mobile à 2 ou 3 €, un abonnement Internet à 17 €, une voiture qui sert peu et ne coûte que 200 € par mois. Et vous ne mangez pas beaucoup et rien de bien cher, et vous payez alors 150 € par mois par personne. Auquel cas ça coûte quand même déjà plus cher que notre voyage.
Mais si vous êtes un français moyen vous dépensez 600 € pour le logement sans les charges, 100 € pour l’électricité, 60 € pour la taxe d’habitation (avec redevance TV), 22 € pour l’abonnement mobile, 35 € pour l’accès internet, 500 € pour la voiture et 400 € pour l’alimentation. Tous ces montants sont les moyennes nationales françaises).
Si vous êtes dans ce cas félicitations vous venez d’engloutir la totalité de votre salaire moyen (1710 €), simplement pour vivre.
Et pour plus de deux fois le prix de notre voyage vous n’avez même pas voyagé.
Donc voilà, notre budget est énorme pour certains. Mais pour un français moyen il est vraiment bas. Tout est question de relativité…
]]>Nous avons rempli nos sacs de souvenirs d’Auckland à emmener à nos familles et ami-e-s. Nous sommes donc chargés comme des baudets pour quitter la Nouvelle-Zélande. Un petit déjeuner à l’auberge, on rend la clé de la chambre et nous reprenons le bus pour l’aéroport. La suite est très commune : attente, enregistrement des bagages, attente, embarquement, et plus de 24 heures de vol pour revenir à Paris. Sans compter plusieurs heures d’escale à Hong-Kong et des heures de voitures pour rejoindre Dijon depuis Paris.
Ce qui est moins commun ce sont les pensées qui me traversent alors que nous nous envolons vers la France. Je ne peux m’empêcher de ressentir ce que je n’avais pas ressenti depuis des mois : une profonde angoisse. Quand on voyage l’inconnu est omniprésent, on ne sait pas où on dort, par où on va passer, on ne sait pas quelle est notre destinée, et cet inconnu, cette incertitude nous l’embrassons chaque jour comme un précieux cadeau.
Mais ce qui m’angoisse c’est l’inconnu de la situation à venir. De revenir après un an d’absence dans un endroit qui m’a toujours été étranger, où je ne me suis jamais vraiment senti à ma place. J’ai peur des remarques et des pressions, à vouloir encore et toujours me faire rentrer dans un moule qui ne me convient pas. Et qu’à nouveau je me sente déraciné, sans attache. Ce qui est probablement la raison-même de ma tendance à ne jamais rester au même moment, à déménager une fois par an, à essayer de trouver un lieu où je me sente chez moi.
Mais peut-être que le temps est venu pour moi de réaliser que chez moi c’est partout.
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Si à Paris vous pouvez prendre le bateau-mouche pour admirer l’eau polluée de la Seine, à Auckland vous pouvez prendre le ferry pour rejoindre une île-volcan à quelques encablures de la capitale néo-zélandaise. Il faudra juste vous lever à 5h30 pour prendre le premier ferry de 7h30 pour bénéficier du tarif le plus bas. Mais un tel sacrifice est nécessaire : après seulement quelques jours à Auckland nous sommes déjà usés par la vie citadine. Non pas qu’Auckland soit une ville désagréable non. Ce qui nous a le plus surpris c’est l’ambiance très asiatique de la ville, encore plus qu’en Australie. D’ailleurs nous sommes littéralement tombés amoureux d’un micro-restaurant sur un coin d’immeuble qui fait des pancakes coréens, sortes de grosses crêpes fourrées. C’est terriblement gras mais aussi terriblement bon. Mais bref. Je ne sais pas si c’est la pensée de retourner en France qui me déçoit, ou le choc réel de passer entre une vie à l’extérieur en contact avec la nature à une vie cernée de passages-piétons, de trottoirs, de boutiques, et autres artifacts d’une vie qui va trop vite pour moi. Mais le fait est qu’après seulement 2 jours à Auckland je suis enfin heureux de me lever le matin, même si Rangitoto est réputé être un lieu très touristique.
Rangitoto est une petite île de cinq kilomètres de large dans la baie d’Auckland. Sur le papier rien d’extraordinaire. Sauf que cette île a été formée par une éruption, il y a seulement 550 ans, soit quasiment avant-hier en termes géologiques. L’île étant très jeune, la végétation commence à peine à s’installer, et le sol est composé essentiellement de scories et lapillis, des petites roches volcaniques particulèrement abrasives qui useront autant nos chaussures en une journée de marche que les mois précédents.
Ici la végétation est toute aussi récente : les arbres les plus anciens n’ont que 200 à 250 ans, et de larges parties de l’île sont encores dépourvues de végétation. En effet il faut un long cycle de lichens, mousses et décompositions avant d’avoir suffisamment de matières organiques pour que la vie s’installe sur le sol stérile. Marcher dans ces zones désertes est irréel et donne la sensation de traverser la lune. Irréel et éprouvant. Un soleil de plomb chauffe le sol qui par sa couleur noire absorbe et restitue la chaleur, sans compter sur les scories qui offrent la sensation de marcher sur du papier de verre en plus de nous tordre les chevilles à chaque pas.
Nous faisons une grande boucle sur l’île en passant par le cratère et ses anciens bunkers de la seconde guerre mondiale puis nous atteignons des grottes de lave. Nous y restons un petit moment à explorer les tunnels avec nos torches, malgré quelques bosses et risques de se râper la peau sur la roche. Je découvre même par hasard une immense grotte loin de celles qui sont entourées de touristes, et déserte.
Nous continuons notre exploration par Islington Bay Wharf où des débris de bateaux abandonnés là depuis des dizaines d’années terminent leur décomposition. On profite de gros morceaux de bois flotté pour s’asseoir sur quelque chose d’autre que la roche qui fait mal aux fesses et manger notre déjeuner.
Malgré notre volonté nous n’aurons pas le temps d’explorer également l’île de Motuapu, qui est reliée à Rangitoto par un petit pont de béton et qui contraste largement. Si Rangitoto est noire et inhospitalière Motuapu est une large prairie verdoyante et accueillante avec ses plages de sable et son eau turquoise.
Le temps joue contre nous, et nous devrons donc nous hâter de retourner à la jetée pour prendre le dernier ferry à 17h, sinon on risquerait de passer une nuit un peu forcée sur l’île. Et plutôt me noyer en nageant vers Auckland que de devoir dormir sur ces horribles scories ! Bon elles sont belles, mais qu’est-ce qu’elles sont désagréables sous les pieds…
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Vu que le mauvais temps a annulé ou écourté certains de nos plans, nous avons une journée d’avance sur notre itinéraire. Nous sommes désormais à côté de Christchurch (ou « chch » comme l’écrivent les néo-zélandais), d’où nous devons prendre l’avion demain. Mais plutôt que de reste à flâner aujourd’hui nous allons nous balader dans les collines de la Banks Peninsula, les hauteurs qui dominent la ville. À Kaituna Valley, notre point de départ, nous demandons à un paysan qui passait par là en quad si on peut emprunter le sentier vu qu’il est indiqué qu’il est fermé pour la période de reproduction des moutons (lambing en anglais), mais il nous dit que la période est terminée depuis longtemps donc pas de problème. OK allons-y donc !
On prépare les sacs avec un petit changement : afin de vider notre bouteille de gaz nous allons manger chaud à la hutte sur le chemin à midi. De toute façon vu que nous partons demain on a bien éliminé les restes et à part des pâtes il n’y a plus grand chose à se mettre sous la dent.
Le chemin traverse de nombreux prés et bois habités par les moutons, que nous croisons souvent et qui fuient à notre approche. L’ambiance est ici plus civilisée, proximité de la plus grande ville de l’Île Sud oblige. On est loin des grandes étendues désertes et des immenses chaînes de montagnes. Ici tout le terrain, même le plus pentu, est exploité pour l’élevage des moutons.
Finalement, après une heure et une bonne ascension de 430 mètres, sous un ciel nuageux mais clément nous atteignons Sign of the Pack Horse. Cette petite maison au milieu d’une lande désertique, nichée dans un col, loin de toute route, est une ancienne loge-hôtel. Bâtie en 1920 avec les pierres volcaniques disponibles dans les collines, elle fut conçue pour les voyageurs empruntant la route jusqu’au sommet plus lointain de Mt Herbert. La route ne fut jamais construite, et le petit hôtel éphémère devint un simple refuge de montagne, ce qu’il est toujours.
Autour de la salle collective et de son poêle se situent deux agréables petits dortoirs. Mais ici le prix de la nuitée est un peu plus élevé : 15$ par personne. Le prix à payer pour un refuge où le bois de chauffe est apporté par les rangers en quad étant donné l’absence d’arbres aux abords de la hutte. Bon sauf que sur place il n’y a pas de bois et les toilettes débordent. Ça ne vaut donc peut-être pas un tel investissement à priori.
Un groupe de quatre randonneurs néo-zélandais discutent à côté de la hutte. Je tente de rentrer en contact avec eux pour leur offrir notre cartouche de gaz qui n’est pas terminée, mais ils feignent de ne pas me voir. Humpf. Grumpf. On a déjà remarqué que les néo-zélandais sont bien moins accueillants et agréables que les australiens mais là c’est le pire.
Après notre festin de spaghettis dans la hutte on décide de continuer un peu notre randonnée en prenant le sentier en direction de Mt Herbert Shelter, celui-ci semblant grimper sur le sommet proche de Mt Bradley. On en avait un peu marre des larges chemins de tracteurs qui nous ont mené jusqu’à la hutte, et Mt Herbert Walkway semble être un sentier étroit et plus agréable.
Hélas après un kilomètre le sentier quitte les abords de Mt Bradley et semble donc le contourner. On décide alors de couper à travers une végétation rase de buissons à épines et de fleurs jaunes pour rejoindre le sommet. Après quelques culs-de-sac donnant à des petites falaises nous finissons par trouver un passage et rejoignons enfin le sommet, nous offrant depuis ses 855 mètres d’altitude de belles vues sur la péninsule, la baie de Whakaraupo / Lyttleton et même Christchurch au loin.
Enfin nous décidons de redescendre vers la hutte en coupant tout droit en descente. Idée qui s’avérera plus compliquée qu’elle ne semblait, la faute à quelques barres rocheuses qu’il nous faudra contourner en suivant les chemins tracés par les moutons. Notre idée de couper vite s’est révélée être deux fois plus lente que suivre le sentier de l’aller mais le plaisir n’était vraiment pas le même. Il ne nous restera ensuite plus qu’à retracer les chemins de tracteurs jusqu’au niveau de la mer pour retrouver notre van et rejoindre notre camping pour la nuit.
Le lendemain nous regroupons nos affaires dans nos sacs à dos, nous nettoyons le van et je prends le volant pour rejoindre le point de dépôt pour rendre la voiture de location à Christchurch. Malgré mon aversion pour la conduite en ville (encore plus en Nouvelle-Zélande où ils conduisent n’importe comment), je n’ai pas le choix : Anne n’ayant pas écouté mon conseil avisé de ne pas manger le reste de cheddar moisi elle est maintenant malade. Moralité il faut toujours écouter la voie de la sagesse, c’est à dire moi !
Tout se passe bien pour rendre le van, l’examen est très rapide et ne dure que quelques secondes, on se dit qu’on s’est peut-être fatigués à tout nettoyer pour rien, mais le contrat indiquait une pénalité de 50$ si le van n’était pas rendu propre. Bon on n’a rien perdu au moins. Pour la seconde fois l’entreprise de location Lucky Rentals nous offre le transport jusqu’à l’aéroport, alors que ce transport était censé être payant. Sympa. À l’aéroport nous profitons d’une douche chaude gratuite, la dernière datant d’il y a déjà une semaine. Comme je n’avais pas vu de Burger King depuis longtemps c’est là-bas que j’y déjeune d’un burger trop maigre et d’un milk-shake trop gros et lourd. Bon c’est pas comme si j’avais pas été prévenu.
Nous n’aurons pas le temps de visiter la ville de Chch, détruite partiellement par un tremblement de terre il y a deux ans. On se dit qu’on aura l’occasion une autre fois… On ne peut pas tout faire.
Le vol en avion d’une heure et vingt minutes jusqu’à Auckland se passe bien. Là-bas nous gagnons l’auberge de jeunesse dans un bus hors de prix. Nous marchons un peu en ville, histoire de faire un tour, mais l’aéroport et l’avion nous ont épuisés et nous ne tenons pas le coup : on a vite fait de rentrer à l’auberge pour s’endormir profondément dans un vrai lit, le premier depuis un mois.
]]>Après une nuit particulièrement froide nous nous réjouissons de voir le soleil de retour pour nous réchauffer un peu.
Alors que nous venons de nous lever une ranger du parc arrive au camping et gare son 4x4 en travers de la route pour empêcher les campeurs de partir sans avoir payé la note de 10$ par personne pour la nuit au camping. Cela n’empêchera pas un téméraire cycliste qui venait de finir de ranger ses affaires de quitter le camping en faisant mine de ne rien entendre. Il faut dire que vu le peu d’emplacements pour les tentes cela semble un peu excessif de payer autant simplement pour planter sa tente sur une pente avec des cailloux, sans compter sur l’attitude légèrement agressive de la ranger. Bon nous pas de souci on avait bien payé, pas un gros problème vu que depuis le début du mois nous n’avons payé que 2 ou 3 nuits de camping cela reste modique.
On se chausse (ah la douceur des chaussures et chaussettes sèches !), on charge les sacs à dos de quelques fruits et barres de céréales et on attaque notre balade de la journée : Sealy Tarns. Ces petits lacs d’altitude sont à mi-chemin de Mueller Hut, et c’est la bonne moitié, celle qui est aménagée avec escaliers etc. C’est après Sealy Tarns que la zone présente des risques d’avalanche et surtout un chemin non aménagé et non signalé. C’est quand même 540 mètres d’ascension qui nous attendent, et après un petit peu de marche tranquille on atteint le début des escaliers. Là une inscription sur la première marche annonce la couleur : « seulement 1810 marches de plus ». OK. Pas de panique, c’est pas un escalier qui va nous arrêter. Mais peut-être la neige alors ? Car après avoir soufflé comme des otaries qui courent le marathon (vous avez déjà vu une otarie courir ? Non ? Et bien cela donne une idée de mon niveau d’endurance), et avoir gravi les trois quarts du chemin les marches ne sont plus un problème : elles sont désormais recouvertes de neige.
Au début ça va, des gens sont déjà passés avec des snowshoes imperméables et il suffit d’imbriquer nos pas dans leurs traces. Mais après quelques centaines de mètres ils ont dû renoncer et faire demi-tour car le sentier est vierge de toute trace. Devons-nous nous arrêter ici ou continuer au péril de notre vie jusqu’à Sealy Tarns ? Bon peut-être pas au péril de notre vie mais au péril de nos pieds on peut dire au moins. En effet nous on n’a pas de snowshoes, seulement des chaussures de marche fatiguées, à moitié trouées et pas du tout imperméables. Mais pas de problème, on se décide d’y aller.
On est quand même prudents. Ainsi dans les passages un peu exposés où la neige semble particulièrement épaisse et fondante nous passons chacun notre tour. Il faut dire qu’on m’a raconté que la neige qui roule en petites boules est un signe annonciateur d’avalanche. Bon vu que la neige ne dépasse pas 50 à 60 centimètres de profondeur ça ne risque pas beaucoup sur un sentier aussi large mais vaux mieux être prudent quand même.
Nous finissons par arriver à Sealy Tarns, les pieds trempés, mais heureux d’être arrivés jusque là. Les tarns sont gelés et quasiment invisibles sous la couche de neige.
Mais quelle vue ! De Mueller Glacier à Lake Pukaki en passant par Mt Cook ou Hooker Glacier toute la vallée et les sommets environnants s’offrent à nos yeux pendant que nous récupérons en dévorant nos fruits. Il ne reste plus qu’à redescendre prudemment par le même chemin, en constant que effectivement le chemin pour Mueller Hut n’était pas pour nous. Une seule trace de pas dans la neige semble se perdre dans une immensité de blanc.
Après 540 mètres de descente en faisant sploutch-sploutch nous rejoignons le van et après avoir mis chaussures et chaussettes à sécher nous reprenons la route pour quitter le parc national d’Aoraki Mt Cook et les magnifiques paysages qu’il nous a offerts pendant deux jours. Un dernier coup d’œil en arrière sur les montagnes et le lac Pukaki qui a maintenant pris une couleur turquoise irréelle, et nous voilà partis pour Christchurch…
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La journée s’annonce bien : soleil et grand ciel bleu nous accueillent et alors que nous longeons le lac Pukaki en direction du parc national d’Aoraki Mt Cook nous pouvons admirer les cîmes enneigées des alpes qui se découpent sur l’horizon. C’est annoncé : rien ne pourra nous contrarier aujourd’hui, pas même les moutons qui bloquent la route et retardent notre arrivée.
Au Visitor Centre on apprend que notre projet de monter les 1.000 mètres d’altitude jusqu’à Mueller Hut va s’avérer compliqué, à moins d’avoir crampons et piolets et de traverser des couloirs d’avalanche. La faute aux chutes de neige des derniers jours, inhabituelles en ce mois d’octobre. Il y a même de la neige dans le petit village où se situe le Visitor Centre et quelques hôtels. Comme on est équipés comme des touristes plutôt que comme des alpinistes on va se rabattre sur notre plan de repli, car désormais on a toujours un plan de repli pour ne pas avoir fait des kilomètres pour rien.
Le plan est simple et infaillible : une petite balade toute simple, quasiment plate, dans Hooker Valley, jusqu’au pied du glacier du même nom. Simple et sans accroc. Enfin sans compter la neige encore fraîche, épaisse de 5 à 10 centimètres, qui recouvre le chemin et commence à fondre avec le soleil. Ainsi nous alternons entre glissades et pieds mouillés dans la neige fondue. D’autant plus que vu la fréquentation importante du chemin la neige a vite fait de se transformer en boue. Pas grave, on a connu pire !
Le chemin est parsemé de grands ponts suspendus qui permettent de passer bien au dessus de la Hooker River qui est alimentée par la fonte des neiges et des glaciers et qui semble grossir à vue d’œil. Malgré les pieds trempés et froids on ne peut s’empêcher d’avancer en direction d’Aoraki Mt Cook, le plus haut sommet du pays, à 3.724 mètres d’altitude. Il faut dire que la vue est si belle, avec plus de nuances de bleu qu’il ne serait possible de les nommer, que rien ne pourrait nous arrêter dans notre balade. Rien, pas même le bruit de tonnerre des avalanches qui se déclenchent dans les montagnes alentour avec le réchauffement de la neige.
Nous croisons un abri de fortune, à l’intérieur duquel il fait incroyablement froid comparé à la douceur extérieure, mais on peut dire que séjourner dans Stockings Shelter ne doit pas être désagréable quand même étant donné la vue qu’offre sa seule et unique fenêtre.
Enfin nous arrivons sur les berges du lac Hooker, là où il y a quelques années seulement se dressait encore un large et majestueux glacier. Aujourd’hui avec le réchauffement climatique la face terminale du glacier a reculé de quelques kilomètres et fait place à un lac peuplé d’icebergs qui craquent et s’entrechoquent. Parfois on peut voir et entendre un énorme bloc de glace se détacher de la face terminale du glacier et provoquer des remous dans l’eau. Puis après les remous un craquement s’étend à tout le lac. Sinistre, inquiétant et mystérieux, comme si le lac tout entier était vivant et commençait à se réveiller.
Assis sur les rochers de la moraine nous profitons du soleil pour réchauffer nos pieds et chaussures avant de repartir vers le village et profiter d’une nouvelle séance de piscine gratuite pour nos petons. Plus bas le glacier Mueller est visible, mais semble avoir disparu complètement. À la place d’immenses murs de cailloux noirs marquent les moraines du glacier aujourd’hui devenu lac. Alors qu’il y a quelques dizaines d’années le sentier passait directement sur le glacier, aujourd’hui il faudrait parcourir des kilomètres pour le voir de près.
Au parking nous faisons sécher chaussures et chaussettes au soleil avant de rejoindre le parking de la Tasman Valley, quelques kilomètres plus loin. On part faire une balade vers les Blue Lakes, mais ceux-ci sont verts aujourd’hui en réalité et au bout de quelques centaines de mètres on se rend compte que le niveau du lac est tellement haut que notre sentier est en réalité sous un mètre d’eau. Forcément à un moment longer la berge n’est plus possible et une forêt d’épines nous barre le chemin et nous oblige à faire demi-tour, vu que nous n’avons que peu de désir à piquer une tête dans ces lacs de montagne.
Pas grave on prend donc le chemin de Tasman Glacier Lake, qui doit nous emmener voir le glacier de Tasman, le plus long du pays avec ses 27 kilomètres. C’est un véritable monstre : 600 mètres d’épaisseur sur 4 kilomètres de large. Hélas encore une fois le réchauffement climatique travaille fort et la face terminale du glacier est maintenant à des kilomètres de nous, laissant un large lac entre le glacier et nous. Ce lac est apparu il y a 30 ans et fait désormais plus de 10 kilomètres de long, et ce n’est pas terminé, le glacier perdant presque 1 kilomètre par an. À ce rythme-là dans un peu moins de 40 ans le glacier aura disparu.
Il est difficile de se rendre compte de l’immensité vertigineuse du paysage. Tout est gigantesque et lunaire. Les icebergs échoués sur le lac donnent une idée de la taille proprement incroyable du lieu. Un bateau touristique passe sur le lac, et à côté des icebergs il est minuscule. Les blocs de glace sont hauts comme des immeubles de 5 ou 6 étages. Je prends une photo de l’hélicoptère qui survole la face terminale, de loin on aurait dit un moucheron, mais en réalité il est si petit qu’il est impossible de le distinguer en photo.
Plus loin les moraines désertiques forment de petits plans d’eau aux couleurs surréalistes, et nous ne résisterons que quelques secondes à l’appel à descendre du point de vue à travers les rochers pour rejoindre le bord de quelques-uns de ces petits étangs turquoises.
Après pas mal de crapahutage dans les rochers on y parvient, on fait quelques photos, on se rend compte qu’en un kilomètre de marche nous ne nous sommes quasiment pas rapprochés du glacier, et nous repartons vers la fin du lac où les plus petits icebergs viennent s’échouer avant de se briser en blocs de glace et descendre la rivière en roulant comme des billes.
Le soleil commence à disparaître derrière les montagnes, la température commence à descendre en dessous de zéro, on décide donc de rentrer passer une nuit au camping à côté du village du parc national, un peu cher, mais c’est le seul ici. La nuit sera froide, m’empêchant de dormir confortablement, me réveillant régulièrement, recroquevillé en chien de fusil, et ce malgré le sac de couchage et la couette. Malgré tout je ne peux m’empêcher de retourner dans ma tête les images de la journée, comme si j’étais l’acteur, le réalisateur et le principal protagoniste d’un documentaire sur les plus beaux paysages au monde.
]]>Après notre rencontre avec les manchots nous faisons une journée tranquille, on en profite, vu qu’on a deux jours d’avance sur notre planning de ministres du voyage. À Jack’s Bay une petite promenade nous emmène à un énorme de trou de 55 mètres de haut sur 150 mètres de large, avec la mer au fond. Sauf que nous sommes au milieu des moutons, dans un pré, à plusieurs centaines de mètres de la mer. C’est un endroit intéressant mais pas époustouflant non plus. Nous tentons de rencontrer des lions de mer à Surat Bay où ils sont réputés venir se prélasser sur le sable, mais nous ferons choux gras. Pas de lions, et encore moins de lion de mer. Juste du vent, du sable, de l’eau salée et quelques promeneurs. On met à profit cet échec pour faire une lessive à Balclutha avant de repartir pour un camping pour la nuit.
Le lendemain nous abordons les alpes du sud par la face est. Pour nous rendre à Lake Ohau, grand lac bleu turquoise niché entre les montagnes nous devons traverser quelques crêtes et notamment le col de Lindis ou malgré l’altitude de seulement 900 mètres un mince manteau neigeux recouvre les abords de la route, au milieu de touffes d’herbe jaunie.
Le paysage est très joli à cet endroit, mais il y fait aussi plutôt frais malgré le soleil bien présent. Mais on se dit qu’il est encore tôt et que la journée sera belle et chaude.
Nous arrivons donc à Lake Ohau, dont la couleur est effectivement complètement surréaliste, résultat des eaux de fonte des neiges qui descendent des montagnes qui l’entourent.
Notre rando du jour s’appelle Freehold Creek et suit le torrent du même nom. Selon notre livre de rando elle doit faire 12 kilomètres pour 4 heures aller-retour, mais on commence à se méfier de ce livre depuis qu’il oublie de mentionner jusqu’à 10 kilomètres de parcours supplémentaire, sans compter les affreuses cartes moches et tellement petites qu’elles s’en révèlent complètement inutiles.
On prépare nos sacs, quelques sandwichs pour ce midi, on part marcher et on s’arrête après 400 mètres, pour profiter d’une belle vue sur le lac pour manger nos sandwichs. À cette allure on n’est pas arrivés c’est sûr, mais autant profiter du soleil tant qu’il y en a !
Quand nous repartons une neige très légère et éparse commence à tomber. Un kilomètre plus loin le sentier s’avère passer dans une prairie inondée, sous plus d’un mètre d’eau. On cherche à contourner, on se mouille les pieds, mais la végétation est trop dense on ne passe pas. On rebrousse un peu chemin et on emprunte un large chemin tracé à coup de bulldozer. C’est un chemin VTT, une partie du célèbre « Alps 2 Ocean » taillé pour les touristes : 300 kilomètres de chemin tranquille et bien tracé réservé aux plus fortunés. En effet la première étape commence par 5,3 kilomètres de pédalage, puis d’appeler un hélicoptère pour qu’il charge votre vélo (et vous-même) et vous fasse traverser une moraine sur 5 kilomètres. Je vous laisse imaginer le prix.
Plus loin nous devons quitter le gros chemin pour un petit sentier, qui après 50 mètres nous mène à une véritable pataugoire : le sol est saturé d’eau, et quand le sentier n’est pas un ruisseau, nos pas s’enfoncent dans un sol-éponge qui sploutch-sploutch. On cherche un détour et on arrive à ne pas trop se mouiller les pieds. Plus loin ça va mieux, nous gagnons les sous-bois, le sentier est correct, même si parfois entre deux racines un trou laisse apercevoir et entendre une véritable rivière qui coule à quelques centimètres sous terre et se met à apparaître et disparaître d’un rocher ou d’un arbre à l’autre.
L’ascension est modérée mais continue et ne nous laisse pas de repos. Parfois nous devons traverser des éboulis et pierriers qui nous exposent à la neige, au vent et au froid. Nous parvenons finalement à l’orée du bois, au dessus de la bushline, où un paysage magnifique nous accueille. Enfin on le devine magnifique car avec la neige et le brouillard nous faisons principalement face à un mur blanc. Mais ce qu’on peut en voir est plus qu’agréable.
Un tuyau marque l’emplacement d’une source d’eau pure (et très fraîche) pour le campement situé un peu plus bas, à l’abri des arbres. Et effectivement on sent la protection que nous apportait la forêt : ici le vent souffle fort et la neige nous fouette le visage. Le sentier semble à nouveau inondé, puis plus loin même enneigé. On décide donc de s’arrêter ici et redescendre avant que la neige ne tombe plus fort et ne rende notre retour trop difficile.
Et effectivement en retrouvant en contrebas le chemin pour VTT la neige se fait plus épaisse, plus importante, et la température se fait bien plus froide. Le chemin est devenu boueux et glissant et nous commençons à nous transformer en bonshommes de neige. La neige colle et nous refroidit. Nous sommes trempés et grelottants quand nous arrivons à la voiture, où la neige s’arrête soudainement pour laisser place à un beau soleil bien chaud.
Heureusement le chauffage de la voiture nous réchauffe et nous sèche, nous amenant à un doux réconfort quand nous atteignons une aire de repos au bord de la route de Twizel, où nous passerons une nuit confortable malgré la température négative à l’intérieur et à l’extérieur du van.
]]>Après notre super-rando d’hier on profite d’une journée un peu plus tranquille en faisant la grasse mat'. Mais ce n’est pas une raison pour ne rien faire. Pour continuer notre aventure grotte d’hier on va aujourd’hui tenter une traversée des Clifden Caves, un système souterrain censé être particulièrement accessible. Il est normalement possible de commencer à l’entrée 1 et de ressortir à l’entrée 3, soit 1,5 kilomètre de tribulations souterraines. Même si en réalité à vol d’oiseau il n’y a que 300 mètres entre ces deux points. L’avantage c’est que c’est une grotte très connue, et visitée depuis plus d’un siècle. Ainsi une carte indique le parcours à effectuer et à l’intérieur des catadioptres indiquent le sens à suivre pour atteindre l’autre bout. Aucun risque de se perdre ou de rester coincé, ce qui nous rassure beaucoup.
À l’intérieur certains passages sont délicats, il faut un peu se tordre et crapahuter entre les rochers dans d’étroits passages pour continuer. Mais ce ne sont que de très courts passages, pas de quoi réveiller une quelconque claustrophobie chez nous. La plupart du temps nous déambulons dans de très hauts couloirs ou d’immenses salles souterraines, laissant apparaître de magnifiques formations. Évidemment en photo ça ne rend absolument rien. Sans compter que pour pouvoir crapahuter en toute tranquillité je n’emmène pas l’encombrant et fragile appareil photo mais me contente de la fonction photo de mon téléphone.
Hélas les parois sont parfois recouvertes de graffitis, les plus anciens remontant même à 1890. C’est l’inconvénient du lieu très accessible, situé au bord de la route, et particulièrement connu.
Nous arrivons finalement sur un bassin rempli d’eau qu’il nous semble impossible de traverser sans nager. On renonce donc à ce point-ci et retraçons notre chemin, malgré le fait que le guide et la carte de la grotte indiquent qu’il est possible de passer ce bassin en marchant sur le bord, on ne voit aucun passage. Probablement que l’eau est plus haute qu’en été, car visiblement tous les guides de la Nouvelle-Zélande ont été écrits par des personnes n’ayant visité le pays que durant de longues périodes de sécheresse vu le décalage entre leurs récits et notre expérience.
Nous ressortons un peu sales et boueux, et surtout forts de quelques nouvelles bosses. On reprend la voiture jusqu’à Invercargill pour prendre notre troisième douche néo-zélandaise, faire le plein de provisions (et de pizza !) avant de nous diriger sous de multiples arcs-en-ciel jusqu’à Curio Bay. L’occasion pour nous de voir enfin des manchots, après nos nombreuses tentatives ratées en Tasmanie. Nous assistons donc à la marche de deux manchots antipodes (yellow-eyed penguins) débarqués de l’océan pour aller se cacher dans les rochers pour s’occuper de leur progéniture.
Nous quittons la plage de rochers glissants après une chute mémorable, le froid commence à nous engourdir, nous n’avons pas le courage de rester attendre d’autres manchots. Il ne reste plus qu’à rejoindre le van et gagner un camping pour la nuit à quelques encablures de là.
]]>Je traîne des pieds, je mets du temps à me décider, j’hésite et remets à demain. Il ne reste plus qu’une douzaine de jours à raconter, mais je fais traîner. C’est qu’en réalité quand j’aurai terminé de raconter ce voyage, il sera vraiment terminé, pour de bon. Et j’ai du mal à m’y résoudre. Cela explique en partie pourquoi je mets plus de temps à écrire ce récit qu’à voyager réellement. Mais ma lenteur à écrire s’explique également par l’intensité de ce mois passé en Nouvelle-Zélande, avec chaque jour des paysages magnifiques et des randonnées exceptionnelles. C’est très dense et à chaque fois que je me replonge dans mes souvenirs pour raconter une journée de plus tout m’est incroyablement familier et proche, comme si c’était encore hier.
Niveau intensité cette journée du jeudi 24 octobre 2013 n’est pas mal placée. Nous devions faire une partie du Kepler Track, sentier de grande randonnée de 60 km normalement réalisé sur 4 jours. Pour cela il faut juste s’acquitter de 3 nuits en hutte, à 54$ la nuit ce n’est pas donné pour dormir en dortoir avec des touristes qui ronflent. Mais faire une partie de cette rando sur une journée c’est gratuit, et ça tombe bien car dans notre agenda serré on n’a pas le temps de faire 4 jours de rando au même endroit. Notre plan pour ce jour est donc de partir du parking à côté de Te Anau pour rejoindre Luxmore Hut, première étape du Kepler Track et redescendre tranquillement.
Notre bouquin de randonnée (202 Great Walks in New Zealand) nous indiquait une balade de 18 kilomètres pour 7 à 8 heures aller-retour avec une ascension de 1.000 mètres. C’est pas mal mais ça nous semblait réalisable. Jusqu’à ce qu’on arrive au parking, où le panneau indique que la distance du parking à Luxmore Hut est en réalité de 14 kilomètres, soit 28 kilomètres aller-retour. Ce n’est pas la première fois que ce livre donne des infos très hasardeuses et de mauvaise qualité, je suis déçu mais bon il en faut plus pour nous décourager. On part donc pour grimper 14 kilomètres, des rives du lac Te Anau aux crêtes désertiques du Mt Luxmore.
Le temps est frais mais il ne pleut pas, et malgré que le sentier soit parfois un peu humide cela reste gérable, les premiers kilomètres sont même gravillonnés, et le chemin est bordé de rigoles visant à drainer l’eau de pluie pour ne pas transformer le sentier en bain de boue. Alors c’est moins joli et agréable qu’un petit sentier discret mais au moins c’est tranquille, et c’est là qu’on apprécie l’aménagement des Great Walks. On progresse donc rapidement dans la forêt, c’est facile et relativement plat. On rejoint un camping de randonnée au bord du lac (avec toilettes sèches et abri pour faire la cuisine, pas mal), et juste après les choses commencent à devenir légèrement différentes.
Si des sources jaillissent d’entre les racines des arbres qui jalonnent le sentier, ce n’est pas un problème grâce aux tranchées creusées, mais le problème c’est plutôt l’ascension : ça grimpe fort, et ça ne semble jamais vouloir s’arrêter. On se fait dépasser par une joggeuse, on se dit que vraiment ces néo-zélandais sont fous : comment peut-on courir en montée, pendant près de 10 kilomètres ? ! Il faut être maso.
Les lacets s’enchaînent sans fin et puis peu avant la traversée d’une petite falaise à l’aide d’un escalier on croise une équipe du DOC qui creuse des tranchées, mais en rejetant la terre sur le chemin, probablement pour lutter contre l’érosion. Mais cela a pour effet de transformer le chemin en magma boueux et glissant. Bon on a vu pire, et on surmonte l’épreuve sans souci, et quelques kilomètres plus loin on voit enfin une trouée dans l’épaisse forêt de lichens qui ressemblent à de la barbe à papa verte. Ça y est on dépasse enfin le bushline, cette ligne de démarcation entre forêt et végétation sub-alpine. En sortant de la forêt protectrice un autre élément nous ralentit : le vent.
Certes les paysages sont magnifiques, à couper le souffle, mais ce qui nous le coupe également ce sont les bourrasques qui nous empêchent d’avancer. Le vent est si fort que nous sommes souvent déséquilibrés quand nous essayons d’avancer, et que parfois il réussit à nous faire reculer de trois pas quand nous venons d’en faire un. Ce combat est épuisant et c’est avec soulagement que nous apercevons enfin Luxmore Hut, nichée à flanc de montagne.
La hutte est vide, déserte, aucun des 60 lits n’est occupé. Nous profitons de notre solitude pour manger et nous reposer sur les banquettes dans la salle collective, qui est probablement la cantine avec la plus belle vue du monde. Ah si j’avais eu ça au lycée, je serais plus souvent venu en cours… Dans le refuge la température est encore douce, probablement le résultat du poêle qui a été allumé ce matin par les randonneurs. Même éteint depuis plusieurs heures il rayonne encore légèrement. La chaleur nous berce et pour peu nous pourrions bien faire une sieste réparatrice.
Mais il n’en est pas question, car nous voulons aussi explorer une grotte proche d’ici. À 10 minutes de la hutte se loge donc Luxmore Cave, trou sombre et inattendu dans le flanc de la montagne. Il faut s’enfoncer dans les profondeurs à la lumière de la torche, en faisant attention au ruisseau qui passe sous nos pieds, et surtout à ne pas toucher les parois, stalactites et autres formations qui ont mis des milliers d’années à se former et pourraient être détruites au contact des germes et bactéries présentes sur notre peau.
Nous ne sommes pas très rassurés, c’est notre première exploration de grotte, et s’enfoncer ainsi dans un espace exigu, sombre et inquiétant. Un endroit où notre seule survie est assurée par une petite torche. De ce fait nous n’irons pas plus loin que quelques centaines de mètres, mais nous sommes quand même ébahis par la beauté du lieu et la possibilité de l’explorer sans aucun équipement. Un vrai plaisir.
De toutes manières le temps commence à se faire pressant, étant donné qu’il est déjà 15h20 et qu’il nous faut encore 3 à 4 heures pour redescendre jusqu’au parking. On se remet ainsi en route mais cette fois le vent est dans notre dos, la marche est bien plus facile. Nous croisons les premiers marcheurs qui vont passer la nuit à Luxmore Hut et entamons une descente en forêt qui semble ne jamais vouloir finir. Puis finalement nous parvenons au camping du bord du lac, signe qu’il ne reste plus qu’une poignée de kilomètres de plat avant de retrouver le van. Nous passons quelques instants pour manger une barre de céréales et admirer le lac et surtout écouter le bruit de ses vagues, si grosses qu’on se croirait presque en bord de mer.
Après 8 heures de marche nous retrouvons la voiture, bien soulagés de pouvoir nous asseoir et nous reposer enfin, après cette randonnée-marathon.
Nous reprenons la route vers le camping de Lake Monowai, un peu plus au sud, en repensant déjà avec nostalgie aux paysages de la journée, des souvenirs qui je l’espère nous suivront toute notre vie…
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-5°C cette nuit. Cela se voit : le sol est gelé et un épais brouillard froid nous enveloppe au réveil. Mais après quelques minutes le ciel se dégage et avec le paysage qui s’offre à nous on pourrait tout pardonner à ce froid qui mord les doigts quand on va prendre de l’eau à la rivière pour faire la vaisselle. Mais l’eau est si froide que le produit vaisselle ne marche pas, la vaisselle reste grasse et sale. On doit alors faire réchauffer l’eau sur le gaz pour terminer la vaisselle. On se console avec les couleurs du soleil qui se lève et la vue magnifique qui se déroule devant nous.
Nous rejoignons Hollyford Rd, qui est fermée à la circulation après un glissement de terrain, mais on peut quand même parvenir jusqu’au parking du départ de la balade vers Lake Marian. Nous commençons par traverser un pont suspendu au dessus d’une rivière turquoise. Probablement un signe de la température très fraîche de l’eau.
Après avoir vu les Marian Falls qui ne sont que quelques rapides sur la rivière, le chemin perd ses plateformes en bois et ses gravillons pour adopter un style plus néo-zélandais : un sentier étroit qui serpente dans la forêt, où il faut sauter par dessus des torrents, jonché de racines qui rendent la progression lente et ardue, particulièrement quand la boue fait son apparition. Et c’est sans compter les passages dans des glissements de terrain où un panneau indique qu’il ne faut pas s’arrêter à cause du risque de chute de pierre. Nous grimpons ainsi pendant deux heures en escaladant les rochers et en essayant de retrouver le sentier à chaque glissement de terrain. Sans oublier de faire attention : à l’endroit d’un glissement de terrain le sentier balisé débarque sur une falaise abrupte de 3 mètres de haut : le sentier a été emporté, balayé, disparu, il faut donc trouver un chemin pour descendre et remonter. Nous finissons par arriver au bord du lac, bordé de toilettes, décidémment la civilisation n’est jamais très loin. La vue sur le lac est chouette, on reste un peu avant de se refroidir avec l’altitude et reprendre le sentier dans le sens inverse et redescendre au parking.
En voiture nous atteignons le Homer Tunnel, seul point de passage dans le mur vertical de 500 mètres de haut qui coupe la vallée en deux. L’hiver la route est souvent coupée à cet endroit où des avalanches bouchent l’entrée du tunnel, isolant définitivement le Milford Sound. Le tunnel étant à sens unique il faut patienter que le feu nous donne l’autorisation de passer, après que les voitures venant de l’autre côté aient terminé la traversée de 1000 mètres.
En débarquant de l’autre côté le paysage est magnifique, et particulièrement impressionnant. Nous sommes entourés de falaises rocheuses qui sont de véritables murs, immenses et impénétrables. Difficile d’imaginer ainsi les constructeurs du tunnel qui devaient escalader cette paroi verticale tous les jours pour reprendre le travail. Incroyable.
Après un passage par The Chasm, une gorge étrange aux formes arrondies et creusées par le torrent, nous atteignons enfin Milford Sound et son parking rempli de centaines de voitures et bus. Nous faisons les mini-balades de quelques minutes qui sont proposées ici, mais rien d’intéressant. Tout le monde vient ici pour faire la croisière en bateau : quelques dizaines de minutes au milieu de la baie pour un tarif exhorbitant. Ça ne nous tente pas plus que ça, du coup on ne trouve pas trop vraiment d’intérêt au lieu. Ce qui ne fait que confirmer le proverbe qui dit que ce qui compte dans le voyage ce n’est pas la destination mais le trajet. C’est particulièrement vrai ici : la route est sublime et fait traverser des paysages et lieux extraordinaires. Mais le Milford Sound lui-même ? Plutôt décevant.
Comme nous sommes au bout de l’impasse que représente la route de Milford, on repart dans l’autre sens, nouvelle occasion d’admirer le paysage. Après avoir re-traversé le tunnel nous nous arrêtons sur un petit parking pour notre seconde balade du jour : Gertrude Saddle. Ou plutôt Gertrude Valley, car le col (saddle en anglais) n’est probablement pas praticable sans crampons vu la neige sur les versants alentours. Pas grave ça nous épargne une ascension d’un mur rocheux de 500 mètres de haut, ça nous reposera.
Sauf qu’avant même de rejoindre le panneau indiquant le début de la rando le terrain est déjà miné : une flaque d’eau large de 200 mètres et profonde de 30 à 40 centimètres nous barre le début du sentier. Bon c’est pas grave, c’est sûrement parce qu’on est dans une cuvette au pied des montagnes, ça ira mieux après.
Mais après avoir traversé une dune, et après à peine 50 mètres, se dresse une rivière d’un bleu profond. Très jolie certes, mais sûrement glaciale. La bonne nouvelle c’est que le DOC a pensé à y ériger un pont. La mauvaise nouvelle c’est que le pont est sous le niveau de l’eau. Ah. Bon bah c’est parti pour la trempette, en croisant les doigts pour ne pas tomber dans l’eau froide.
Après cette traversée et vu que le sol est composé d’un agréable sable fin je reste pieds nus et continue la progression. Nous parvenons après 100 mètres dans une petite forêt. Puis une clairière avec des herbes hautes. Le sol semble correct. On remet les chaussures. Trois pas plus loin : sploutch sploutch. Le sol est en réalité très spongieux. On s’enfonce de plusieurs centimètres dans le sable humide. On se re-déchausse. On progresse de 200 mètres dans l’eau froide puis dans le sable légèrement tiède, chauffé par le soleil. Finalement on constate que le sentier ne fait que suivre le lit d’un ruisseau, et le sable fait place à des cailloux. Ainsi marcher pieds nus devient compliqué. Malgré notre détermination sans faille (ça fait 45 minutes qu’on bataille pour peut-être 500 mètres de parcourus) on décide de renoncer. Vu les paysages à couper le souffle qui nous attendaient plus loin nous sommes passablement démoralisés. Mais là c’est clairement pas possible pour nous.
Si les néo-zélandais acceptent de marcher des heures avec les pieds trempés, on n’en est pas encore là. Ou alors on commence juste à en avoir marre. En tout cas pour nous la barrière psychologique des pieds froids et mouillés n’est pas franchie. Les randonneurs néo-zélandais seraient-ils des super-héros qui ne sentent pas le froid et l’humidité ? !
Nous reprenons la voiture pour rejoindre le camping d’Henry Creek pour la nuit, le dernier avant la ville, au bord du lac Te Anau.
]]>Nous commençons ce mardi avec 200 kilomètres d’autoroute pour rejoindre Te Anau, petite ville touristique, dernière étape de la civilisation avant d’atteindre Milford Sound, première attraction touristique du pays, située dans une impasse à 120 kilomètres de là. Il y a pire comme autoroute vu les paysages qui se déroulent autour de nous, malgré les détours effectués pour contourner les montagnes. Nous faisons une pause et quelques courses à Queenstown, puis en arrivant à Te Anau on va au visitor centre du DOC pour se faire rembourser notre nuit à Welcome Flat Hut, annulée à cause des mauvaises conditions du sentier pour s’y rendre.
C’est là que nous prenons la Milford Rd, qui après nous faire longer le lac Te Anau nous emmène dans une longue et superbe vallée cernée de pics plus majestueux les uns que les autres.
Notre balade de la journée, Key Summit, commence sur le parking de « The Divide », point de départ de la Routeburn Track, une des neuf Great Walks du pays. Résultat : le sentier est une véritable autoroute : large, bien tracé, et même gravillonné, avec ponts et aménagements pour tous les passages difficiles. Rien à voir avec le joyeux chaos rencontré sur le Paringa Cattle Track par exemple, où il fallait parfois quitter le chemin, coupé par des chutes d’arbre, pour traverser une végétation incroyablement dense en espérant ne pas se perdre. Pourquoi une telle différence entre ces deux sentiers ? Les huttes du Routeburn coûtent 54$ par nuit et par personne, contre seulement 5$ pour celles du Paringa Cattle Track. Bon on ne va pas se plaindre, pour une fois qu’on n’a pas les pieds mouillés. Et puis le paysage vaut probablement le prix…
Signe que le lieu est touristique, juste avant d’arriver au sommet nous croisons des toilettes, qui sont probablement les toilettes avec la plus jolie vue du pays. Bon il manque juste une vitre pour profiter de la vue… Mais on pourrait dire qu’à ce moment-là ça manquerait d’intimité.
Une fois au sommet un petit lac d’altitude nous gratifie d’un joli miroir des impressionnants sommets qui nous entourent, comme Mt Christina et ses plus de 2400 mètres. Une petite boucle au sommet nous emmène sur le petit plateau, à zigue-zaguer entre les tarns. Nous pouvons apercevoir au loin notre destination du lendemain, Lake Marian, entouré de pics enneigés.
Dire que le coin est superbe est un euphémisme. À 360 degrés les montagnes aux découpes brutales se dessinent à l’horizon. Sublime.
Il ne nous reste plus qu’à redescendre tranquillement sur le sentier en croisant quelques randonneurs chargés comme des baudets pour rejoindre la première hutte de la Routeburn avant la nuit.
Nous regagnons le van et un camping pour la nuit, sis dans la vallée, au pied des chaînes de montagnes, au bord d’une forêt à moitié inondée. Pour 6$ la nuit par personne il n’y a pas de douche chaude mais le paysage vaut le coût !
]]>Les jours passent, les uns après les autres, avec plus ou moins de surprises et de monotonie. Nous sommes lundi, une semaine de plus vient de s’écouler. Dans deux semaines nous reprendrons l’avion pour la France, terminant notre périple d’un an. Mais on n’y pense pas vraiment, en tout cas pas encore. Pour l’instant nous essayons de profiter des magnifiques paysages de la Nouvelle-Zélande entre deux averses, entre deux nuages, entre deux journées de grisaille.
Aujourd’hui la journée commence bien : il ne pleut pas. Non pas qu’il fasse soleil, ça serait trop en demander, mais simplement il ne pleut pas, et les nuages sont encore hauts. Parfois un rayon de soleil arrive même à percer l’indicible plafond gris qui nous surplombe. Voilà un temps qui nous pousse à partir avec entrain sur le sentier de notre première balade de la journée : l’ascension du petit sommet de Rocky Mountain, au dessus de Lake Diamond.
On grimpe un peu avant de rejoindre la rive du lac, où l’on croise des toilettes installées là par le DOC. Le souci de préservation de l’environnement est à ce point : ici on met des toilettes le long des sentiers pour éviter de transformer le lieu en décharge à ciel ouvert. On continue ensuite à monter via des escaliers aménagés en bois, et on arrive à un point de vue où un couple allemand profite de la vue sur le lac Matukituki entouré des montagnes de Wanaka. Ils auraient tort de se priver.
On quitte les arbres pour rejoindre des prairies sub-alpines et inaugurer nos premiers pieds mouillés de la journée. L’herbe qui semble sèche et jaunie, est en réalité une éponge spongieuse qui engloutit nos pieds. Mais ça va une fois qu’on s’est fait avoir une fois on est prudents, alors nos pieds ne sont que légèrement humides. On parvient au sommet. La vue est magnifique, évidemment.
Pour faire une boucle nous choisissons de redescendre par le sentier du versant ouest, plutôt que celui de l’est d’où nous venons. Sauf que le versant ouest doit recevoir beaucoup moins de soleil, visiblement. Nous devons crapahuter dans des rochers et ruisseaux quasiment à la verticale avant de descendre en lacets dans la boue. Ça glisse mais on passe sans trop se casser la gueule. On retrouve le bord du lac puis le parking et le van et nous reprenons la route.
Notre seconde destination aujourd’hui c’est Rob Roy Glacier, 40 kilomètres plus loin sur la route gravillonnée. La route était notée comme un peu chaotique avec quelques passages de ruisseaux tranquilles, bon on s’est dit ça doit passer, on va bien voir. Sauf que 10 kilomètres plus loin les rayons de soleil ont disparu. 10 kilomètres de plus et le temps doux mais nuageux a fait place à une pluie torrentielle qui tombe à l’horizontale. Comment est-ce possible ? Facile : le vent est déchaîné. On arrive donc à la première traversée de ruisseau sous une tempête de pluie. Le ruisseau est évidemment déjà un torrent, et même sans ça, la « route » est en réalité composée d’un lit de gros galets. Si le ruisseau avait été à sec on ne serait sûrement pas passés sans taper le bas de caisse de la voiture du location, mais là, c’est carrément impossible. Je descends quand même pour aller voir de près : on vient de faire 30 kilomètres déjà quand même. En 30 secondes je suis trempé jusqu’aux os et je constate que les gros galets de la route sont glissants : c’est impraticable sans 4x4, et encore, on courrait le risque de voir le torrent devenir trop profond et trop puissant et rester bloqués plusieurs jours de l’autre côté.
On a cessé de compter les renoncements forcés de ce genre, on a l’impression qu’il y en a tous les jours. C’est déprimant. On repart sur la route et 10 kilomètres plus loin le beau temps est de retour, comme si la météo avait décidé de nous empêcher de passer là-bas, mais pas de problème pour faire de la route sous le soleil, vous pourrez juste pas faire les randos prévues. Rage. Désespoir. Et tout le reste.
Alors de la route on en fait. On revient à Wanaka, on s’arrête faire quelques courses et on repart sur le bitume. On traverse un col alpin à plus de 1.000 mètres, ça grimpe fort, on voit même un peu de neige. On s’arrête à Arrowtown, où une autre balade était prévue, Sawpit Gully. Mais le temps et les frustrations de ces derniers jours nous tapent sur le moral. On s’engueule, on ne peut plus se voir en peinture. Pour se changer les idées on décide de faire la boucle chacun de notre côté, dans le sens inverse de l’autre.
Il pleut. Il fait gris. Je suis un peu déprimé et énervé, mais je ne sais même plus pourquoi. Je pense que vivre 24h/24 et 7 jours sur 7 l’un sur le dos de l’autre mène irrémédiablement à des situations comme celle-ci.
Le sentier grimpe le long d’une gorge au fond de laquelle des 4x4 traversent sans cesse la rivière de berge en berge pour remonter la gorge jusqu’à un camping plus loin : c’est l’attraction tout-terrain du coin. Heureusement il est déjà un peu tard et le flot de 4x4 cesse bientôt. Heureusement car sans ça la gorge est assez chouette, malgré la grisaille.
Puis suivent des lacets dans la montagne et enfin d’interminables enjambements du ruisseau qui déborde. Encore une fois je ne garde pas les pieds secs bien longtemps. Je m’enfonce dans l’eau jusqu’à mi-mollet à certains endroits. Finalement je croise Anne et débarque sur un large plateau à la végétation jaunie et saturée d’humidité. Il ne reste plus qu’à redescendre par l’autre versant dans la boue glissante sous les sapins.
Il ne reste plus qu’à se retrouver au van, se changer pour des vêtements secs et reprendre la route pour trouver un camping pour la nuit.
]]>Après nos aventures humides sur le Haast-Paringa Cattle Track nous étions heureux de retrouver le confort du van et d’ôter nos chaussures trempées, enfin.
Nous reprenons la route pour rejoindre le petit village de Haast et faire le plein d’essence à un prix indécent. On en profite aussi pour payer notre nuit en hutte au visitor centre. 5$/personne, soit 3 €, soit trois fois rien. On peut dire que ça au moins c’est bon marché.
Nous remontons dans la voiture et montons le col de Haast. La route du col est actuellement dans un état plutôt mauvais. Un glissement de terrain il y a quelques mois en a emporté une bonne partie. Depuis, à chaque fois qu’il pleut elle est à nouveau ensevelie sous des centaines de tonnes de roches et graviers, et fermée pendant plusieurs jours le temps de nettoyer tout cela. Et même après cela, la route n’est pas sûre : elle n’est ouverte que la journée et des risques subsistent : le mois dernier le van d’un couple de canadien a été projeté au fond de la gorge par un nouveau glissement de terrain pendant des pluies torrentielles. Une chute fatale de 80 mètres. Peu rassurant. Mais aujourd’hui il ne pleut pas et nous sommes en bonne compagnie : les ouvriers qui travaillent tous les jours à refaire la route font la circulation. En effet il faut attendre 15-20 minutes entre chaque convoi sur l’endroit le plus fragile de la route, et une seule voiture doit passer à la fois. On attend donc notre tour en discutant avec les ouvriers. On se demande quand même si le fait de ne faire passer qu’une voiture à la fois ne serait pas pour limiter les pertes en cas de glissement de terrain… Du coup on n’est pas si rassurés que ça quand même.
Mais heureusement rien ne se passe, la route ne s’écroule pas et on peut continuer notre chemin vers le col de Haast. Nous faisons quelques arrêts en route, car on peut faire un court détour depuis le bord de la route pour admirer des chutes d’eau. Mais le plus intéressant c’est bien les « Blue pools » qui comme le nom l’indique est le confluent d’une rivière d’un magnifique bleu turquoise. Et cette fois nous ne sommes pas déçus, et ça rattrape bien notre grande déception à Hokitika Gorge !
Nous terminons la journée sur la rive du lac Matukituki, à côté de la ville de Wanaka. Encore un paysage loin d’être désagréable…
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(Par Anne)
La nuit a été plus que venteuse (je suis bien contente de ne pas dormir sous tente, parfois !) et la pluie s’en est mêlé vers minuit. Le matin, il pleut tellement qu’on dirait qu’il fait nuit et ça n’arrêtera pas de tomber avant 15h30. On avait prévu d’aller voir les glaciers Franz Josef et Fox mais on attendra que la tempête se calme un peu avant de sortir un pied du van et d’aller voir à quoi ressemble Franz Josef, appelé ainsi en hommage à l’empereur d’Autriche par un explorateur allemand. Il se trouve à cinq kilomètres du village Franz Josef (oui oui, le patelin a le même nom que le glacier tout proche, original) où vous trouverez tout le nécessaire pour touristes (hôtels, magasins de location de matériel de randonnée, tours organisés, supérettes avec des prix exorbitants …). Le glacier Fox se trouve une vingtaine de kilomètres plus au sud sur la highway 6 et possède lui aussi son petit village touristique, Fox Village (toujours dans l’originalité) bien que moins important que son homologue à la consonance autrichienne.
Il n’est pas possible de marcher sur les glaciers à moins d’être accompagné par un guide touristique. Comptez environ 300 NZD pour avancer à la queue-leu-leu par quinze avec au moins une dizaine d’autres groupes aux alentours, pour seulement environ 30 minutes sur la glace. C’est sûrement intéressant mais est-ce que ça vaut vraiment le coup de débourser une telle somme alors que les admirer gratuitement est déjà une belle expérience ? Bon, au niveau de l’expérience, pour la première journée dans la région des glaciers, on est mal tombé. Les conditions climatiques ayant rendu les cours d’eau assez gros, on ne peut pas s’approcher à moins de 1,5 kilomètre de Franz Josef et à moins de 600 m de Fox. On est donc un peu déçu, on est trop loin pour vraiment se rendre compte de l’immensité et de la beauté des lieux. Pour les deux glaciers, les chemins d’accès sont courts et très faciles, ils sont accessibles à n’importe qui sauf en fauteuil roulant et celui pour Fox est plus sympa, plus naturel que celui pour Franz Josef. Bien qu’on ait pu aller plus près de Fox que de Franz Josef, ce dernier est plus visible, Fox étant plus caché par la montagne. Des immenses falaises noires qui bordent la vallée de Fox Glacier dégringolent des cascades, c’est impressionnant. On pourrait passer des heures à regarder les énormes morceaux de glaces se détacher et dévaler la rivière.
La fonte des glaciers est assez impressionnante, le long de la route pour Fox Glacier, des panneaux indiquent l’emplacement du glacier en fonction des années. Il fait à l’heure actuelle 13 km de long et si on note une avancée globale de la glace ces dernières années, elle ne compense pas la perte des années précédentes. Les deux glaciers ont perdu environ 2,5 kilomètres en un siècle. On estime que Franz Josef aura perdu 5 kilomètres de longueur et 38 % de sa masse en 2100. Mais non, le réchauffement climatique, ça n’existe pas, voyons !
On avait lu dans les brochures touristiques que le Lake Matheson, situé à quelques encablures de Fox Village, permettait d’admirer de magnifiques réflexions de Mount Cook (le plus haut sommet de Nouvelle-Zélande). Comme le temps est plus clément (comprendre, il vente, il fait froid mais il ne pleut plus) et que c’est sur la route de notre camping, on y fait un saut. Toutefois, les nuages bas font qu’il ne s’agit aujourd’hui que d’un lac banal avec plein de touristes. On reste donc encore une fois sur notre faim.
Pour continuer dans les déconvenues (certes minimes et sans grande importance), on reçoit vers 17h un appel de l’office du tourisme de Franz Josef nous apprenant que le Copland Track, le chemin de randonnée que l’on voulait faire le lendemain, est fermé pour dix jours à cause des fortes pluies d’aujourd’hui. Dommage, on aurait enfin pu faire notre première balade sur deux jours, avec une nuit en hutte et en prime une source d’eau chaude pour récompenser nos efforts !
On termine quand même la journée sur une note plus positive et surtout ensoleillée (il était temps !) à Gillespie Beach, située à une vingtaine de kilomètres de Fox Village, avec un un des plus beaux couchers de soleil de notre voyage. Les teintes rosées qui éclairent les dernières lueurs du jour sur Mount Cook, avec les galets parfaitement lisses de la plage en premier plan nous font rêver jusqu’à ce que tout devienne noir.
Le lendemain, le beau temps de la veille au soir se prolonge et on bénéficiera de cette clémence toute la journée. On commence la journée par un petit déjeuner à Fox Glacier où on en profite pour appeler nos parents qui dînent ensemble (les joies du décalage horaire !). On profite du beau temps pour retourner au glacier Fox où on a cette fois la chance de pouvoir s’en approcher à 200 mètres.
Sur le chemin, on croise un ranger construisant des petits ponts avec les rochers pour que les touristes ne se mouillent pas les pieds. On voit que c’est un coin plus que touristique, dans le reste de l’île, on se fiche bien de savoir si les randonneurs se trempent les orteils ! En tout cas, il a dû beaucoup pleuvoir si le chemin a été emporté. Le glacier a bien meilleure allure qu’hier, ses parois sont d’un bleu étincelant et les pics de glace s’élèvent vers le ciel avec majesté. Le seul bémol est le nombre de marcheurs sur le glacier, ça le rend beaucoup moins sauvage.
Ensuite, comme nous n’avons pas pu nous élancer sur le Copland Track et que bon sang de bonsoir, on veut faire une balade sur deux jours avec nuit en hutte avant de repartir, on se replie sur une portion du Haas to Paringa Cattle Track. Le chemin se fait normalement sur trois jours (aller). Il est possible de partir depuis la highway 6 vers Lake Moeraki ou depuis son autre extrémité sur la Haast Highway (l’autoroute qui longe la côte ouest). Notre livre-guide de randonnée proposait une balade de 22 kilomètres aller et retour jusqu’à Maori Saddle Hut depuis le départ sur la highway 6, faisable en une journée. Nous avions décidé de dormir à Maori Saddle Hut et donc de faire une dizaine de kilomètres dans l’après-midi. Nous partons donc d’un pas décidé après avoir empaqueté toutes nos affaires pour le dîner, la nuit et le petit-déjeuner et bien caché nos affaires dans le van parce qu’on laisse ce dernier sur un petit parking désert au bord de l’autoroute. Certes, les voleurs doivent bien savoir que les touristes laissent toutes leurs affaires personnelles (et coûteuses) dans leur véhicule mais ça nous rassure quand même !
On est plutôt contents d’entamer cette balade qui ne promet pas d’être magnifique mais qui semble toutefois intéressante, d’autant plus que l’on bénéficie d’un magnifique soleil. Cependant, on déchante assez rapidement, d’accord, il fait beau et chaud mais dans la forêt où se passe le début de la balade, rien n’a eu le temps de sécher en seulement une demi-journée. Le guide de randonnée précisait que la première partie pouvait être boueuse et humide et ce n’est rien de le dire ! En deux minutes, on a les pieds trempés, on glisse dans la boue et il faut parfois contourner le sentier devenu un petit ruisseau. La progression est plus que lente : malgré le fait que j’ai les chaussures détrempées, je ne peux m’empêcher d’essayer de trouver un chemin plus sec. Ce qui est stupide, il faut le reconnaître ; puisque j’ai les pieds mouillés, qu’est-ce que ça change de les replonger dans l’eau ? Le chemin ne nous aide pas non plus : il faut parfois éviter des arbres tombés en travers, passer sur des rochers lisses et glissants, se faufiler entre deux troncs …
Bref, je suis de mauvaise humeur assez rapidement et je commence à en avoir marre peu de temps après le départ, la patience n’étant pas ma première qualité. Mon ras-le-bol (et celui de Sylvain) et la crainte de ne pas être arrivés à Maori Saddle Hut avant la nuit nous poussent à nous arrêter à Blowfly Hut (appelé également Blue River Hut), située à seulement trois kilomètres de notre point de départ ! On aura mis tout de même 1h30 à les parcourir, soit environ le double de ce que l’on met habituellement. Les derniers mètres avant la hutte nous offrent un dernier cadeau typiquement néo-zélandais : un passage dans un trou d’eau. Il y a bien quelques cailloux censés nous épargner les désagréments aquatiques, mais ils sont sous l’eau ! Bref, on se déchausse et on arrive pieds nus à la hutte qui est très mignonne avec sa cheminée, sa petite terrasse et son poêle à bois. La rivière n’est pas très loin et il doit être agréable de s’y baigner en été (enfin, si toutefois un été chaud et sec existe dans ce coin du monde !). On part à la recherche de bois pour le feu après avoir suspendu nos chaussures et chaussettes. Sylvain ne trouve rien de plus malin que de fendre du bois pieds nus. C’est vrai, ça doit être tellement simple de chercher du secours au milieu de la forêt sans réseau téléphonique ! Il ne se fend pas d’orteils mais il faut bien le dire : il ne fend pas beaucoup de bois non plus ! De mon côté, je n’essaie même pas : la masse émoussée ne laisse présager rien de bien utile, je préfère ramasser du bois plus fin mais qui rentre dans le poêle. Tant pis, ça fera bien l’affaire pour cette nuit et on en laissera également pour les prochains visiteurs.
Comme on est arrivé vers 15h30, ça nous laisse plein de temps pour … et bien, pour ne pas faire grand-chose. Ne voulant pas être trop chargée, je n’ai pas emporté l’énorme Stephen King que je suis en train de lire ni mon carnet de bord. Bref, après avoir lu les deux journaux locaux qui traînent et avoir fait le tour des kermesses et mariages d’il y a deux ans, je m’ennuie un peu. On mange donc assez tôt (moi, l’ennui, ça me donne faim. L’activité aussi. En fait, j’ai tout le temps faim) et on passe quelque temps à admirer le feu en se réchauffant les pieds à la lumière d’une bougie. La nuit n’est pas très froide, je dors plutôt bien sur mon matelas, Sylvain est réveillé avant moi (c’est assez rare pour être souligné) et on ré-enfile nos chaussures humides qui redeviennent trempées en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire pour retourner au van.
]]>Après notre déception d’hier où nous n’avons pas pu atteindre la grotte de Fox River pour l’explorer on se rattrape un peu aujourd’hui avec Punakaiki Cavern, une petite grotte longue de 130 mètres au bord de l’océan. Ce n’est pas vraiment l’endroit le plus spectaculaire ou le plus agréable : la fréquentation soutenue du lieu l’a un peu privé de sa beauté naturelle au détriment des graffitis. Il semble que les touristes se prennent tous pour Neil Amstrong, sauf qu’au lieu de planter un drapeau américain à chaque endroit qu’ils visitent ils y gravent leur nom. Quel est l’intérêt ? C’est dans ce genre de détails que je perds toute foi en l’humanité.
Il faut dire que la grotte est située à quelques centaines de mètres du mini-village de Punakaiki, au bord de l’autoroute. Le lieu est particulièrement visité et célèbre pour ses Pancake Rocks, littéralement les « rochers-crêpes ». Ces falaises à la forme particulière ont effectivement mérité leur nom et ce n’est pas le seul attrait du coin : la roche est creusée par l’océan avec le temps, et celui-ci s’engouffre à marée haute dans les failles, et à chaque grosse vague l’eau sous pression ressort en une grande gerbe. C’est ce qu’on appelle des blowholes. On en a déjà vu en Australie, mais peu étaient si impressionnants. Et surtout ici il y en a un certain nombre au même endroit. Les noms des « trous soufflants » laissent rêveur le visiteur : Chimney Pot, Surge Pool et autres termes évocateurs de la puissance visuelle de ces phénomènes naturels.
Malgré la fréquentation des cars de touristes (après tout c’est pile sur l’autoroute, avec seulement 2 minutes de marche sur du goudron, l’endroit idéal donc pour les touristes pantouflards) le lieu est intéressant, et les falaises de crêpes surmontant l’océan complètent le dramatisme du paysage.
Mais nous faisons vite le tour du lieu et repartons maintenant sur Greymouth, petite ville de la côte ouest de l’île sud. Là-bas nous profitons de la civilisation pour faire une lessive. Encore une fois les machines ne lavent qu’à l’eau froide. Tout comme en Australie il nous paraît impossible de trouver une machine lavant à l’eau chaude. Du coup la propreté du linge laisse toujours à désirer. Comment font les néo-zélandais font-ils pour garder leurs chemises propres ? Ont-ils dans leurs maisons des machines plus évoluées que celles de leurs laveries ? Tant de questions restent sans réponse ! Et on pourrait continuer avec : est-ce qu’il y a un sèche-linge qui fonctionne dans ce pays ? Car après 5 dollars dépensés dans cette machine diabolique notre linge est toujours trempé. On va pas y passer la journée, on repart donc en laissant le linge sécher dans le van comme on peut.
Heureusement un peu plus loin sur la route, dans la ville d’Hokitika nous pouvons nous consoler au soleil avec un très goûtu fish & chips pour la modique somme de 3$. Si ici un kebab coûte 15 ou 20$, un fish & chips ne coûte en général que 3 à 5 dollars (2 à 4 €), une broutille. De quoi donner envie d’aller habiter en bord de mer ! Mais les bonnes nouvelles ne sont pas terminées : nous allons pouvoir profiter de notre seconde douche du mois (car oui nous ne prenons qu’une douche par semaine ici, on assume) à la piscine municipale : pour 3$ on a ainsi accès aux vestiaires et douches, mais aussi au spa. Ah la vie est parfois difficile… Par contre il faudra m’expliquer pourquoi les vestiaires homme des piscines et gymnases sont toujours collectifs sans aucune intimité, pas même une porte ou une cloison entre les douches, alors que les vestiaires femmes sont tout à fait normaux : cabines pour se changer, cabines pour se doucher. C’est un véritable sexisme qui insinue donc que nous les hommes n’avons pas droit à un peu d’intimité, scandale ! Bon y’a pire mais c’est vrai que je trouve ça désagréable et injuste.
Nous quittons Hokitika pour réaliser un détour de 70 kilomètres dans les terres, jusqu’à Hokitika Gorge, ou après moults détours nous arrivons, prêts à en prendre plein les mirettes. En effet les guides touristiques vantaient ici une belle rivière d’une couleur bleu turquoise, alimentée par l’eau de fonte des glaciers des alpes du sud. Le tout accompagné d’une photo à faire saliver. Mais ce n’est que sur le parking qu’on explique que la rivière peut changer de couleur d’un jour à l’autre : de bleu profond à bleu turquoise à… gris ou marron. Aujourd’hui pour nous ça sera donc une belle rivière marron. Certes les remous sont rigolos à regarder, mais on a surtout l’impression de voir une coulée de boue lisse. Niveau beauté à couper le souffle on est un peu déçus.
Mais nous ne sommes pas au bout de nos mauvaises surprises. Notre étape suivante était supposée être une source d’eau chaude au bord de la Lower Wanganui River, où des bassins permettaient de se baigner. Problème en arrivant sur place : la route a été à moitié balayée par de récentes inondations et nous devons nous arrêter et faire demi-tour : on n’a pas de 4x4 et on ne tient pas à abîmer la voiture de location.
Comme on est du genre tenaces on se gare un peu plus haut sur la route et on traverse à pied le torrent qui coupe la route. La route se termine et on suit un petit sentier dans l’herbe. L’herbe qui est mouillée. Après à peine 50 mètres nos chaussures sont déjà trempées. Pourtant il ne pleut quasiment pas, bon un peu, mais c’est pour nous un peu de pluie légère c’est ce qu’on considère maintenant comme du beau temps pour ce pays. Mais après 2 minutes de marche le sentier s’arrête net : visiblement les rives de la rivière ont disparu. Une inondation récente a dû tout ravager et il ne reste rien du sentier, ni du pont que l’on était censés traverser 100 mètres plus loin pour trouver la source d’eau chaude. La clôture en barbelé qui pend dans l’eau à 15 mètres en contrebas nous indique qu’il y avait aussi un pré ici qui longeait le sentier. Mais plus de sentier ni de pré. Donc pour trouver la source d’eau chaude il aurait fallut pas mal de recherches, et trouver comment descendre la berge de 15 mètres de eau creusée à la verticale. On renonce, on préfère rentrer au sec dans le van et reprendre la route. C’est pas grave on se dit qu’il nous reste encore une source d’eau chaude prévue sur notre itinéraire, dans deux jours. Naïfs que nous sommes…
Après quelques dizaines de kilomètres de route nous trouvons un coin pour dormir, sur le parking désert d’un terrain de décollage d’hélicoptères, au bord d’une immense rivière. Le coin est désert, il y a des toilettes, parfait. Sauf que des vents forts secouent le van toute la nuit. Mais niveau vue difficile de rivaliser, de quoi vous rendre malade à l’idée d’habiter à nouveau en ville…
]]>La Nouvelle-Zélande et l’Australie ont connu une époque prospère où il était très bien vu de trouer les montagnes comme du gruyère, de tronçonner les forêts par régions entières ou de déverser des tonnes de matériaux toxiques directement dans les rivières. Cette époque c’est l’ère industrielle qui s’étendit depuis la fin du dix-neuvième siècle jusqu’au milieu du vingtième. Mais depuis maintenant plus de soixante-dix ans les mines d’or, de charbon et autres métaux précieux se sont taries ou sont devenues trop peu rentables à exploiter, le bois est coupé et transporté par camion plutôt que par train et les produits toxiques sont partis polluer l’océan. Mais sont restées les traces de cette époque d’euphorie capitaliste où l’on détruisait en quelques mois ou années ce que la nature a mis des milliers ou millions d’années à créer, sans compter le nombre de vies détruites, le tout pour un salaire de misère et des fortunes illusoires qui aujourd’hui ne permettraient même plus de se payer un iPhone. C’est dire à quel point tout cela fut vain.
En Australie la tendance a été de démonter les installations, refondre les rails des tramways des mines pour fabriquer des tanks et des munitions pour la seconde guerre mondiale, un autre moment de gloire du capitalisme où les fabricants d’armes réussirent à vendre leur camelote aux deux camps. Mais cessons de diverger. En Australie — où l’agression de l’Homme sur la nature continue de faire partie du quotidien via la puissante industrie minière — s’il n’est pas rare de se retrouver à randonner sur un sentier qui fut autrefois une voie ferrée (voir par exemple notre balade à Wollemi National Park, à J+280), il n’en reste en général pas grand chose.
En Nouvelle-Zélande c’est différent : peut-être que l’effort de guerre était moins important, ou qu’il était trop coûteux de démanteler les milliers de voies de chemin de fer semi-abandonnées qui jonchaient le pays, en tout cas une chose est sûre : tout est resté en place à de nombreux endroits. On l’a déjà vu à Broken Hills (J+332) ou Karangahake (J+333) sur l’Île Nord. Mais ici sur l’Île Sud c’est notre première découverte d’un endroit de ce genre, enfin si on omet un petit tunnel ferroviaire sur le camping de Kawatiri hier.
Et nous allons même voir deux de ces endroits aujourd’hui. Le premier est Charming Creek. C’est une ancienne voie de tramway qui servait aux mines et aux scieries et qui suit le cours de la rivière Ngakawau sur une dizaine de kilomètres. Ici quasiment tout est resté en place : tous les rails sont encore là, enfin quand ils ne se sont pas effondrés au fond de la gorge, et il y a même encore des wagonnets, des morceaux de locomotive, de ponts, et bien sûr des tunnels.
Aujourd’hui alors que nous partons pour effectuer la moitié de Charming Creek Walkway (soit 10 km aller-retour) le temps hésite entre grisaille insistante et légère pluie tranquille. En tout cas c’est humide, en attestent la rivière Ngakawau en contrebas et les nombreuses cascades qui traversent le sentier.
Malgré l’humidité la marche n’est pas déplaisante, et nous nous arrêtons souvent pour contempler les rails tombés au fond et qui restent échoués là, coincés dans les rochers. Le paysage est singulier, avec les rails rouillés, abandonnés et recouverts de végétation qui donnent un aspect post-apocalyptique au paysage. En un sens c’est effectivement un lieu qui montre la fin d’une civilisation qui a tout abandonné sur place.
Après le passage d’un très long pont suspendu au dessus de la rivière qui bouge dans tous les sens nous passons une partie où un troisième rail central en bois vient compléter les deux autres rails en acier. Celui-ci servait à freiner les wagons dans une pente plutôt importante. Le pont offre également une superbe vue sur les grandes chutes d’eau de Mangatini dont le son sourd résonne dans les tunnels traversés par le sentier.
Enfin nous arrivons au site de l’ancienne scierie, qui marque notre point de retour et le point de divergence entre le sentier qui suit les rives de Charming Creek et les rails qui disparaissent dans une épaisse forêt moussue.
Nous redescendons la gorge entre les rails jusqu’au parking. Là un immense train de l’autre mine de Charming Creek, celle qui est toujours active, s’engage sur quelques mètres sur les rails que nous venons de parcourir pour faire demi-tour. Moi je serais conducteur de train je serais pas rassuré de conduire une loco de plusieurs centaines de tonnes vu qu’à peine quelques dizaines de mètres plus loin ces rails ne sont plus qu’un ancien souvenir coincé dans les tréfonds de la gorge…
Nous reprenons la voiture pour la seconde mine semi-abandonnée de la journée : Denniston. Semi-abandonnée car si le gisement de charbon historique n’est plus exploité, d’autres gisements sont toujours exploités sur le plateau. D’ailleurs il y a quelques mois une entreprise minière a obtenu le feu vert pour y créer la seconde plus grande mine à ciel ouvert de Nouvelle-Zélande, malgré l’opposition des groupes écologistes.
Nous nous dirigeons vers le bas de Denniston Incline, qui fut un ingénieux système où les wagons vides étaient hissés en haut par le poids des wagons pleins qui descendaient, via des poulies et câbles. Fut, car depuis le bas et seulement quelques centaines de mètres plus loin nous tombons sur un pont qui s’est effondré, visiblement on ne peut pas suivre les rails ou ce qu’il en reste sur toute la longueur du parcours.
En réalité le livre qui nous a amené jusque là indique un autre sentier, Bridal Track, utilisé pour transporter personnes et matériel depuis le fond de la vallée jusqu’à la ville de Denniston en haut du plateau. Le sentier a été construit après plusieurs accidents où des personnes transportées dans les wagons ont péri suite à une rupture d’un câble ou au déraillement d’un wagon. Aujourd’hui les wagons ne bougent plus, Denniston est une ville fantôme et le sentier n’est plus que pratiqué par quelques randonneurs.
Vu que la pluie a redoublé d’efforts nous renonçons à marcher des heures sous l’eau. Nous reprenons la voiture pour atteindre le haut, où nous nous retrouvons plongés dans un épais brouillard givrant qui nous refroidit instantanément.
Nous passons pas mal de temps à lire les panneaux expliquant l’historique de la ville et la vie dans les mines, c’est très intéressant. Il reste encore beaucoup de vestiges des équipements ici, plusieurs wagons, beaucoup de rails, des vestiges du système de godets sur câble qui remplaça les wagons en 1952, mais aussi des grands tas de ferrailles non identifiées dans les coins. Au milieu de tout ça la compagnie minière organise des visites guidées payantes de l’ancienne mine. Étrange. Le décor est inquiétant, surtout baigné dans la brume, qui finit par disparaître et nous laisser entrevoir les plages du littoral de l’océan où il semble briller un beau soleil. Encore une fois il semble que nous avons fait le mauvais choix, mais c’est tellement plus intéressant que de paresser sur la plage.
Comme il était encore assez tôt dans l’après-midi nous pensions pouvoir terminer la journée avec une autre balade. À 80 kilomètres de là nous atteignons donc l’embouchure de la Fox River, nous nous garons et partons pour une balade prévue pour durer 2h30 aller-retour. L’objectif est d’atteindre Fox Cave, une grotte qu’il est possible d’explorer sans équipement de spéléologie. Mais pour y parvenir il faut traverser à deux reprises la rivière. On a prévu le coup : on a enfilé nos sandales et on a pris une serviette pour se sécher les jambes. Au bout de 40 minutes de marche nous atteignons le premier passage. L’eau semble moyennement profonde et le courant pas trop important, je m’y essaye donc : une fois le pantalon ôté et placé dans mon sac à dos je commence à traverser, aidé d’un bâton. Sauf qu’au milieu de la rivière j’ai déjà de l’eau jusqu’aux hanches et le courant est beaucoup plus fort que je ne le pensais, il m’est difficile de lutter et garder l’équilibre. L’eau est froide et je ne souhaite pas tomber dans l’eau, je décide donc d’abandonner la traversée à ce point. Si nous avions été en été avec un beau soleil pourquoi pas, mais il doit faire 7°C et on ne peut pas dire que ce soit une température très clémente pour prendre un bain dans une eau qui doit être à 3 ou 4°C.
Une fois de plus l’eau de la Nouvelle-Zélande nous barre le chemin. On commence à s’habituer mais ça en devient lassant.
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