J+225 — Ningaloo Reef & Cape Range National Park
Publié le
Par Anne
C’est après un réveil matinal que nous partons en direction de Cape Range National Park. Le parc est situé sur la côte ouest de la péninsule et possède de nombreuses plages où il est possible de faire du snorkelling mais pas que : la pêche est également un des principaux attraits du parc, ce qui peut sembler paradoxal puisque les espèces des eaux des parcs marins sont protégées. Mais puisque l’économie touristique perdrait de précieux revenus sans les touristes pêcheurs, il y a des espaces spécialement réservés pour lancer sa ligne et des quotas bien précis sur le nombre et la taille des poissons.
Il faut savoir que si les poissons tropicaux peuvent être admirés toute l’année, il existe des saisons spécifiques pour avoir la chance d’apercevoir d’autres espèces : en ce moment (mi-juin), on peut rencontrer des raies mantas et des requins baleines qui, comme leur nom ne l’indique pas, ne sont ni des requins ni des baleines mais des poissons. On me rétorquera que les requins sont également des poissons et j’en profiterai pour étaler ma dernière connaissance nouvellement apprise : les requins sont certes des poissons mais ils n’ont pas d’arêtes mais du cartilage ce qui leur permet d’être hyper souples et d’être à l’abri de tous les problèmes dûs au vieillissement comme l’arthrite, l’ostéoporose, la calcémie et la fameuse fracture du col du fémur (ce qui serait plus utile pour les Hommes parce que les escaliers en mer , c’est quand même rare). La mutuelle des requins vieillissants doit donc être nettement moins onéreuse que celle des humains retraités (tout du moins qui commencent à prendre de l’âge parce que la retraite de nos jours, c’est plus une notion très bien délimitée) d’autant plus que contrairement aux humanoïdes, les requins ont les dents qui repoussent quel que soit leur âge (faut dire qu’ils en perdent jusqu’à 30 000 durant leur vie).
Pour ceux qui s’imaginent qu’on passe notre temps à se laisser porter au gré du van, vous voyez qu’on se cultive aussi !
Bref, notre objectif de la journée était donc de partir à la rencontre de la faune et la flore marine. On s’est donc renseigné sur les marées parce qu’il est toujours mieux de faire du snorkelling à marée haute afin de ne pas abîmer les coraux qui sont proches de la surface. Or ce jour-là, marée haute était prévue à 8h30 et 18h50. Bien que nous soyons dans une zone qui n’a aucune idée de ce que sont des températures inférieures à 10°C, on est quand même à deux jours du solstice d’hiver et l’idée de faire trempette à 9h du matin alors qu’on porte un pull et des chaussettes ne m’enchante pas plus que cela. On décide donc de se baigner dans l’après-midi et de profiter de la matinée pour faire les deux seules balades disponibles dans tout le parc. On commence par un aller et retour de 2 km à Yardie Creek qui nous fait passer le long d’une gorge. Ce n’est pas très intéressant mais on voit des rock wallabies perchés sur des rochers le long d’une falaise, on se demande bien comment ils ont réussi à venir là et surtout comment ils vont repartir !
On croise également un kangourou endormi qui profite allègrement du soleil, à l’abri du vent. Life is so difficult !
Notre deuxième balade est une boucle de 3 kilomètres dont le point de départ est Mandu Mandu Gorge. C’est plus chouette même si la première moitié du chemin se fait au fond de la gorge dans le lit de la rivière (qui ne coule jamais) sur des gros galets, ce n’est pas des plus pratiques. La partie au sommet de la crête est beaucoup plus agréable, avec de belles vues sur l’océan indien.
On se rend ensuite à Turquoise Bay pour enfin faire ce pour quoi on était venu : du snorkelling. Il fait maintenant suffisamment chaud pour avoir envie de se baigner même si un petit vent empêche de pleinement se croire en été. N’ayant pas de palmes et étant bien loin d’être une nageuse hors pair, les avertissements sur les courants dangereux qui peuvent vous emporter au large m’avaient un peu fait peur. Finalement, à l’image de l’appréciation de la difficulté des randonnées, les Australiens sont encore une fois très précautionneux : c’est beaucoup plus facile que prévu. Il y a peu de courant étant donné que les vagues s’écrasent sur les récifs à une centaine de mètres plus loin au large. Accessoirement, ça empêche les requins de venir nager à vos côtés et n’en déplaise aux amateurs de sensations fortes, je trouve ça plutôt rassurant. On n’a pas besoin de s’éloigner très loin des côtes (une cinquantaine de mètres tout au plus) pour admirer les centaines d’espèces de poissons tropicaux qui gravitent autour des dizaines d’espèces différentes de coraux.
Et quel régal pour les yeux. En général je préfère ne pas savoir ce qui partage un bain avec moi : je n’ai jamais vraiment voulu savoir combien de poissons chats, algues gluantes et autres canettes de bière contient la Saône et, quand je nage, je suis fidèle à la théorie de l’autruche : si je ne vois pas, ça n’existe pas (Saint Thomas aurait-il donc été une autruche ?). Et puis, avouons-le, lunettes ou pas, dans la Saône, on ne voit déjà pas sa main quand elle est devant les yeux alors les poissons. Toutefois, ici, ce serait une folie de ne pas contempler les mille et une merveilles qui vous font l’honneur de vous accueillir dans leur cuisine. Il semble que chaque poisson veuille surpasser son cousin en termes de costume : leurs couleurs sont toutes plus éclatantes les unes que les autres et chaque espèce a une taille, une forme, des nageoires, des yeux différents ! Je croise un gros poisson vert pomme et violet, des bancs de tout petit poissons bleu EDF, des striés jaunes, des tout rond marron, des zébrés noirs et blancs, des rouges écrevisses, des longs avec un nez allongé, des blancs argentés qui scintillent… Il suffit de tourner la tête pour voir une nouvelle espèce ! Je vois même un combattant noir et blanc, le même que dans Nemo (on a les références qu’on peut). Les coraux ne sont pas en reste : même si je m’attendais à quelque chose de plus coloré, ils sont tous différents et possèdent des recoins et des formes très artistiques. Des petits poissons se réfugient tous dans un corail alors que je m’approche et ressortent tous en même temps quand je ne bouge plus, quelle coordination. J’entends même le bruit qu’ils font quand ils croquent un morceau de corail.
Je pourrais passer des heures à rester dans l’eau, j’ai l’impression d’être dans un aquarium géant et encore, je n’en ai jamais vu avec autant de diversité. De plus, l’impression d’être le seul être vivant dans tout l’océan, sans aucun bruit que celui de ma respiration (agrémenté parfois de gargouillis quand j’oublie que le tuba ne fait que 50 cm …) est tout à fait impressionnant. Je ressors quand même parce qu’il fait un peu frais et le récit de mes découvertes sous-marines fait sourire Sylvain qui a l’impression d’écouter Christophe Colomb qui revient des Amériques (à défaut de ses talents d’explorateur, j’ai son sens de l’orientation).
La péninsule d’Exmouth remonte en flèche dans mon estime et je ne regrette finalement pas d’avoir fait le détour.