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Oz. Un an en australie (et plus si affinités)

J+333 — Rotorua : de la boue, de l'eau chaude

Publié le

Ces premiers jours en Nouvelle-Zélande nous laissent un peu sur notre faim. D’abord parce qu’il y a tant à voir, et des paysages si variés et des choses si étranges, à seulement quelques kilomètres de distance, que nous sommes vite frustrés de ne pas pouvoir rester et explorer plus profondément les régions visitées. Mais aussi parce que notre itinéraire planifié, tout utile et pratique qu’il soit, nous enlève pas mal du plaisir de voyager en suivant la route sans trop savoir ce qu’on fait le lendemain, et sans se dire qu’il faut cumuler deux ou trois endroits à voir dans la même journée pour remplir le planning. Bon on n’est pas non plus si accrocs que ça au planning au point de vouloir le respecter à la minute, mais prendre du retard pourrait signifier devoir faire une croix sur quelque chose de vraiment intéressant et alléchant, et ça nous semble difficile à accepter. Nous sommes donc curieux de découvrir ce nouveau territoire mais frustrés de ne pas pouvoir le faire mieux.

Les mauvaises surprises financières continuent : après la nourriture dont le prix a encore augmenté par rapport à l’Australie qui était déjà chère, c’est l’essence qui ici crève le portefeuille et le cœur. Notre premier plein est fait dans une station dont le litre d’essence coûte 2,12 $. Outch, et le van consomme un peu plus de 10 litres au 100 kilomètres parcourus. Bon, c’est le coût de voyager on va se dire. Une autre surprise nous attend au second supermarché que nous visitons : ici non plus il n’existe pas de jerrican d’eau avec un robinet comme il y en avait en Australie. Tous les jerricans ont un bouchon immense ce qui les rend complètement impraticables pour notre utilisation en camping. Que se passe-t-il dans ce pays ? Ne savent-ils donc pas ce qu’est un robinet ? Étrange. Nous nous rabattons sur des bouteilles d’eau, c’est le choix qui nous semble le plus pratique.

Pour notre second jour de voyage nous partons explorer les tunnels de la mine abandonnée de Karangahake, creusés dans les falaises surplombant la gorge du même nom. Ici nous retrouvons les rails rouillés et les ruines bétonnées des bâtiments qui à une époque faisaient la puissance économique du pays. Ce ne sont maintenant que des vestiges qui polluent la nature et laissent des traces indélébiles sur le paysage, quel gâchis.

Mais puisque ce gâchis est fait autant en profiter : une partie des tunnels est accessible à pied, il faut simplement s’armer d’une torche et faire attention où on met les pieds, car entre flaque de boue et flaque d’eau il y a de quoi sortir de là avec les chaussures défigurées et les pieds frigorifiés. Parfois le tunnel s’ouvre en de larges fenêtres sur la gorge, laissant apercevoir la rivière en contrebas. Quand les tunnels ont été construits il était plus simple de creuser un trou et de vider ce qui était creusé des tunnels directement dans la rivière. Pourquoi s’embêter quand on peut utiliser la rivière comme poubelle ?

Nous sommes un peu déçus de ne pas pouvoir voir mieux que ça la pompe géante souterraine, abandonnée dans une immense grotte creusée au sein de la montagne, car elle est séparée de nous par des grilles et nos torches ne réussissent que peu à nous faire voir l’immensité de ce monstre mécanique.

Nous quittons la gorge par de jolis chemins creusés dans les falaises qui étaient autrefois utilisés par les tramways de la mine et qui laissent apparaître parfois de micro-tunnels sur le côté qu’il convient d’explorer pour ne pas en perdre une miette.

De Karangahake nous reprenons le van pour rejoindre la ville de Rotorua, plus au sud. Nous explorons Kuirau Park, le seul parc municipal dont l’attrait principal sont les très nombreux points d’activité thermale. Ici il semble qu’il suffirait de creuser un trou de quelques centimètres dans le sol pour en voir sortir un geyser. En effet dans ce parc on peut voir des lacs d’eau chaude dont la surface est enbrumée de vapeur, mais aussi des trous de boue bouillonnante, ou des cailloux qui frétillent sous la chaleur de l’activité volcanique. Incroyable, il y a tellement à voir qu’on s’y perd et qu’on n’arrive pas à en faire le tour.

Comme c’est la région de l’activité thermale par excellence il ne nous faut que quelques kilomètres pour rencontrer un autre phénomène passionnant : Mud Pool. Comme son nom l’indique cet endroit est un large étang de boue qui bouillonne et s’élance en jets de boue, le tout avec une poésie certaine, si toutefois on est capable de faire abstraction de l’horrible odeur d’œuf pourri liée à l’activité thermale. On reste longtemps à regarder la boue sauter, faire sploutch, retomber, et cela à l’infini. Le spectacle est tout aussi captivant qu’il est intriguant.

Nous ne pouvions passer dans une région thermale comme celle-là sans en profiter pour se baigner dans une source d’eau chaude, évidemment. Le problème c’est qu’ici l’activité thermale est un formidable attrape-touristes. Le coin est donc littéralement bondé de parcs touristiques qui mêlent bains chauds aménagés et activité thermale naturelle ou provoquée, jusqu’à ce geyser qui s’élance tous les jours à 10h, heure tapante. Le secret étant simplement que ce geyser est provoqué par le parc à thème tous les jours, il n’y a donc plus grand-chose de naturel là-dedans. Pour nous si c’est pour se baigner dans un endroit bétonné et carrelé autant aller à la piscine, c’est moins cher. On ne supporte pas cette marchandisation à outrance de la nature. On a donc mis pas mal de temps à chercher sur le net un endroit qui semblait tranquille et néanmoins accessible pour se baigner.

Le coin, mentionné sur un site néo-zélandais, était à deux pas d’un autre très prisé des locaux et des touristes, dont les dizaines de voitures encombraient la route. Mais à quelques centaines de mètres plus personne. La route qui mène vers notre coin s’avère au final barrée par une lourde barrière, mais qu’à cela ne tienne on ne va pas se décourager pour quelques centaines de mètres à parcourir à pied. On gare la voiture et on marche sur la route jusqu’à trouver sur un côté de la route un petit sentier discret à l’endroit exact des coordonnées GPS que nous avions trouvées. 50 mètres plus loin sur le sentier nous atterrissons dans un petit coin de paradis : une cascade sur une petite rivière donne dans un petit bassin dont l’eau est chauffée par le sable en dessous.

En se baignant on se rend vite compte que le sable chauffe effectivement beaucoup, en s’éloignant du bord du bassin le sable au fond de l’eau devient brûlant, impossible de continuer. L’eau est vraiment chaude et agréable, et surtout nous sommes seuls au monde, à quelques centaines de mètres des endroits bondés de touristes. C’est là que finalement on est contents d’avoir préparé notre itinéraire…