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Oz. Un an en australie (et plus si affinités)

J+285 — Blue Mountains : retour à Grand Canyon par Rodriguez Pass

Publié le

Aujourd’hui c’est dimanche et c’est notre dernier jour de randonnée dans les Blue Mountains, demain nous irons visiter Sydney en train. Nous commençons donc par faire deux (très) petites balades que l’on voyait tous les jours en passant sur Megalong Rd : Coachwood Glen Forest, un petite boucle dans les sous-bois, et Mermaids Cave, qui après un escalier fait débouler dans un grand cirque entouré de falaises. Nous y rencontrons un couple habitant Blackheath qui admire avec nous un oiseau-lyre qui gratte le sol de la forêt. Ils nous aprennent qu’à 55 ans c’est seulement la seconde fois qu’ils en voient un dans leur vie et que la plupart des Australiens n’en voient jamais car c’est très rare. Vu le nombre qu’on a vu on doit être vraiment très chanceux alors. Ça nous console un peu par rapport au nombre d’animaux qu’on n’a pas pu voir : baleines, manchots, ornithorynque, etc.

Mais aujourd’hui notre vrai objectif c’est de retourner à Govetts Leap et Grand Canyon pour prendre un peu mieux le temps d’admirer le canyon et surtout de faire Rodriguez Pass, qui relie le fond du canyon au pied de Govetts Leap et indiqué pour une durée de 8 heures… aller. Pour 9,8 kilomètres à parcourir, ça nous semblait un peu extrême mais bon on s’est dit que ça devait être assez difficile. Surtout avec 610 mètres à descendre et la même chose à remonter ensuite. Mais bon on a pas eu peur. Comme on est super efficaces pour ne jamais être à l’heure on commence notre balade à 12h30 au sommet de Govetts Leap. Si vous savez compter, rien qu’avec Rodriguez Pass on devrait pas rentrer avant 20h30, et ça ne compte pas les 4 kilomètres de Grand Canyon, ni les autres kilomètres pour rejoindre Grand Canyon. Bref on est à la bourre. Pas grave, c’est pas ça qui va nous empêcher de flâner et d’admirer le canyon.

Non le moment où on commence à avoir un peu peur c’est quand on arrive au pied du canyon, à l’intersection avec Rodriguez Pass. Alors que je prend une photo avant de nous lancer nous voyons débarquer un monsieur avec sa fille qui viennent de le faire et qui nous indiquent qu’ils sont partis à 11h du pied de la chute d’eau. Il est 14h50. Ils ont donc mis un peu moins de quatre heures. Et dans deux heures et demi il fait nuit noire.

On baisse pas les bras on se dit qu’on peut tracer et qu’on peut le faire avant la nuit, ça doit pas être si difficile que ça. Devant notre obstination le monsieur semble un peu paniqué. On essaye de le rassurer, on lui dit qu’on a des torches s’il fait nuit, et des vêtements chauds, pas de problème, et on part quand même. Mais juste après c’est nous qui ne sommes plus rassurés. Nos téléphones portables ont bien une fonction torche, et j’ai bien un k-way et une polaire, mais c’est tout. Sur le coup je me demande si j’aurais pas dû lui laisser nos numéros de téléphone au cas où. Ça aurait rassuré tout le monde. Mais il est trop tard, on est lancés, malgré mes doutes soudains sur notre capacité à sortir de là. Les Australiens sont très protecteurs certes on en a l’expérience, mais ne serions-nous pas un peu inconscients aussi ? Et si nous étions bloqués dans la vallée cette nuit ? Et si nous avions un accident ? Et si…

Cette panique soudaine ne nous aide pas. Quelques centaines de mètres plus loin alors que nous traversons un éboulement ou le sentier n’est plus marqué nous arrivons à nous perdre de vue, alors que nous étions à quelques dizaines de mètres l’un devant l’autre. Voilà qui n’aide pas ma panique, je me met à crier pour retrouver Anne. Heureusement on se retrouve rapidement au milieu des rochers : j’avais pris le nouveau tracé du sentier, et Anne l’ancien qui a été emporté en contrebas par le glissement de terrain, mais ils se rejoignaient plus loin. Ouf. Mais je constate qu’Anne aussi n’est pas à l’aise, un peu plus loin elle trébuche et manque de se tordre la cheville, alors que le sentier est à une vingtaine de mètres en surplomb d’une rivière. On est tout d’un coup à la fois paniqués, pressés par le temps, et complètement maladroits.

Nous essayons de reprendre notre calme en marchant sur le sentier et en relativisant : nous sommes équipés de téléphones qui peuvent servir de lampes-torches, d’un GPS, d’un peu de nourriture, de vêtements un peu chauds et imperméables, on a déjà fait des centaines de kilomètres de randonnée en Australie, et on est sur un sentier balisé à seulement 3 kilomètres à vol d’oiseau d’une ville. Bon, pas de quoi dramatiser. N’empêche on réalise qu’il en faut peu pour perdre ses moyens et se retrouver perdus bêtement : il faut être prudent et savoir garder la tête froide.

Nous marchons rapidement en vérifiant la distance parcourue sur le GPS du téléphone : tout va bien, mais on est un peu stressés quand même. Je ne prend plus aucune photo, alors qu’il y aurait de quoi entre la forêt et la rivière que nous longeons. Nous ne faisons qu’une courte pause à Junction Rock pour manger et boire avant d’entamer la seconde moitié de Rodriguez Pass et remonter le long du cours d’eau qui provient de Govetts Leap : normalement là on ne peut plus se perdre. Finalement un peu avant 17h et après un sacré effort physique à cavaler et sauter par dessus les ruisseaux on atteint le pied de Govetts Leap. On aura donc mis à peine trois heures pour effectuer une randonnée indiquée pour 8 heures. On est contents d’avoir réussis et soulagés de ne pas avoir à marcher de nuit dans un endroit qu’on ne connaît pas.

On peut se détendre un peu, faire une pause au pied de la chute d’eau pour reprendre quelques forces et des photos, être subjugués par l’immensité de la chute, et enfin grimper tranquillement dans un chemin boueux et particulièrement humide. En effet avec le vent l’eau de la chute est projetée contre la falaise qui ruisselle et inonde le chemin. Du bon côté des choses cela donne une paroi rocheuse jonchée de petites plantes vertes qui forment ainsi un mur végétal naturel du plus bel effet.

Pour terminer de nous achever les marches des escaliers s’enchaînent avec les échelles en métal. Ainsi quand on arrive tout en haut, nous sommes épuisés mais nous ne pouvons nous empêcher d’admirer une dernière fois le coucher de soleil sur la Grose Valley et les Blue Mountains… Je crois qu’on est vraiment tombés amoureux de ce coin de l’Australie, un peu comme avec le sud-ouest et ses arbres géants. Et c’est d’autant plus difficile de se résigner à partir et ne pas rester ici quelques jours, semaines ou mois de plus. Il y a tellement à explorer et découvrir…