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Oz. Un an en australie (et plus si affinités)

J+203 — Keep River, dernière étape du Northern Territory & Lake Argyle, première du Western Australia

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Si vous voulez mon avis : méfiez-vous des crêpes. En effet après une journée à Gregory National Park sur la Victoria Hwy et une bonne pile de crêpes avalée, le réveil fut difficile : mal de tête, mal au ventre, fièvre… C’est officiel : je suis malade. Une bonne gastro, à trois cent bornes de la première ville, et forcément en regardant dans la trousse à pharmacie tous les médicaments venaient juste d’expirer et étaient donc bons à jeter. En plus déjà qu’avec la chaleur il faut boire plusieurs litres d’eau par jour, en étant malade comme ça, c’est encore pire, et nos réserves d’eau ne sont pas non plus infinies.

Mais ça peut aller, sauf quand on sait que dès que l’envie nous prendra il va falloir marcher une centaine de mètres au milieu du bush et sortir sa pelle pour creuser son trou avant de pouvoir se soulager. Déjà que j’avais du mal à tenir debout, il me semblait d’un coup impossible d’accomplir cette tâche aussi simple sans terminer à l’hôpital. Bref j’étais au bord de l’agonie, prêt à appeler les Royal Flying Doctors pour qu’ils viennent poser leur avion sur l’autoroute (qui sert de piste d’atterrissage d’urgence).

Bon peut-être pas non plus. Il faut savoir se ressaisir. Se dire que dans deux ou trois jours on sera dans une ville, et qu’en attendant il suffit de rester allongé, de boire beaucoup et ne manger que du riz. Pas le plus passionnant des programmes mais il faut savoir faire contre mauvaise santé bonne fortune, ou une expression similaire.

Le programme de ce mardi 28 mai est de se rendre à Keep River National Park, dont l’entrée se situe à deux kilomètres seulement de la frontière avec le Western Australia. De là il faudra emprunter des dirt roads à la qualité variable mais majoritairement bonnes. D’un autre côté il vaut mieux, il y a quand même plus de cinquante kilomètres à faire dessus.

Après un arrêt au robinet d’eau potable situé sur la route, on éclabousse le van dans un petit passage à gué dans une rivière (profondeur estimée après être descendus et avoir mis les pieds dedans : 2 centimètres. OK je pense que là on peut passer !) et on se gare à Gurrandalng campground. Pendant que je pars roupiller m’évanouir à l’ombre de rochers mon infirmière personnelle (hey c’est ça d’être riche !) m’apporte un grand plat de riz. Berk ! Mais bon puisqu’il le faut… Après un peu de repos je me sens un peu mieux, mais il me sera quand même extrêmement difficile et laborieux de parcourir la petite boucle de deux kilomètres que constitue Gurrandalng Walk. Mais heureusement il y a le paysage sublime pour compenser.

On se déplace d’une quinzaine de kilomètres pour atteindre notre camping pour la nuit, Jarnem Campground, qui pour la modique somme de 5$ par personne nous permettra de profiter de l’eau pour se laver à la bassine (mais si vous savez, comme nos grands parents quand il n’y avait pas encore de douche ou de baignoire dans toutes les maisons) et faire un feu de camp. Feu qui nous permettra de faire cuire nos patates douces en papillotes, un vrai délice. Dommage que je n’apprécie pas vraiment la nourriture, quelle qu’elle soit, en ce moment…

Le lendemain je vais mieux quand même, je ne vais peut-être pas mourir finalement ? Heureusement car ça m’aurait fait mal de louper la boucle de sept kilomètres qui part du camping. D’abord on progresse jusqu’à un lookout sublime sur les montagnes alentour, qu’il est hélas bien difficile de retranscrire en photo.

Le reste de la boucle s’aventure à l’ombre des palmiers et des eucalyptus, tantôt dans les plaines, tantôt au pied des falaises. Il y a ici aussi quelques peintures aborigènes, mais elles sont sacrément abîmées, et il n’y a rien d’aussi sympa qu’à Gregory National Park. Le seul bémol de cette balade sera quand même les trois kilomètres à faire au milieu de la brousse, sans ombre, en plein soleil. Trois kilomètres qui semblent du coup bien longs. Heureusement on peut avoir l’occasion d’y croiser quelques papillons des plus jolis.

Hélas le parc n’offre pas beaucoup d’autres randos et points d’intérêt, à moins de s’aventurer en 4x4 vers le sud, ce qu’on ne fera pas, n’ayant pas de 4x4. Il ne nous restera donc plus qu’à faire les vingt-cinq kilomètres de dirt road pour rejoindre l’autoroute. Une bonne occasion de mesurer la couche de poussière rouge qui se dépose à l’intérieur du van quand on roule : suffisante pour faire ressembler notre espace cuisine dans le coffre à un vieux musée recouvert d’une bonne épaisseur de poussière.

Après avoir passé la frontière avec le Western Australia et s’être vus confisqués un pot de miel (interdit sans autorisation) au poste de contrôle de la quarantaine, on se rend à Lake Argyle. C’est le plus grand lac artificiel d’Australie, avec une surface de plus de 1000 km². Créé dans les années soixante-dix pour irriguer de futures rizières géantes et autres surfaces agricoles destinées à concurrencer l’Asie, il s’avéra après construction que l’eau contenait trop de bactéries pour servir à la culture du riz. Les rizières ne virent jamais le jour, et le lac ne sert plus qu’à l’irrigation de quelques rares surfaces agricoles, et évidemment pour le tourisme : pêche, nautisme, etc.. Mais pas question de s’y baigner : il est infesté de crocodiles. Dommage !

Il n’empêche que le lac, malgré le fait que ce soit une catastrophe écologique (noyer des kilomètres de vallées ne se fait pas sans conséquence) est très joli, notamment du fait des collines qui l’entourent. À l’horizon on peut voir qu’il serpente au loin dans d’innombrables vallées, mais il n’est pas possible d’explorer en voiture au delà du barrage, dommage.

On terminera la journée par un passage à Kununurra, première ville du Western Australia, pour faire quelques courses avant d’aller dormir un peu plus loin à l’intersection de la Victoria Highway et de la Great Northern Highway, au son des road trains passant tout au long de la nuit.