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Oz. Un an en australie (et plus si affinités)

J+332 — Arrivée en Nouvelle-Zélande, découverte de Coromandel

Publié le

Après un mois passé dans la maison de Josh et Elisa nous renfilons nos sacs à dos qui ont pris un peu d’embonpoint depuis notre arrivée ici il y a maintenant onze mois. Nous marchons dans la rue pour rejoindre l’arrêt de bus, et deux heures plus tard le bus nous dépose à l’aéroport de Melbourne pour prendre notre vol vers Auckland le matin à 8h10. Nous passerons donc la nuit dans l’aéroport, en mode camping sur un banc. Cela nous évite de devoir nous lever tôt et courir les transports entre train et navette hors de prix, on préfère prendre le dernier bus du soir précédent, qui ne coûte que quelques dollars. On erre un peu dans les grandes halles de l’aéroport avant de nous installer dans un coin pas trop passant. Anne réussira à dormir trois à quatre heures, mais moi je ne réussis à arracher qu’une demi-heure de sommeil, hélas interrompue par les annonces des haut-parleurs. Je suis jaloux de la capacité d’Anne à pouvoir dormir dans n’importe quelles conditions. Le matin nous profitons des douches chaudes (et gratuites !) de l’aéroport pour nous réveiller un peu. Petit déjeuner rapide, puis enregistrement des bagages, passage de la sécurité et enfin nous embarquons dans l’avion pour 3h30 de vol.

À Auckland le temps de récupérer nos bagages, de passer l’immigration et déjà nous passons l’inspection de sécurité biologique qui vérifie que nos chaussures de marche sont bien propres. C’est qu’ici on ne rigole pas avec les risques d’introduction de maladies et espèces végétales étrangères qui pourraient se révéler vite dangereuses pour l’écosystème local. On appelle la compagnie de location de voiture à qui on a réservé un van pour le mois qui vient, pour qu’ils viennent passer nous prendre avec leur navette pour rejoindre leur entrepôt situé à quelques kilomètres de l’aéroport. On prend possession du van. L’aménagement est spartiate : deux banquettes qui se transforment en couchette, une glacière, un réchaud et de la vaisselle en plastique basique. C’est pas le grand luxe mais pour le prix de 27 dollars néo-zélandais par jour c’est correct et propre, c’est l’essentiel. C’est moins bien que notre van australien que nous avions aménagé nous-même, mais pour un mois on s’en contentera. Pour améliorer le quotidien nous partons au centre commercial le plus proche pour acheter quelques ustensiles nécessaires, comme une passoire pour les pâtes et le riz, ou des mugs pour le thé du matin. On ajoute à cela des courses alimentaires qui nous font prendre conscience que les tarifs ici sont complètement différents de l’Australie. Tout augmente de 30 à 40%. Et même si le dollar néo-zélandais a en ce moment un taux de change de 20% inférieur au dollar australien cela reste prohibitif, déjà que l’Australie était hors de prix pour nous pauvres Européens. Le lot de 4 bouteilles de gaz pour le réchaud nous coûte ainsi 12 NZD contre 5 AUD, soit un prix doublé. Est-ce le fait que nous soyons sur une île ? En tout cas même les enseignes australiennes profitent de cette flambée des prix.

Après ce passage au « Pak’n’save », seule chaîne de supermarché discount de Nouvelle-Zélande, et l’impression d’avoir dû vendre un rein au marché noir juste pour se nourrir, on passe dans une boutique du seul opérateur de téléphonie mobile national pour prendre une carte SIM prépayée et pouvoir passer des appels et aller sur le net. On reprend ensuite la route, car avec le décalage horaire et toutes ces activités il fait déjà nuit. On quitte la banlieue surchargée d’Auckland pour rejoindre un petit camping au bord de la mer, à 75 kilomètres de là. Nous pouvons enfin nous reposer après 24 heures passées entre les bus, les avions, les aéroports et les centres commerciaux. Ouf.

Au réveil le petit déjeuner s’avère un peu compliqué dans le van vu qu’il ne possède pas de table il faut user de milles précautions pour manger sans tout se renverser sur les genoux. Nous étions tellement habitués à notre confort dans le van bleu que dans celui-ci nous sommes presque perdus. Heureusement on reprend vite nos marques et on trouve facilement des astuces pour manger sereinement.

Aujourd’hui nous entamons la première étape de notre itinéraire. En effet comme nous sommes des gens très organisés… en fait non surtout à cause du fait que nous n’ayons qu’un mois à passer en Nouvelle-Zélande, nous avons dû faire des choix sur ce que nous allions voir. Nous avons donc fait une liste des endroits que l’on voulait voir, des choses que l’on voulait faire, et à partir de cela nous avons tracé un itinéraire en éliminant ce qui semblait le moins intéressant ou ce qui demandait des détours trop importants. Pour cela j’ai profité de mes compétences informatiques pour créer un programme permettant de planifier chaque journée en calculant le temps de trajet entre chaque point d’intérêt. Ainsi nous avions au final un itinéraire préparé au jour le jour, avec la liste des points d’intérêts, leurs coordonnées GPS pour pouvoir se faire guider par le GPS du téléphone, les temps de trajet, mais aussi les campings etc. le tout sur 70 pages imprimées. Cela nous éloigne hélas beaucoup de notre habitude et du plaisir de suivre la route et de s’arrêter à chaque truc qui semble intéressant, mais en un mois et avec tellement de choses à voir nous ne pouvions faire autrement. Mais comme l’imprévu peut surgir à tout moment nous avons aussi inscrit d’autres campings et d’autres points d’intérêt.

Bref nous pouvions ainsi voyager sans trop se poser de questions et simplement suivre ce qui avait été planifié. Notre première étape sur l’itinéraire aujourd’hui était donc Broken Hills, une petite balade dans des collines trouées de tunnels par les mines du siècle dernier, sur la péninsule de Coromandel. Le sentier commence par suivre un canal creusé à flanc de montagne afin d’amener de l’eau aux machineries des mines. Aujourd’hui le canal n’a plus d’eau et les ponts qu’il utilisait n’existent plus, mais les tunnels existent toujours, et c’est par là que le chemin passe. C’est très joli et bucolique.

Après le troisième tunnel le sentier bifurque et grimpe dans la montagne. Nous croisons de nombreux tunnels en cul de sac cachés dans les recoins de la montagne. Les explorer est un plaisir, malgré leur fraîcheur et le sol boueux et humide. Il faut avoir l’œil car certains sont véritablement dissimulés derrière la végétation. On a un peu peur quand même de tomber sur un tunnel qui se termine par un trou béant, donc on avance tranquillement à la lumière des torches, mais on se dit surtout que si le chemin passe à côté le tunnel a probablement été aménagé et sécurisé pour empêcher les visiteurs de tomber. En tout cas on espère !

L’un des tunnels se termine par deux grandes chambres immenses dont le plafond est illuminé par les vers luisants, ce qui nous fait rester là longtemps à admirer ce fascinant spectacle. Même si cela ne ressemble pas vraiment au ciel étoilé qu’on a pu voir à Wollemi National Park dans le New South Wales, les vers étant ici moins nombreux et plus épars.

Nous atteignons finalement Collins Drive, le plus long tunnel de la balade : 500 mètres qui traversent la montagne de part en part. Au milieu deux conduits partent à gauche et à droite mais sont barrés de planches avec un gros panneau « Danger ». Heureusement les néo-zélandais ont eu l’intelligence de laisser une fenêtre dans les planches pour voir ce qu’il y a de l’autre côté. D’un côté un étroit tunnel laisse voir des wagonnets rouillés disparaître dans l’obscurité. De l’autre c’est un gouffre immense qui apparaît. Au milieu on peut voir des rails pendre à moitié dans le vide. Il faut croire qu’ici le sol s’est effondré, peut-être sur un autre tunnel situé en dessous ? Après plusieurs séances photos à tenter de retranscrire en image le tunnel nous terminons un peu plus rapidement la visite, nous commençons à sacrément nous refroidir ici avec le vent qui s’engouffre et traverse le tunnel.

On ressort de l’autre côté de la montagne et nous redescendons après une pause sur un point de vue qui nous montre que la région semble quasiment sauvage et surtout superbe avec toutes ces collines verdoyantes, malgré le temps brumeux. Visiblement dans notre excitation de découverte nous n’avons pas vu qu’on avait pas mal grimpé car la descente n’en finit plus.

On rejoint le van et la route goudronnée pour aller à Hot Water Beach qui comme son nom l’indique est une plage d’où jaillit de l’eau chaude, à marée basse. Il suffit de creuser un peu dans le sable pour profiter d’une eau chaude, voire très chaude. Nous marchons un peu sur la plage, et effectivement en marchant à certains endroits le sable est chaud, et voire même brûlant. Heureusement avec l’eau de mer qui va et vient en même temps cela donne un contraste rendant la température supportable. À un endroit de l’eau sort même en bouillonnant du sable. C’est rigolo comme phénomène. Mais pour ce qui est de se baigner… On se doutait qu’il y aurait du monde, car c’est un endroit très touristique. Mais la réalité est pire que notre imagination. La réalité c’est que la zone de la source d’eau chaude est de quelques mètres carrés seulement. Ainsi sur une immense plage on retrouve sur une zone très réduite des dizaines de personnes, dans des mini trous creusés dans le sable, qui leur permettent de barbotter dans le sable mouillé, et 2 à 3 centimètres d’eau tiède. On se dit que ça ne vaut pas l’effort, surtout que pour creuser nous n’avons qu’une casserole. Car qui a déjà essayé de creuser dans du sable mouillé sait à quel point il est impossible de creuser bien profond : tout retombe aussitôt. Si le phénomène est intéressant, on trouve que l’idée de creuser dans le sable pour être entassés avec des dizaines d’autres personnes est proche du ridicule.

Nous retournons donc au van pour déjeuner en profitant d’une table de pique-nique, en constatant que bon au moins on sera venus voir à quoi ça ressemble, mais que clairement ça ne vaut pas le détour comme « attraction ». Nous quittons ensuite la plage pour rejoindre Cathedral Cove un peu plus loin. Cette plage est également une attraction touristique célèbre. Une grande arche s’ouvre dans une falaise pour laisser voir l’océan de l’autre côté. C’est très joli, mais aussi surpeuplé.

L’endroit est très beau, et on comprend pourquoi il a servi de décor au début du second film Narnia, réalisé par le néo-zélandais Andrew Adamson, qui est d’ailleurs un de mes films préférés (enfin un parmi mes centaines de films préférés).

Mais on se dit que quand même ce matin on n’a croisé personne, nous étions seuls dans les tunnels et les mines, pour un lieu tout aussi beau mais aussi surtout bien plus ludique avec tous ces recoins à explorer. Alors pourquoi tout le monde vient ici et personne ne va là bas ? Heureusement rares sont les lieux aussi touristiques que ceux-là que nous avons choisi d’inscrire à notre itinéraire.

Nous terminons notre visite de la péninsule de Coromandel en s’arrêtant sur une aire au bord de la route, au milieu des montagnes embrumées, pour y passer une nuit hélas perturbée par des connards de touristes français bourrés qui ne trouveront rien de mieux que de venir taper aux vitres du van et crier au milieu de la nuit pour demander des cigarettes. Grumpf.