Haere.net

L'aventure continue !

Retrouvez les topoguides, les livres et les récits de voyage sur haere.net

Oz. Un an en australie (et plus si affinités)

J+250 — À D'Entrecasteaux y'a tout ce qu'il faut, et à Shannon y'a... de la pluie. Et de la poésie.

Publié le

En ce 14 juillet, jour de fête nationale dans un petit pays à 16.000 kilomètres de nous, on se fout pas mal des célébrations d’une démocratie qui n’en est plus une depuis longtemps. On se lève avec le réveil à 7h30 du matin sur le parking de Tookulup, dans le parc national de D’Entrecasteaux, sous une pluie fine et une humidité qui commence à stagner dans notre petit domicile à roulettes. Hier soir le temps était pourtant à l’éclaircie et nous avons pu nous promener sur la plage et de errer de sublimes arc-en-ciels en magnifiques décors de coucher de soleil.

D’Entrecasteaux National Park

On profite de quelques éclaircies pour aller se balader le long des falaises sur la bien nommée « Cliff Top Walk ». On croise des Bothriembryon (à vos souhaits), une espèce d’escargots méconnue dont les ancêtres remontent à l’époque où la terre n’était constituée que d’un seul continent : Gondwana. Ils sont endémiques à la région, mais on ne sait encore pas grand chose d’eux.

Bothriembryon primitive snail

Un autre animal endémique de la région nous saluera. Présents en nombre en train de se nourrir comme des malpolis et en rigolant fort, les cacatoès noirs (black cockatoos) nous regardent en dégustant leur petit déjeuner. Cette espèce est menacée d’extinction : en 2011 le nombre d’oiseaux a diminué de 35% (selon l'Australian Geographic). Il semble qu’ici en Australie la seule espèce qui prolifère sans problème soit l’humain. Et les mouches.

Black cockatoo

On poursuit notre balade pour aller jusqu’à Cathedral Rock, mais cette partie est moins intéressante, s’écartant des falaises et nous privant donc des vues sur les arc-en-ciels qui alternent avec la pluie. Heureusement il y a aussi un passage nous offrant de belles vues sur les marais, la baie et le reste du parc. On termine avec de la pluie (encore !) qui sera vite séchée par un fort vent.

On reprend la voiture pour aller jusqu’à Mt Chudalup où une petite balade de 1,5 kilomètres (pfff ridicule) nous emmène au sommet de cette grosse bosse en granit qui s’élève au milieu de la plaine et d’une forêt de grands karris. Sur le sentier nous entendons un concert d’étranges grenouilles que nous ne parviendrons pas à démasquer, elles sont visiblement douées pour se cacher dans les herbes. Au sommet nous sommes confrontés à de puissantes bourrasques qui nous projettent une bruine intense au visage. Vu le vent, le granit glissant avec les lichens, la bruine et les panneaux annonçant que des accidents mortels sont survenus ici, on ne s’approche pas trop des bords qui donnent sur des parois abruptes et on se hâte à rebrousser chemin pour être à l’abri du vent.

Mt Chudalup

Nous profitons du grand abri couvert sur le parking et des barbecues fournis pour se faire des crêpes et des légumes grillés. Je réitère l’expérience de faire chauffer de l’eau au barbecue pour aller me laver à la bassine : il fait plus doux aujourd’hui que la fois précédente à Wellington National Park, j’ai moins froid mais je ne dirais quand même pas non à une bonne douche bien chaude…

Nous ne sommes qu’en début d’après-midi, il nous faut occuper notre après-midi, nous nous rendons ainsi jusqu’à Shannon National Park, à 50 kilomètres de là. Nous tentons une petite semi-boucle de deux heures dans la forêt : Rocks Walktrail.

Nous traversons plusieurs ponts décorés de lichens et mousses diverses. Certains ponts ne sont plus très droits et même carrément penchés, d’autres sont composés d’un simple tronc d’arbre en train de pourrir et glissant comme une patinoire. On croise une cache, petit abri de bois qui est censé servir à observer des quokkas, qui sont de petits marsupiaux. Répandus sur Rottnest Island, ils sont quasiment éteints sur le continent, on n’aura donc pas la chance d’en croiser un. Nous atteignons ensuite Morkare’s Rock, un dôme de granit similaire à Mt Chudalup mais plus usé et recouvert d’arbres et d’une épaisse moquette moussue et verte.

Nous passons à côté d’un petit lac artificiel, vestige d’un temps où le coin était un petit village rural propice vivant du fruit des scieries du coin. Il ne reste plus que la digue du lac et quelques blocs de béton en bord de rivière ayant servis de fondations à un moulin pour témoigner de cette activité passée. Aujourd’hui plus personne n’habite à Shannon. Difficile d’imaginer ici un village de 90 maisons, disposant d’une mairie, d’une école, de commerces et même d’une église. On termine notre balade vers 17h30, où la pénombre de la nuit qui tombe dessine d’inquiétantes ombres aux karris géants, il faut un peu se hâter pour revenir à la voiture avant qu’il ne fasse complètement nuit.

Nous allons dormir un peu plus loin sur une aire de repos en bord de route, mais nous repasserons à Shannon et son camping le lendemain matin pour une douche chaude grâce à la chaudière au feu de bois qu’il faut alimenter en bois. Le camping est désert et on ne comprend pas trop comment la chaudière fonctionne, mais l’eau est encore suffisamment tiède pour nous décider à utiliser la douche. La bruine et les éclaircies d’hier ont fait place aujourd’hui à une pluie intense et régulière qui grossit les flaques d’eau et rend les routes en terre glissantes. Vu le temps on décide de ne pas aller sur la « Great Forest Trees Drive », avec le risque de glisser mais surtout le risque que cette étroite route soit coupée par des chutes d’arbres. Nous ne ferons donc pas la « Great Forest Trees Walk » de 8 kilomètres et nous quittons donc le camping et ses refuges en bois comportant lits superposés et poêles à bois.

Sur la route une ambiance tasmanienne se dessine : sous un ciel blanc-gris nous longeons de très près les arbres géants pendant que la pluie rebondit sur le bitume. C’est beau, le coin est désert et semble vraiment très sauvage.

On continue la route en abandonnant l’idée d’aller se promener à Mt Pingarup vu la pluie qui tombe, mais comme le chemin n’a pas l’air passionnant vu qu’il passe par une piste de 4x4 on n’a pas trop de regrets. On termine à Walpole par un passage à l’office de tourisme et au Community Resource Centre, qui nous accueille très chaleureusement pour nous permettre d’aller sur Internet. La soirée sera passée à faire la lessive dans une petite laverie automatique avant de quitter cette petite ville pour aller dormir sur le parking d’un point de vue à 5 kilomètres de là.

On est conquis par ce coin de nature peu connu et peu visité, loin des bus de touristes et de toute civilisation. On se sent isolés ici, cette région nous fascine et nous séduit. On a du mal à se forcer à avancer et ne pas rester des jours entiers au même endroit.