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Oz. Un an en australie (et plus si affinités)

J+293 à J+299 — Dernières balades australiennes…

Publié le

Après nos aventures à Namadgi nous continuons notre route en direction de Melbourne. Avant d’y parvenir il nous reste encore une étape : une randonnée indiquée dans le « 40 Great Short Walks ». Elle est un peu à mi-chemin, juste après la frontière entre le NSW et le Victoria, à Burrowa-Pine National Park. Avant de nous y rendre nous devrons donc faire une journée de conduite assez tranquille pour rejoindre une aire de repos près de Walwa, petit village niché au bord de la Murray River. Nous y trouverons une aire de repos à moitié submergée sous la rivière en crue. Ayant peur que le niveau de la rivière monte j’insiste pour qu’on se gare à un endroit avec assez de hauteur pour ne pas se retrouver avec les roues dans l’eau pendant la nuit. L’endroit est tranquille mais pas des plus intéressants. On se dégourdit un peu les jambes en bord de rivière pour oublier un peu les heures de conduite passées sur des autoroutes monotones et trop fréquentées. C’est cela de devoir conduire sur l’axe Sydney-Melbourne le plus emprunté. Pour se consoler on se fait des crêpes le soir, qu’on terminera au petit déjeuner avec du Twist, sorte de Nutella néerlandais qu’on trouve ici à bas prix.

Nous reprenons le volant pour les quelques kilomètres qui nous séparent de Burrowa-Pine Mountain National park. On s’attendait à trouver un peu de dirt road à la fin mais là c’était plus que ce qu’on pensait. En réalité le parc national est tout petit, et la route qui y mène est un simple chemin forestier, à peine assez large pour une voiture. Aucun panneau n’indique que la route est réservée aux 4x4 on continue donc sur le chemin en voiture. Mais après avoir croisé quelques flaques d’eau et de boue bien glissantes, puis plusieurs grosses branches nous obligeant à nous arrêter et à les pousser en dehors de la route pour pouvoir passer, je décide de ne pas tenter les ennuis sur une route qui ne doit voir passer que quelques voitures par mois : je me gare au premier virage qui laisse assez de place pour cela. On terminera à pied.

Une fois les chaussures chaussées et les sacs remplis d’eau et de barres de céréales on reprend donc la « route » du parc et on croise vite un premier parking, probablement destiné aux voitures qui ne sont pas 4x4, car la suite est un chemin caillouteux qui monte en lacets plutôt raides. Pourtant rien n’indique qu’on peut rencontrer des soucis sans 4x4. Il faut visiblement être prudent ici et ne pas attendre un panneau pour s’arrêter. Après être montés sur le chemin on arrive à un petit col où le parc jouxte des pâturages, c’est ici le départ officiel de notre sentier. On grimpe dans la forêt pendant un kilomètre jusqu’à rejoindre Rocky Knob, un petit éperon rocheux caché dans la végétation. On y croise de grosses fourmis à la couleur ambrée, très jolies.

Suivent 3 kilomètres de grimpe dans le granit rose pour arriver au sommet de Little Pine Mountain, un petit sommet rocheux juste avant Pine Mountain, et duquel nous bénéficions de superbes vues sur les montagnes alentour et même jusqu’aux alpes victoriennes et leurs sommets enneigés.

Nous sommes seuls dans le parc, hormis un ranger du parc venu faire un repérage des arbres qu’il faudra tronçonner sur le sentier avant le début de la saison d’été. Nous ne le croiserons que de loin, et nous avons aujourd’hui l’impression d’être seuls au monde et d’avoir tout le Victoria rien que pour nous. Seuls les rapaces se laissant planer au-dessus de nous à la recherche de proies viennent troubler notre solitude, mais pas le calme et la quiétude des lieux.

On retrace le chemin dans le sens inverse après avoir mangé une pomme et une fois au van on croise les doigts pour ne pas rester coincés dans une flaque de boue glissante. Heureusement on passe sans encombre. On continue la route en espérant trouver un coin pour se poser et manger au bord de la Murray River mais il faudra une centaine de kilomètres avant de trouver une aire de pique-nique qui n’est pas noyée sous l’eau de l’immense fleuve qui occupe toute la vallée large de plusieurs kilomètres. Il est 16 heures quand on peut enfin manger. On se rend un peu sur Internet, occasion de constater que notre annonce pour la vente du van n’a pas encore rencontré de réponse.

50 kilomètres plus loin nous trouverons une aire de repos pour la nuit en bord de route. Le lendemain nous passerons la journée à conduire, ne faisant une pause que pour déjeuner et prendre une glace à 30 cents du Mac Do. On arrive fatigués à 18h30 et après une heure et demie dans les bouchons. On se gare à Elsternwick, banlieue proche de Melbourne, où l’on avait déjà passé quelques nuits sur le parking avant de partir. On sort se promener un peu en bord de mer pour se changer les idées et se dégourdir les jambes.

Le lendemain nous faisons le tour des auberges de jeunesse de Melbourne pour placarder l’annonce pour la vente du van. Marcher en ville toute la journée est épuisant. Nous ne sommes plus à notre élément dans la circulation, la pollution, les gens pressés… on se sent déjà dépassés.

Heureusement le soir nous sommes invités à manger chez Elisa et Josh. Vu les maigres capacités de préparation de repas du van nous ne pouvons rien emmener d’autre comme dessert que des crêpes. Bon il y a pire.

Le jour suivant on se rend à Inverloch récupérer nos vélos et les remorques que nous avions achetés en janvier quand le van était cassé et que nous pensions l’abandonner pour partir en vélo. On retourne dormir à Elsternwick. Notre sommeil est agité. Le coin n’est pas des plus bruyants, la circulation reste limitée la nuit. Mais les bruits des ambulances, des voitures… le son souterrain d’une ville qui dort nous apparaît comme étranger et nous met mal à l’aise. Nous sommes habitués au calme des étendues désertes où nous sommes seuls, au son des insectes et des oiseaux ou même aux wombats qui se frottent contre le van pour nous bercer… Mais pas à cette civilisation qui ne nous a pas manqué.

Un jour de plus et les démarches continuent, nous couvrons maintenant les auberges de jeunesse qui sont plus éloignées du centre-ville. Mais certaines n’ont pas de réception, et donc pas de possibilité d’entrer sans être résident. Certaines ressemblent à des squats bordéliques, d’autres n’ont pas de possibilité de laisser une annonce, certaines ne sont même pas des auberges… Nous ne pourrons déposer que trois annonces ce jour. Le fait que la journée ait commencé par un appel pour venir voir le van qui s’est révélé être un lapin qu’on nous a posé n’a pas aidé à notre moral. Pour terminer la journée le tram que nous prenions pour retourner au van a percuté une voiture qui a grillé un feu rouge. Le conducteur, vieux et borgne, ne savait visiblement pas trop ce qu’il faisait. Heureusement plus de peur que de mal, mais sur le coup c’est assez impressionnant quand même.

Après une journée comme ça nous ne pouvions supporter une nouvelle nuit en ville, il nous fallait nous évader à nouveau de cette prison de béton. Nous avons donc repris le volant pour affronter la circulation et les bouchons de Melbourne et du West Gate Bridge, cet immense pont à 2x5 voies qui permet de sortir de la ville par l’ouest. Nous partons en direction de Macedon Range National Park. Nous nous perdons dans Wombat State Forest (où nous ne verrons d’ailleurs aucun wombat) à cause des coordonnées GPS erronées du camping dans le Camps 6. Il fallait bien qu’il nous fasse une dernière crasse celui-là. On finit par trouver le camping caché au fond des bois, envahi de gens du coin venus camper ici pour le week-end.

Le lendemain nous ferons donc notre dernière balade en Australie, enfin avec le van en tout cas. Nous nous rendons à Camel’s Hump, un petit sommet rondelet gagnant bien son nom de « bosse du chameau ». La balade indiquée dans le « 40 Great Short Walks » fait 17 kilomètres et n’emprunte quasiment que des chemins forestiers et 4x4, ça ne nous semble pas très passionnant on décide donc de couper en deux pour faire une rando un peu plus tranquille.

Le sommet de Camel’s Hump est plutôt joli, mais c’est surtout la nostalgie qui nous occupe. Nous nous arrêtons devant chaque eucalyptus, chaque touffe d’herbe, chaque rocher usé aux formes si australiennes, en nous disant que c’est probablement le dernier que nous voyons. On prend des dizaines de photos. Toutes sans intérêt. Simplement pour essayer de retenir un peu plus longtemps ce qui de toute évidence nous glisse des doigts.

Sur le sentier nous aurons droit à voir des terriers de wombats, mais sans wombats, un vieux lac artificiel créé pour une clinique psychiatrique au siècle dernier, un petit sentier désaffecté qui nous fera faire un peu de crapahutage dans la végétation luxuriante, et surtout encore ces arbres géants et magnifiques, creusés par ce fléau que sont les feux de forêt.

Malgré la foule de ce week-end et quelques gros chemins peu intéressants nous sommes soulagés de retrouver la nature, les cris des kookaburras et des oiseaux-lyres, contents de reconnaître ici sur un chemin une trace de wallaby, ou là une déjection de wombat. À ce point une seule conclusion s’impose : nous sommes tombés amoureux de l’Australie, et nous ne pourrons vivre heureux sans pouvoir espérer y retourner un jour.

C’est ainsi qu’une fois l’évidence posée nous pouvons reprendre le volant, quitter le parc national, retraverser le West Gate Bridge et retourner se garer à Elsternwick. Ainsi après 200 nuits passées dans ce lit c’est ce soir la dernière fois que nous dormons dans le van.

En fermant les yeux nous essayons de nous remémorer toutes les belles choses que nous avons vues. Les moments de doute, de dépression, mais aussi de profond bonheur à tracer la route sans se poser de question. À n’éprouver aucune crainte face à cette simple vérité qui nous angoisse pourtant tous d’habitude : de quoi sera fait demain.