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Oz. Un an en australie (et plus si affinités)

J+271 à J+275 — Griffith : le van nous lâche une fois de plus

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Avant de quitter le South Australia pour rejoindre le Victoria puis le New South Wales on profite du beau temps tout relatif pour nettoyer le van et prendre des photos en prévision de l’annonce de vente, car oui dans moins d’un mois déjà on retourne à Melbourne pour vendre le van. Déjà. On se fait cuire nos derniers légumes pour le repas du midi et du soir avant de pénétrer dans la Fruit Fly Exclusion Zone où il est interdit d’importer des fruits et légumes frais. Nous repartons sur la Stuart Highway en direction de Mildura, petite ville située dans un coin du Victoria, coincée entre le NSW et le SA. On voit qu’on est dans la région des fruits et légumes : des étals sont disposés en bord de route devant chaque propriété, où il est possible de prendre de gros sacs de fruits et légumes pour une poignée de dollars, le tout dans la confiance la plus absolue, car personne n’est là, c’est du « self service », voire même du « drive ». C’est une sacrée confiance que de laisser les légumes là et d’attendre que les gens laissent de l’argent, et sans avoir peur qu’ils ne repartent avec la boîte pleine de pièces et billets de la journée… C’est perturbant pour nous européen, non pas que l’insécurité soit réelle, mais on nous en parle tellement qu’on n’aurait pas idée de donner autant de confiance.

On ne prend rien, car dans notre ignorance on ne sait pas trop si à l’entrée dans le NSW il y a aussi un embargo sur les fruits et légumes. En fait il n’y en a pas, car la zone d’exclusion s’étend au-delà de la frontière du NSW. Bon tant pis, de toutes façons qu’est-ce qu’on aurait fait de 5 kilos d’oranges, d’avocats ou de potirons ?

On marque un court arrêt à Mildura pour aller sur le net puis on va chercher avec beaucoup de difficulté un camping pour la nuit : celui qui était indiqué dans notre Camps 6, en bord de rivière, est fermé pour l’hiver. On se retrouve donc à devoir rester sur une micro-aire en bord d’autoroute, assez bruyante, mais heureusement ça ne nous empêchera pas de dormir profondément après avoir terminé de regarder la troisième et avant-dernière saison de la série « Le Caméléon » sur l’ordinateur portable.

Le lendemain est une journée de route peu intéressante. Un passage par l’office de tourisme de Balranald nous apprend que le NSW semble l’état qui a le plus de mal à produire une brochure correcte sur ses parcs nationaux. En effet elle est illisible, complexe, et ne donne pas vraiment d’infos utiles, en plus de prendre un agaçant ton touristique. Dans ces conditions comment identifier ceux qui sont intéressants, ou même ceux qui sont sur notre route ? Ça s’annonce compliqué.

Nous marquons un arrêt au Homestead (ancienne ferme) historique de Yanga National Park. Ce vieux bâtiment est joli, avec une expo intéressante, mais à part ça le parc ne propose pas grand-chose et aucune randonnée à faire ici. À défaut de balade on se promène dans le jardin du homestead où des plaques commémoratives rendent hommage aux nombreux chats qui ont vécu dans cette ferme et qui sont enterrés sous les massifs de fleurs. C’est pour le moins étrange.

Après encore des kilomètres de route on se met en chasse d’un nouveau coin pour dormir après Hay. Il y en a bien une dizaine d’indiqués ici sur notre Camps 6, tous dans un rayon de quelques kilomètres, en bord de rivière, mais on ne trouve l’entrée d’aucune ! Est-ce que ça serait sur l’autre rive de la rivière ? Le Camps 6 est encore une fois trop imprécis pour nous aider. On s’arrête sur une aire de repos en bord de route. Mais pas question de passer une nouvelle nuit sur un coin comme ça ! Grâce à mes yeux de lynx (il fait nuit) et pas mal de chance je déniche un chemin cabossé et boueux qui traverse le champ attenant à l’aire de repos, en le prenant on se retrouve au bord de la rivière, c’est en réalité un des fameux campings que nous ne trouvions pas… Et bien voilà, enfin ! Au moins on est à plus de 500 mètres de l’autoroute, même si aucun arbre ne nous en cache.

Le lendemain annonce enfin des activités un peu plus intéressantes. Nous faisons quelques courses à Griffith, ville créée de toutes pièces par un architecte, ce qui se voit dans son architecture rangée et sans surprise, avec ses ronds-points et ses rues à angle droit. C’est typiquement le genre de ville que je n’aime pas. Mais il y a ici une bonne surprise : des douches chaudes et gratuites dans les toilettes du parc municipal, ça c’est une bonne idée !

On part en direction de Cocoparra National Park, à une vingtaine de kilomètres de là, sur une dirt road indiquée comme étant impraticable sans 4x4 par temps humide. Pas de chance il se met à pleuvoir quand on arrive là-bas. Bon on va déjà se balader, ça fait déjà plusieurs jours qu’on n’en a pas eu l’occasion. On avisera plus tard. C’est donc sous une pluie légère mais insistante que nous remontons le long de Store Creek, à escalader quelques rochers dans une petite gorge assez chouette. Par contre au bout de la gorge déception : les chutes d’eau annoncées n’existent pas. Pourtant on est bien en plein hiver et la saison est plutôt humide, mais visiblement pas assez. Tant pis. Nous redescendons jusqu’au parking pour reprendre le van sous la pluie.

La boue rouge colle sur les roues, formant une épaisse couche de boue sur les pneus. Le van glisse un peu sur la route, mais rien de bien méchant, il faut y aller tranquillement et tout va bien, mais c’est sûr qu’après 24 heures de pluie la route doit être bien plus difficile à pratiquer. Mais cette fois le problème ne vient pas de la route. Après quelques kilomètres je ressens une sensation bizarre à la conduite. Quand j’embraye pour repasser à une vitesse inférieure le moteur fait un bruit différent, et une fois alors que je passe de la troisième à la seconde dans un virage tous les voyants du tableau de bord s’allument. Je me demande ce qu’il se passe mais je me dis que vu que ça roule encore je vais conduire jusqu’au patelin le plus proche. Je conduis donc jusqu’à Yenda, où je me gare sur la place centrale à côté des toilettes, en me disant que si le moteur ne redémarre pas on pourra au moins dormir là cette nuit en attendant de voir demain. Anne prend le volant pour faire un tour de la place et là toute l’étendue des problèmes est démontrée : le van déconne complètement. Dès qu’on s’arrête à un stop le moteur cale, et parfois il repart tout seul, parfois pas. Bon c’est pas bon signe, et une fois qu’on a terminé le tour de la place et qu’on s’est à nouveau garés sur le parking impossible de redémarrer le van : le moteur ne veut plus rien entendre.

Bon, ça ne faisait qu’un mois depuis la dernière merde mécanique à Margaret River, donc là on commence à avoir l’habitude mais aussi à en avoir un peu marre, surtout qu’on aurait bien aimé que ce tas de ferraille nous dure jusqu’à Melbourne et nous permette de profiter un peu du NSW. Comme il est déjà 17h30 et que les commerces en Australie ferment tous entre 16h30 et 17h30 on décide de passer la nuit sur la place centrale de Yenda et on appellera l’assistance dépannage demain, car là ce soir ça ne servira à rien de faire venir une dépanneuse pour se retrouver bloqués à Griffith.

Le jour suivant on se lève donc à la première heure, on appelle l’assistance dépannage et on prend le petit déj' en attendant le dépanneur. Une heure plus tard un dépanneur de la NRMA (association d’automobilistes du NSW) débarque avec sa voiture. Après avoir bidouillé sous le siège passager (on n’a pas de capot sur le van) il nous annonce qu’il y a un problème avec le carburateur qui ne fonctionne pas bien au ralenti (idle speed), donc quand on n’appuie pas sur l’accélérateur. Il nous règle la vitesse de ralenti plus haut pour qu’on ne cale pas à chaque feu stop, mais ce n’est pas une solution durable il faut qu’on aille dans un garage. Au moins on peut y aller sans dépanneuse, grâce au monsieur de la NRMA, très gentil.

On appelle donc les garages de Griffith par ordre alphabétique jusqu’à tomber sur un garagiste qui peut nous prendre ce matin. On en trouve un, et on s’y rend à 9h30. Pendant que le garagiste investigue le problème on va squatter la bibliothèque municipale, très accueillante avec son wifi gratuit et ses prises électriques. Dommage par contre le rayons BD et Comics est très peu fourni. On attend donc là. 11h. Midi. 14h. Anne s’énerve de ne pas avoir de nouvelles du garagiste et va au garage, et revient pas plus avancée : il travaille toujours à chercher le problème. Finalement à 16h30 il nous rappelle : il faut qu’on vienne chercher la voiture, mais il n’a pas trouvé le problème, il a réparé quelques fuites dans l’aspiration d’air du moteur mais ça déconne toujours. On est un peu énervés là : une journée pour rien. Heureusement le mécano est sympa et ne nous facture pas les 7 heures de boulot passées dessus. En même temps à 100 dollars de l’heure il vaut mieux vu que le van ne roule toujours pas correctement.

Le hasard faisant bien les choses il existe une aire de camping gratuit et légale au centre de Griffith, on s’y dirige, sous une pluie battante. On appelle les autres garages de la ville pour voir lequel pourrait nous prendre le lendemain matin. On en trouve un, mais je n’en mène pas large quand même. Il faut dire qu’à ce moment-là on déprime un peu, ça commence à faire beaucoup de problèmes, et je suis énervé. Qu’est-ce qu’on va faire de ce van de merde ? Je ne supporte pas de devoir rester là dans le froid et sous la pluie, j’insiste auprès d’Anne pour qu’on appelle la RACV, l’association des automobilistes du Victoria, qui est notre assistance dépannage, pour demander si on ne peut pas avoir droit à un hébergement le temps que le van soit réparé. Finalement deux heures plus tard la RACV nous rappelle : oui c’est bon on vous a réservé deux nuits dans un motel de la ville. Merci la RACV ! On va donc se réconforter dans une grande chambre de motel chauffée avec douche chaude (très chaude !). Ça c’est super, on est tout de suite vachement contents d’avoir pris cette assistance dépannage, déjà que le service d’assistance était super mais en plus ils nous hébergent le temps que le van soit réparé, super.

Le lendemain on se lève encore à la première heure pour emmener le van jusqu’au garage, qui est en réalité un gros complexe comprenant un garage, une casse et un service de remorquage. C’est donc à côté des rayonnages de moteurs et radiateurs d’occasion qu’un grand barbu grisonnant qui n’a plus beaucoup de dents et qui rigole en écoutant notre histoire. En effet il semble que le garagiste qui a essayé de réparer notre van hier n’était personne d’autre que son fils. Fils qui l’avait justement appelé pour lui demander des conseils. Il rappelle donc son fils pour lui demander ce qu’il avait fait hier, il jette un œil à notre van et nous indique qu’il va changer le carburateur vu que son fils a déjà essayé tout le reste. En blaguant il nous dit que les petits jeunes ils n’y connaissent rien aux carburateurs maintenant que toutes les voitures sont équipées d’injecteurs. Bon notre van ne date que de 1999 mais bon s’il le dit. En tout cas il a l’air plutôt sûr de lui et même jusqu’au prix de l’opération : 254 dollars tout compris. Ça nous semble correct, et de toutes façons on n’a pas trop le choix. Il a même déjà un carburateur d’occasion en stock, vu qu’il fait casse aussi.

Il nous demande où on va aller pendant qu’il répare, on lui dit à la bibliothèque et qu’on va y aller à pied vu qu’il n’y a que 3 kilomètres, mais on n’a pas le temps d’insister qu’il décide de nous faire emmener jusque là-bas. C’est donc un vieux monsieur qui nous emmène en 4 × 4 jusqu’au centre-ville. Il se révèle que c’est en réalité le père du barbu édenté, un italien de Venise qui passe son temps à voyager autour de l’Australie dans son Winebago (gros camping car tout équipé) avec son 4x4 attaché derrière. Et quand il ne voyage pas avec sa femme il vient s’occuper au garage qu’il a fondé il y a 53 ans et transmis à son fils. Décidément quelle histoire de famille. En tout cas encore une fois nous tombons sur des gens adorables et accueillants, ça nous met le sourire jusqu’aux oreilles.

Nous passons notre journée à attendre la réparation du van en s’occupant des tâches quotidiennes : lessive et courses. Ici les vêtements ne coûtent rien : je m’achète un jean et un t-shirt à Big W pour 12 dollars (9 euros). Seul problème : leur taille S est trop grande pour moi, et taille comme du L ou du XL en France. Ah au moins j’ai de la marge pour grossir…

Vers 13h le garage nous appelle : le van est réparé, le carburateur changé, il ne cale plus. Cool. On va donc à pied chercher le van, et après un tour dans la ville on repasse au garage, car on trouve que le ralenti est réglé trop bas et que le moteur ne garde pas un régime constant à l’arrêt. Un petit coup de tournevis et ça va mieux. C’est pas parfait mais bon le van roule, on fera avec. On se prend une pizza pour fêter ça en la mangeant à l’hôtel. Et en dessert : donuts ! Hummmm ! Nuit au chaud sous la couverture chauffante de l’hôtel, ah quand même la civilisation a du bon parfois… On va enfin pouvoir quitter Griffith après trois jours ici, et partir explorer le New South Wales !