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Oz. Un an en australie (et plus si affinités)

J+228 — Cours d'histoire et de géologie à Shark Bay

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Exmouth nous aura laissé un goût amer. D’abord une mauvaise expérience sur la route en arrivant à Exmouth : un 4x4 que l’on a croisé a projeté un caillou sur notre pare-brise, créant un impact en étoile en plein en face de la vue du conducteur. C’est le genre de truc qui risque de faire en sorte que le pare-brise devra être changé au contrôle technique. Après avoir déboursé 66 dollars pour injecter de la pâte de verre dans l’impact pour empêcher le pare-brise de se fissurer on n’était pas particulièrement détendus, mais l’accueil que réserve cette ville résolument hostile aux touristes n’a pas amélioré les choses. Au point que nous pouvons lui décerner le titre de « la ville la moins accueillante d’Australie ». Heureusement après un peu de snorkelling à Cape Range National Park nous quittions la péninsule pour reprendre la route.

La première étape sera Coral Bay, petit village touristique où l’on profite des douches de plage à l’eau salée pour se laver un coup, après une petite séance de snorkelling sur la petite plage du patelin. De jolis reflets bleutés, mais pas un grand intérêt, la plage est entourée de complexes touristiques, campings, hôtels et boutiques de souvenir. J’avoue que je suis pas conquis du tout, surtout quand un groupe de japonaises décide de s’installer sur la plage à côté de nous. Mais pas à côté de nous à 10 mètres, non à côté de nous à 10 centimètres. Il y en a même une qui commence à poser ses pieds sur mon sac à dos. Et cela alors que la plage est loin d’être bondée de monde. Y’en a qui se font pas chier… On s’en va donc un peu forcés.

Plus loin on se prépare des sandwichs toastés au barbecue électrique quand d’un coup un groupe d’australiens qui mangeaient du poulet au barbecue à côté nous offre leurs restes… une bonne dizaine d’ailes de poulet. Miam, merci, ça c’est sympa !

On reprend la route pour re-traverser le tropique du Capricorne que nous avions croisé après Alice Springs il y a quasiment un mois. Le lendemain on arrive à Carnarvon, petite ville de bord de mer qui ne semble pas présenter un intérêt fabuleux. On prend quelques heures pour aller sur Internet et à l’office de tourisme et étudier la possibilité d’aller aux Kennedy Ranges et Mt Augustus. Mais aller aux Kennedy Ranges implique un aller-retour de 450 kilomètres dont une partie de dirt road, avec un seul village sur la route (Gascoyne Junction) dont la seule station essence est fermée les week-ends, et on est vendredi. De plus il ne semble y avoir que des petites balades, même si ça a l’air chouette. Enfin Anne s’oppose fermement à mon envie d’aller à Mt Augustus, qui impliquerait dans les 600 à 800 kilomètres de dirt road. Je finis par revenir à la raison : c’est vrai que ça fait beaucoup de dirt road. Pas envie de rester bloqué avec le van en panne, et puis ça demanderait un peu plus de préparation et donc d’attendre au moins lundi. Tant pis on ira une autre fois, en vélo peut-être ?

On reprendra la route pour s’arrêter un peu avant Shark Bay. Le lendemain on peut enfin prendre le World Heritage Drive qui relie l’autoroute jusqu’à la pointe de Shark Bay, Monkey Mia. Shark Bay est listée au patrimoine mondial et offre quelques endroits intéressants. Le premier c’est les stromatolites.

Alors qu’est-ce que sont les stromatolites ? Et bien rien à voir avec Stromae, car en fait ce sont des cailloux. Oui de simples cailloux dans l’eau ultra-salée des bassins de Shark Bay. Sauf qu’en réalité ces cailloux sont vivants. Ils sont construits par des microbes préhistoriques au rythme de 3 centimètres tous les cent ans. Ce lieu est unique, car avec les Bahamas c’est le seul endroit au monde où ils existent et sont aussi importants. Bien que les stromatolites de Shark Bay ne soient vieux « que » de 3000 à 4000 ans, on a retrouvé des traces de stromatolites vers Marble Bar (dans le désert du Western Australia) vieux de plus de 3,5 millions d’années. On sait que ces microbes ont été jusqu’il y a 500 millions d’années la seule forme de vie sur terre. Comme ils créent du dioxyde de carbone, ils ont joué un rôle fondamental dans l’apparition d’autres formes de vie sur terre. C’est un peu grâce à eux qu’on a de l’air respirable aujourd’hui. Bref c’est pas particulièrement impressionnant visuellement, mais on ne peut que s’incliner face à ces ancêtres qui nous ont permis d’être là aujourd’hui.

De Hamelin Pool, l’endroit où sont les stromatolites, nous prenons une petite balade de 1,5 kilomètres qui va jusqu’à l’ancienne station télégraphique. Nous passons par une ancienne carrière de coquina, une autre spécialité locale. La coquina est une roche formée à partir des coquillages amassés et compactés naturellement. C’est très compact et solide. Dans le passé les gens venaient ici découper des briques de coquina pour construire leur maison. Aujourd’hui ce n’est plus le cas pour préserver ce site historique, les seules briques extraites le sont pour conserver les bâtiments historiques comme l’église de Denham.

Plus loin sur la route on rejoint la célèbre plage de Shell Beach. Cette plage n’a pas de sable mais uniquement des coquillages. Sauf qu’ici l’écologie n’est pas à l’ordre du jour : au bout de la plage une usine d’extraction et broyage de coquillages fonctionne en continu. Les coquillages broyés sont ensuite expédiés chez les éleveurs pour nourrir les poules qui fabriqueront ainsi des coquilles d’œufs plus solides. Ceux qui ne seront pas broyés seront vendus en lot pour la décoration. Quel gâchis. Le comble de l’hypocrisie étant le panneau à l’entrée de la plage demandant de ne pas ramasser de coquillage pour préserver la plage… pendant que l’usine à côté en ramasse des centaines de tonnes. L’australie n’est plus à une contradiction près pour protéger ses intérêts économiques.

En tout cas je dois dire que la plage ne me convainc pas plus que ça, elle n’est pas particulièrement jolie et des plages de coquillages on en a déjà vu dans le Victoria. De plus il fait trop frais pour se baigner et même si on le voulait, marcher sur les coquillages est moins agréable que le sable, sans compter l’eau ultra salée.

Avant la plage il faut traverser la clôture installée ici pour protéger les animaux de la péninsule contre les animaux européens (chats, lapins, renards, vaches, chèvres...), et notamment le Bilby, qui avec son air de grand rat aux oreilles de lapin et au museau pointu est une espèce menacée qui est progressivement réintroduite ici.

On continue la route jusqu’à Eagle’s Bluff où une plateforme en hauteur permet de regarder les poissons se promener dans l’eau peu profonde en contrebas. On aura la chance d’apercevoir deux requins et une tortue, même si avec cette distance on ne verra quand même pas grand chose.

La journée se terminant déjà on se rend à un point de vue sur la route, vers Goulet Bluff, pour y passer la nuit, pas loin d’une autre immense plage de coquillages beaucoup plus jolie que Shell Beach.