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Oz. Un an en australie (et plus si affinités)

J+249 — Grimper aux arbres géants

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Dans la confusion d’avoir emmené le van au garagiste il semble que j’ai perdu l’embout du chargeur de voiture pour mon ordinateur. Je suis donc démuni d’ordinateur qui ne peut plus être rechargé, mais en appelant le service après vente de Targus, le fabricant australien du chargeur, j’ai directement au téléphone une personne très gentille qui m’envoie directement et gratuitement en lettre urgente de nouveaux embouts afin de les recevoir en poste restante dès le surlendemain. Ce n’est pas la première fois que je suis incroyablement surpris de la disponibilité et du souci du service présents dans les entreprises australiennes. Ainsi à chaque fois qu’on a voulu ramener quelque chose qu’on avait acheté et qui ne nous servait pas on n’a jamais eu de souci, même si le produit n’était pas défectueux. Le support par téléphone est très accessible et disponible, il est rare de tomber sur un répondeur et les interlocuteurs sont souvent compétents. Enfin quand le produit ne correspondait pas tout à fait à la description ou qu’il arrivait avec du retard l’entreprise proposait un remboursement partiel. Bref on sent bien qu’ici on ne rogne pas sur les coûts à tous les étages, ce qui me paraît étrange pour n’avoir eu que des expériences négatives en Europe. Peut-être que je n’ai juste pas eu de chance.

Une fois ce point réglé on part donc assez tard pour rejoindre Warren National Park en plein cœur du South West. Nous commençons par une scenic route en voiture, Heartbreak trail, qui n’a rien à voir avec une quelconque rupture amoureuse mais qui illustre simplement la difficulté extrême de tracer des chemins et routes dans cette région pour les ouvriers du siècle dernier. On se souvient rarement que même en Europe la plupart des chemins et routes n’ont pas été créés par des bulldozers et des marteaux-piqueurs mais bien par des humains, avec simplement une pelle et une pioche, travaillant jusqu’à l’épuisement ou la mort, dans des conditions difficiles. Cette unsealed road, conçue pour permettre aux pompiers d’accéder à la rivière, traverse donc le parc national et sa forêt de Karris géants, empruntant de multiples montées et descentes, souvent au bord de vertigineux dévers qui plongent jusqu’à la rivière, et sans aucune barrière évidemment. Mon vertige ne s’améliore définitivement pas ici, mais c’est vraiment beau. Cette route fait partie d’un plus grand circuit dénommé le Karri Explorer Trail qui à certains endroits propose des reportages sur la faune et la flore via un émetteur FM : il suffit de s’arrêter sur un petit parking et de brancher la radio sur 100 FM pour profiter d’une expérience un peu plus interactive qu’un simple panneau à lire. C’est très intéressant, et ça permet de se poser un peu et d’admirer les Karris, ces arbres géants, qui sont parmis les trois plus grands au monde, pouvant atteindre jusqu’à 90 mètres.

Enregistrement du Karri Explorer Trail à Warren Lookout : histoire des Karris, conte aborigène et autres informations sur fond sonore de la forêt.

Télécharger (13 minutes, 6 Mo, format Ogg Vorbis)

On termine la route en allant nous garer à Dave Evans Bicentennial Tree. C’est un karri sur lequel on peut grimper jusqu’à une plateforme d’observation de la forêt, à 75 mètres de haut. La montée s’effectue sur de simples grandes barres en métal plantées dans le tronc de l’arbre pour former une échelle. Il y a bien un petit grillage sur le côté, mais en dessous rien, autant dire qu’il ne faut pas louper un pas et tomber entre deux barres si vous ne voulez pas faire une chute de plusieurs dizaines de mètres. Avec mon vertige je ne suis pas rassuré, mais vu que Anne non plus, je me dis que pour une fois ce n’est pas que moi.

Ces arbres ont été « construits » à la fin du siècle dernier pour surveiller les feux de forêt. Le principe était simple : une plateforme au sommet, à laquelle on grimpe avec les barres en métal, accueille un « veilleur » qui passe la journée là haut à scruter la forêt. En cas de fumée suspecte il utilise son « bush telephone » (un téléphone basique, mais avant ça il fallait redescendre de l’arbre avant de courir aller donner l’alerte) pour joindre une personne située en bas qui est en charge de superviser les veilleurs et donner l’alerte. Je vous laisse imaginer : passer l’intégralité de ses journées sur une plateforme minuscule, en plein soleil, et évidemment à cette époque aucune barrière ou grillage pour vous empêcher de tomber. Ça ne devait pas être des plus plaisants.

Cet arbre-ci est un peu différent en réalité, car il a été « construit » en 1988 à l’occasion du bicentennaire de la première de ces plateformes, et en hommage à un auteur de la région qui a écrit un livre complet sur ces arbres et leurs « veilleurs ». Son ascension est donc un peu plus aisée que les autres, et il possède une première plateforme pour faire une pause après 25 mètres de grimpe. Mais il faut quand même escalader les 130 barres de fer jusqu’à la plateforme principale qui avec son poids de 2 tonnes se balade de 1,50 mètres quand le vent est fort. Ça se sent, même avec peu de vent, ça oscille déjà légèrement. Pas rassurant. Mais la vue y est unique, et l’expérience est indescriptible : on n’a pas tous les jours l’occasion d’escalader un arbre de 75 mètres de haut.

Après un sandwich toasté au barbecue (ah l’Australie et ses barbecues publics et gratuits, je ne m’en lasserai jamais), on reprend la route jusqu’à Gloucester National Park, où nous attend notre deuxième arbre de la journée : Gloucester Tree. S’il ne fait que 60 mètres de haut il ne possède pas de plateforme sur le parcours pour faire une pause : vaut mieux éviter de se croiser. Celui-ci est une vraie plateforme d’observation des incendies, datant du début du XXè siècle. Étrangement il est plus populaire que le précédent, avec pas moins de 230.000 visiteurs annuels, dont seuls 46.000 atteignent le sommet. Les autres doivent renoncer, ou tomber peut-être. Le parc ne le dit pas…

Un autre arbre du genre est aussi visible à 10 kilomètres de Manjimup (le Diamond Tree), mais ce n’est pas sur notre route.

On grimpe donc le Gloucester Tree, qui s’avère bien plus effrayant que le précédent, la faute à une montée vraiment raide, mais la vue est encore une fois priceless, sans parler de l’occasion de voir de près les oiseaux qui se posent en hauteur dans les branches et qu’on n’a que peu d’occasions de voir au niveau du sol.

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Avant que le soleil ne se se couche on marque un arrêt à The Cascades où un panneau explique ici la présence d’une créature horrible, une sorte de mélange entre une sangsue et un verre de terre carnivore, avec une bouche remplie de plusieurs rangées circulaires de dents et qui remonte les rivières en sautant par dessus rapides, cascades et rochers pendant l’hiver. Le Lamprey, c’est le nom de cet animal aux apparences préhistoriques, ne nous montrera pas son museau ou plutôt ses dents mais quelque part on est un peu soulagés. Même si sa taille n’atteint que 9 centimètres à l’âge adulte de 4 ans, il n’a quand même pas l’air commode…

Lamprey

Le lendemain, un réveil au frais nous attend, on commence à être habitué, mais quand même -1°C et l’humidité du van c’est pas facile tous les jours. On retourne à Warren National Park pour faire une boucle de 10 kilomètres : Warren River Loop Trail. Comme son nom l’indique elle suit en majeure partie la rivière, et nous emmène à travers la forêt, les Karris géants, les énormes débris d’arbres tombés lors des vents forts, le Heartbreak Crossing où il est possible de traverser la rivière en 4x4 (enfin même à pied je pense que je ne tenterais pas moi), les campings du parc avec ses « camp kitchens » complètes équipées de réchauds, barbecues, éviers, tables et même de sièges-bébés ; et enfin nous terminons par refaire une ascension du Dave Evans Bicentennial Tree, faut en profiter, une attraction comme ça y’en a pas tout le temps !

On terminera la journée en allant à D’Entrecasteaux National Park, mais la pluie nous empêchera d’y faire quoi que ce soit, on restera donc dormir sur le parking de Tookulup pour la nuit, un peu à l’abri du vent de la côte.