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J+229 — Monkey Mia : des dauphins et des hommes

Publié le

Aujourd’hui on se lève à 5h50 sous une splendide pleine lune et on reprend la voiture pour parcourir les soixante-dix kilomètres qui nous séparent de Monkey Mia, où nous avons rendez-vous à 8h. On ne dépasse pas les 65 km/h pour pouvoir réagir à temps si un wallaby ou un émeu se met à courir sur la route devant la voiture, surtout qu’il fait nuit. Cela nous laisse le temps d’admirer le soleil se lever à l’horizon en de superbes teintes roses et bleues.

Nous arrivons à Monkey Mia un peu en avance, à 7h alors que la plage n’ouvre qu’à 7h45. Bon pas grave on fera la grasse mat' demain ! On se balade un peu, on croise la ranger ce qui nous permet de nous délester des 8 dollars par personne que coûte l’entrée à Monkey Mia.

Monkey Mia est un petit resort touristique au bout de la péninsule de Shark Bay, en soit il n’y a pas de raison particulière de venir jusqu’ici. Sauf qu’il y a des dauphins qui viennent ici tous les jours. C’est un des rares endroits où l’on peut voir de manière quasiment certaine des dauphins dans leur élément naturel et de très près.

L’histoire du lieu remonte aux années soixante quand un pêcheur a commencé à nourrir des dauphins tous les jours à cet endroit. Avec le temps la rumeur s’est propagée et les touristes sont venus de plus en plus nombreux, jusqu’à ce qu’un resort soit construit, de même que des routes, puis que l’endroit soit protégé dans les années quatre-vingt-dix par un parc national marin.

Parce qu’ils viennent ici très régulièrement, les dauphins de Monkey Mia sont étudiés avec attention par les scientifique et ont fait l’objet de nombreuses recherches sur leur comportement. Mais ils sont aussi attendus avec ferveur par les centaines de touristes qui viennent ici chaque jour. Cela a créé de nombreux problèmes au cours du temps, car les touristes venaient nourrir les dauphins à longueur de journée, venaient nager avec eux ou les toucher. Les petits des dauphins ne savaient plus se nourrir sans l’aide des humains et finissaient par mourir de faim. Ou alors les dauphins devenaient agressifs. Bref c’était un peu n’importe quoi.

De nos jours c’est bien plus encadré, même s’il n’est pas sûr que ce soit la bonne solution pour les dauphins. Donc il n’est plus possible de nager avec les dauphins ou de les toucher, et il n’y a que trois séances pour nourrir les dauphins le matin, et chacun n’est nourri que d’une petite quantité de poisson. Enfin la seule manière de les voir est de participer aux trois repas avec les rangers. Mais cela reste à mon sens une expérience unique, voyez plutôt…

Après avoir pris le petit déjeuner dans le van sur le parking, on se rend sur la plage à son ouverture, mais on n’est pas seuls : 190 personnes sont présentes pour ce premier repas. C’est souvent ce qu’on oublie de vous montrer dans les brochures touristiques… C’est une question de point de vue, mais moi je retiens aussi que l’expérience c’est aussi ça :

Enfin, heureusement, ce n’est pas que ça, mais j’y arrive. Donc on attend les dauphins sur la plage, on les voit sauter et apparaître un peu plus loin à l’horizon, c’est joli mais on se demande quand même s’ils vont venir.

Pour nous faire patienter une tortue nous gratifie de sa visite et passe juste en dessous du ponton où nous étions.

Finalement les dauphins empruntent le même chemin que la tortue et après un passage sous le ponton rejoignent la plage. Nous sommes au bord de la plage, les pieds dans l’eau, et les dauphins sont à une poignée de mètres de nous. Impressionnant. On fait ainsi la connaissance de « Nicky » et son petit (calf en anglais) qui viennent se laisser observer, ou plutôt venir nous observer de leurs grands yeux.

Hélas vu la foule peu nombreux sont ceux qui sont choisis par les bénévoles pour nourrir les dauphins, surtout qu’il n’y a que deux dauphins à nourrir. On se dit que c’était pas mal chouette, malgré la foule, et on va se rincer les pieds plus loin pour remettre nos chaussures car il ne fait quand même pas bien chaud.

Sauf qu’on n’aura même pas le temps de se sécher les pieds qu’il faut revenir sur la plage : les dauphins sont de retour pour la seconde interaction. Ça sera bien plus agréable que la première d’abord car nous ne sommes plus qu’une quarantaine, visiblement les 150 autres ont décidé que ça suffisait comme ça et sont repartis aussi vite qu’ils sont venus. Et ensuite parce que nous aurons droit à la visite de pas moins de huit dauphins et la possibilité d’en nourrir cinq. C’est donc après des explications très intéressantes des rangers que nous pouvons mitrailler de photos comme tout touriste qu’il se doit.

Nicky aime visiblement bien jouer et faire des poses qui font pousser à son public des « oooh qu’il est mignon », mais ce n’est qu’une vile stratégie pour quémander plus de poisson. Les rangers ne se laissent pas amadouer.

J’aurais même l’occasion de nourrir un dauphin. Définitivement une expérience que je ne suis pas près d’oublier…

Il n’y aura pas de troisième interaction par contre, les dauphins se sont bien approchés et sont venus faire un coucou mais sont repartis aussitôt. Nous reprenons donc la route en direction de Denham et juste avant on bifurque pour faire un petit détour par François Péron National Park. Ce parc national est uniquement accessible en 4x4 avec les pneus dégonflés à cause de ses pistes de sable particulièrement difficiles à négocier. Du coup avec notre petit van nous ne pouvons qu’aller jusqu’au homestead, une ancienne ferme maintenant recyclée en musée et résidence pour les rangers du parc national. Nous ne pourrons donc pas accéder aux dunes réputées les plus rouges d’Australie.

Pour se consoler le homestead propose de se cultiver un peu avec quelques explications sur le projet Eden, la fameuse clôture à côté de Shell Beach qui tente de protéger la réintroduction d’espèces menacées à Shark Bay. On pourra ainsi voir quelques animaux empaillés, dont un Bilby, car nous n’aurons pas l’occasion d’en voir un à l’état sauvage. Des émeus, des kangourous, des dauphins, oui, mais des bilbys non. Tant pis c’est déjà pas mal !

Pour se consoler on profite d’une attraction locale peu connue : le « artesian hot tub ». Il s’agit d’un spa dont l’eau provient en jaillissant d’un puits artésien, et ce à la température de 40°C. Avec de tels arguments ce n’est pas la pluie naissante qui va nous empêcher d’aller nous prélasser dans cette eau chaude, surtout après tant de douches froides ! Et il faut dire que l’expérience est des plus agréables. Enfin, tant que vous n’essayez pas de boire l’eau qui en plus d’être particulièrement salée contient une concentration de fer importante.

Ce n’est que quand la pluie se transforme en orage et que nos doigts sont frippés comme jamais que nous décidons de finalement sortir de là pour aller se sécher et reprendre la route. Mais on serait bien restés là toute la vie !

Nous repartons vers Denham, le seul village de Shark Bay, en faisant un petit tour par Little Lagoon, un lagon relié à l’océan par un petit estuaire où on verra quelques émeus. À Denham c’est en cherchant un endroit pour faire la lessive que nous rencontrons Mathieu et Stephanie, un français et une anglaise qui parcourent le Western Australia en stop (!). Ils sont venus jusqu’à Denham pour aller voir les dauphins de Monkey Mia mais quand on leur apprend que l’entrée est de 8$ par personne ils décident de ne pas y aller, ça fait trop cher pour eux. C’est un peu con d’être venus jusque là et renoncer mais bon. On accepte de les ramener jusqu’à la roadhouse mais déjà jusqu’au même camping que la nuit dernière car il est déjà tard et on préfère limiter les kilomètres parcourus de nuit.

On passera donc la soirée dans le van avec eux à discuter, manger et jouer aux cartes avant qu’ils ne rejoignent leur tente pour la nuit. Le lendemain après un petit déjeuner ou notre couple-invité mangera une boîte de spaghettis à la sauce tomate, il ne nous restera plus qu’à terminer la route jusqu’à la roadhouse et les laisser là bas pour trouver quelqu’un qui veuille bien les emmener un peu plus loin vers le nord.

Avec Anne on se dit qu’on est quand même contents d’avoir le van pour être à l’abri quand il pleut et ne pas avoir à galérer à monter une tente sous la pluie. Enfin le cas de Mat' et Stef' est encore plus extrême : leur tente ne ferme plus car ils ont cassé la fermeture éclair (ça se répare facilement mais encore faut-il le vouloir ou savoir) et voyagent sans réchaud, ni couverts ni rien pour manger. Avec Anne on se dit que c’est un peu étrange quand même, voir risqué. Sans compter que ne manger que des sandwichs c’est quand même pas très rigolo. De la même manière ils ont renoncé à aller à Monkey Mia pour ne pas dépenser 16$ mais semblent boire un litre de vin par jour et fumer comme des pompiers, ce qui n’est pas exactement gratuit ou bon marché par ici. C’est un choix qui nous semble insensé à nous, mais pas à eux. C’est intéressant de confronter ses idées et sa vision du voyage avec d’autres mais là quand même c’est difficile de comprendre la logique.