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Oz. Un an en australie (et plus si affinités)

J+351 — Milford Sound, mais sans croisière

Publié le

-5°C cette nuit. Cela se voit : le sol est gelé et un épais brouillard froid nous enveloppe au réveil. Mais après quelques minutes le ciel se dégage et avec le paysage qui s’offre à nous on pourrait tout pardonner à ce froid qui mord les doigts quand on va prendre de l’eau à la rivière pour faire la vaisselle. Mais l’eau est si froide que le produit vaisselle ne marche pas, la vaisselle reste grasse et sale. On doit alors faire réchauffer l’eau sur le gaz pour terminer la vaisselle. On se console avec les couleurs du soleil qui se lève et la vue magnifique qui se déroule devant nous.

Nous rejoignons Hollyford Rd, qui est fermée à la circulation après un glissement de terrain, mais on peut quand même parvenir jusqu’au parking du départ de la balade vers Lake Marian. Nous commençons par traverser un pont suspendu au dessus d’une rivière turquoise. Probablement un signe de la température très fraîche de l’eau.

Après avoir vu les Marian Falls qui ne sont que quelques rapides sur la rivière, le chemin perd ses plateformes en bois et ses gravillons pour adopter un style plus néo-zélandais : un sentier étroit qui serpente dans la forêt, où il faut sauter par dessus des torrents, jonché de racines qui rendent la progression lente et ardue, particulièrement quand la boue fait son apparition. Et c’est sans compter les passages dans des glissements de terrain où un panneau indique qu’il ne faut pas s’arrêter à cause du risque de chute de pierre. Nous grimpons ainsi pendant deux heures en escaladant les rochers et en essayant de retrouver le sentier à chaque glissement de terrain. Sans oublier de faire attention : à l’endroit d’un glissement de terrain le sentier balisé débarque sur une falaise abrupte de 3 mètres de haut : le sentier a été emporté, balayé, disparu, il faut donc trouver un chemin pour descendre et remonter. Nous finissons par arriver au bord du lac, bordé de toilettes, décidémment la civilisation n’est jamais très loin. La vue sur le lac est chouette, on reste un peu avant de se refroidir avec l’altitude et reprendre le sentier dans le sens inverse et redescendre au parking.

En voiture nous atteignons le Homer Tunnel, seul point de passage dans le mur vertical de 500 mètres de haut qui coupe la vallée en deux. L’hiver la route est souvent coupée à cet endroit où des avalanches bouchent l’entrée du tunnel, isolant définitivement le Milford Sound. Le tunnel étant à sens unique il faut patienter que le feu nous donne l’autorisation de passer, après que les voitures venant de l’autre côté aient terminé la traversée de 1000 mètres.

En débarquant de l’autre côté le paysage est magnifique, et particulièrement impressionnant. Nous sommes entourés de falaises rocheuses qui sont de véritables murs, immenses et impénétrables. Difficile d’imaginer ainsi les constructeurs du tunnel qui devaient escalader cette paroi verticale tous les jours pour reprendre le travail. Incroyable.

Après un passage par The Chasm, une gorge étrange aux formes arrondies et creusées par le torrent, nous atteignons enfin Milford Sound et son parking rempli de centaines de voitures et bus. Nous faisons les mini-balades de quelques minutes qui sont proposées ici, mais rien d’intéressant. Tout le monde vient ici pour faire la croisière en bateau : quelques dizaines de minutes au milieu de la baie pour un tarif exhorbitant. Ça ne nous tente pas plus que ça, du coup on ne trouve pas trop vraiment d’intérêt au lieu. Ce qui ne fait que confirmer le proverbe qui dit que ce qui compte dans le voyage ce n’est pas la destination mais le trajet. C’est particulièrement vrai ici : la route est sublime et fait traverser des paysages et lieux extraordinaires. Mais le Milford Sound lui-même ? Plutôt décevant.

Comme nous sommes au bout de l’impasse que représente la route de Milford, on repart dans l’autre sens, nouvelle occasion d’admirer le paysage. Après avoir re-traversé le tunnel nous nous arrêtons sur un petit parking pour notre seconde balade du jour : Gertrude Saddle. Ou plutôt Gertrude Valley, car le col (saddle en anglais) n’est probablement pas praticable sans crampons vu la neige sur les versants alentours. Pas grave ça nous épargne une ascension d’un mur rocheux de 500 mètres de haut, ça nous reposera.

Sauf qu’avant même de rejoindre le panneau indiquant le début de la rando le terrain est déjà miné : une flaque d’eau large de 200 mètres et profonde de 30 à 40 centimètres nous barre le début du sentier. Bon c’est pas grave, c’est sûrement parce qu’on est dans une cuvette au pied des montagnes, ça ira mieux après.

Mais après avoir traversé une dune, et après à peine 50 mètres, se dresse une rivière d’un bleu profond. Très jolie certes, mais sûrement glaciale. La bonne nouvelle c’est que le DOC a pensé à y ériger un pont. La mauvaise nouvelle c’est que le pont est sous le niveau de l’eau. Ah. Bon bah c’est parti pour la trempette, en croisant les doigts pour ne pas tomber dans l’eau froide.

Après cette traversée et vu que le sol est composé d’un agréable sable fin je reste pieds nus et continue la progression. Nous parvenons après 100 mètres dans une petite forêt. Puis une clairière avec des herbes hautes. Le sol semble correct. On remet les chaussures. Trois pas plus loin : sploutch sploutch. Le sol est en réalité très spongieux. On s’enfonce de plusieurs centimètres dans le sable humide. On se re-déchausse. On progresse de 200 mètres dans l’eau froide puis dans le sable légèrement tiède, chauffé par le soleil. Finalement on constate que le sentier ne fait que suivre le lit d’un ruisseau, et le sable fait place à des cailloux. Ainsi marcher pieds nus devient compliqué. Malgré notre détermination sans faille (ça fait 45 minutes qu’on bataille pour peut-être 500 mètres de parcourus) on décide de renoncer. Vu les paysages à couper le souffle qui nous attendaient plus loin nous sommes passablement démoralisés. Mais là c’est clairement pas possible pour nous.

Si les néo-zélandais acceptent de marcher des heures avec les pieds trempés, on n’en est pas encore là. Ou alors on commence juste à en avoir marre. En tout cas pour nous la barrière psychologique des pieds froids et mouillés n’est pas franchie. Les randonneurs néo-zélandais seraient-ils des super-héros qui ne sentent pas le froid et l’humidité ? !

Nous reprenons la voiture pour rejoindre le camping d’Henry Creek pour la nuit, le dernier avant la ville, au bord du lac Te Anau.