Haere.net

L'aventure continue !

Retrouvez les topoguides, les livres et les récits de voyage sur haere.net

Oz. Un an en australie (et plus si affinités)

J+279 et J+280 — Wollemi National Park

Publié le

(Par Anne)

On commence notre visite de la région des Greater Blue Mountains par le deuxième plus grand parc national du New South Wales : Wollemi National Park. Il existe plusieurs points d’entrée pour accéder à différentes parties du parc et nous avions décidé de nous rendre à Newnes dont le tunnel à vers luisants me tentait particulièrement. Newnes est une ancienne ville minière, construite pour accueillir les mineurs qui travaillaient à l’extraction du schiste mais également du schiste bitumeux (oil shale). On n’a pas très bien compris à quel usage c’était destiné, ils produisaient a priori de la paraffine ou du pétrole, ou des deux. Ou rien de tout ça.

La mine s’étendait sur des kilomètres carrés avec de nombreux bâtiments notamment pour la distillation de l’huile, des ateliers, des raffineries, etc. Des centaines de personnes vivaient ici, une ligne de chemin de fer a même été construite, taillée dans la roche surplombant le vide, à se demander comment leur est venue l’idée. Aujourd’hui, il ne reste rien de toutes ces activités, à part un hôtel qui fait office de centre d’information tenu par un passionné. Il n’est ouvert que pendant les week-ends d’été.

La route pour accéder au camping gratuit au fond de la vallée est pour le moins pittoresque. Newnes (l’hôtel/ville) est à 35 km de Lisdale, petite ville située dans les hauteurs des Blue Mountains. L’autoroute était déjà folklorique : pas facile de garder le van sur sa voie avec les montées et descentes sous les bourrasques et la pluie et la circulation plus que dense. La route avant Lisdale avait également son côté aventureux : le slalom entre les trous dans la chaussée n’a pas été de tout repos pour les amortisseurs du van. Mais tout ceci n’était que la partie facile, car pour arriver à Newnes il faut dégringoler de quelques centaines de mètres d’altitude par une route dont le début et la fin sont bitumés mais dont le milieu est en cours de goudronnage. On s’était renseigné sur les conditions de circulation et s’il n’était pas précisé qu’il fallait un 4 × 4, certains conseillaient le tout terrain si les conditions météo étaient peu favorables.

Et bien évidemment c’est sous une pluie battante que nous sommes descendus au fond de la gorge par une route étroite et à flanc de falaise. La négociation des virages boueux en épingle a demandé toute la concentration dont je puisse faire preuve et, bien que les mauvaises langues diront que ce n’est déjà pas assez pour assurer la survie de l’espèce, j’ai quand même trouvé le temps de jeter un œil pour admirer à travers les gouttes les splendides paysages qui nous entourent. Les sections non bitumés sont heureusement dans la partie plus plate, ce qui rend le passage sur les monticules de terre boueuse un peu plus aisés. Plus qu’à croiser les doigts pour qu’il fasse beau quand on remontera, sinon, le van risque d’être à la peine.

Au fond de la gorge, l’étroit sentier serpentant dans la forêt débouche sur Little Capertee Creek Campground, après le franchissement du gué bétonné d’un petit ruisseau. L’immense clairière qui s’étend devant nous est bordée de falaises gigantesques qui s’illuminent d’une magnifique couleur ocre grâce au soleil qui nous fait enfin l’honneur de sa présence. C’est également un lieu de villégiature très apprécié des wallabies qui ne semblent pas se préoccuper de nous, tant qu’on les laisse se goinfrer d’herbe grasse. Pour ajouter à la féerie du lieu, on a l’embarras du choix pour se garer, il n’y a que deux autres caravanes, le coin est tranquille, tout du moins en cette saison.

Comme on a pris notre temps à Bathurst, il est déjà plus de 16h quand on finit de s’extasier une nouvelle fois sur les marsupiaux alentour et on n’aura donc pas le temps de faire avant la nuit notre balade prévue jusqu’à Glowworm Tunnel. On décide d’aller faire un tour jusqu’à l’ancienne mine dont les vestiges sont plus impressionnants que les vieilles ruines décrépies que je m’attendais à voir. On voit des dizaines de fours à charbon, une raffinerie, les restes d’une voie de chemin de fer, différents bâtiments, etc. Bien que tout soit dans un état plus ou moins avancé de délabrement, on imagine en les voyant l’investissement financier et le travail titanesque que ça a dû demander. Tout ça pour que la mine ne fonctionne que cinq ans ! Encore un gâchis écologique, humain et économique. On rentre au camping, à 2 km de là dans la nuit noire, sous la lumière blafarde de nos deux lampes de poche. On ne voit pas à plus de 5 mètres mais notre odorat est plus performant : le doux fumet de grillades aux herbes nous fait saliver. Les Australiens, même à des kilomètres de toute civilisation, ne partent pas sans leur équipement complet pour le barbecue. On s’endort un peu déçus de nos pâtes au cheddar !

Le lendemain, on se lève de bonne heure pour avoir le temps de faire notre balade du jour et de remonter jusqu’à un autre camping qui sera, on l’espère, un peu moins glacial. Car si Little Capertee Creek Campground est un coin magnifique, les -7°C qui nous accueillent en nous levant nous rappellent qu’on est au fond d’une cuvette bien humide et fraîche. Le temps que nous remontions en van de 7 km le sentier par lequel nous étions venus hier et qu’on se gare sur le minuscule parking, le soleil a réussi à surmonter les falaises et vient nous chatouiller le dos. Heureusement qu’il est présent d’ailleurs, car la boucle de 9 km que nous avons prévu de faire commence par un gué bétonné et on a beau chercher, pas de traversée possible sans tremper les pieds dans les 10 cm d’eau glaciale !

Si nos yeux étaient encore un peu ensommeillés, nous voilà définitivement réveillés par les crampes dues au froid polaire du ruisseau. On se sèche bien vite les pieds et nous voilà partis pour le circuit de Glowworm Tunnel. On commence par une montée assez raide de 1 km sur une ancienne piste 4 × 4 jusqu’au départ de la boucle. On continue sur un chemin plus étroit et moins pentu, beaucoup plus agréable, le long de la falaise, en suivant les anciennes lignes de chemin de fer. Les vues sont magnifiques, mais discrètes, et faute d’une vraie trouée dans les arbres, nous nous contenterons de quelques paysages dévoilés au détour d’un éclaircissement dans les buissons.

Encore une fois, on se dit qu’il y avait vraiment des illuminés pour avoir l’idée de faire passer un train rempli de marchandises sur une bande de terre d’un mètre de large qui est loin d’être plate, et surtout caillouteuse, avec des arbres et au bord d’un gouffre de plusieurs centaines de mètres ! Pour faire passer les wagons, un tunnel de 700 mètres de long a été construit et c’est dans celui-ci que se trouvent les vers luisants.

A l’entrée du tunnel, coincé entre deux flancs de falaise où la lumière ne doit pas souvent pointer le bout de son nez et se nourrissant d’un petit filet d’eau, se trouve un écrin de fougères, d’herbe grasse, et de lianes. Rigolo de se retrouver au milieu de la rainforest après un passage sur les falaises arides et exposées aux vents.

On enfile les vestes et on sort les lampes torches. On espère pouvoir apercevoir des vers luisants, car le couple d’asiatiques que nous avons croisé sur le chemin nous a dit ne pas en avoir vu un seul. On fait attention où l’on pose ses pieds, car le sol est loin d’être plat et sec. Au bout de quelques centaines de mètres, on s’arrête, on se tait, on coupe toute lumière et on attend. Après de quelques minutes, de petits lampions s’allument les uns après les autres, minuscules étoiles vertes qui tapissent le ciel de la grotte. Découverte d’une nouvelle galaxie.

À la sortie, on est tout de même content de retrouver la douceur du soleil et on fait un petit détour de 2,5 km jusqu’au parking auquel on accède par une autre entrée du parc. On y apprend que les vers luisants ont quatre tubes digestifs et qu’ils font de la lumière en fonction de l’oxygène que contiennent leurs excréments et peuvent arrêter de luire en stoppant l’arrivée d’air dans les tubes. Le côté mignon de la bestiole en prend un coup ! On reprend notre chemin pour finir la boucle en passant par Old Coach Road, où passaient les diacres à l’époque. C’est donc assez large et moins sympa que la première moitié. Je me dévisse le cou à essayer d’apercevoir un koala dans les immenses eucalyptus : selon les pancartes, ils sont présents dans ce coin du New South Wales. Mais mon torticolis ressort encore une fois bredouille.

Après être repassés dans l’eau glacée et après un déjeuner au van, on remonte la route d’hier qui est définitivement plus sympa par beau temps. On se rend à Blackheath où on profite d’internet et de toilettes pour faire la vaisselle puis on part à la recherche du camping indiqué à 15 km de là par le Camps 6. On tombe finalement sur un autre camping sympa et gratuit à 8 km uniquement de Blackheath : Blackheath Glen Reserve. Ça nous arrange bien puisqu’on va passer près d’une semaine dans ce merveilleux coin que sont les Blue Mountains.