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Oz. Un an en australie (et plus si affinités)

J+180 — Kings Canyon

Publié le

(Par Anne)

L’Australie, c’est grand. Et c’est bien quand tu traverses le pays du sud ou nord (ou vice-versa, la distance est sensiblement la même) que tu t’en rends le plus compte. En effet, 600 kilomètres séparent Coober Pedy de l’intersection qui mène vers l’ouest à Kings Canyon et Uluru-Kata Tjuta National Park et il vous faut encore parcourir environ 300 kilomètres pour vous rendre à l’un ou l’autre. Et entre les deux, ben, y’a pas grand chose à faire. Pour ne pas dire rien. Vraiment rien. Annoncé comme ça, ça semble assez ennuyant (et effectivement, ça l’est un peu) mais le paysage à lui seul relève la monotonie de la route. Le voyage vers le centre rouge est de toute façon une aventure à lui tout seul. Imaginez une route pratiquement rectiligne durant des centaines de kilomètres, du sable rouge à perte de vue, quelques croisements de caravanes, une végétation un peu plus dense et élevée que dans le South Australia et des dépassements par des road train, ces longs camions de marchandises qui s’étirent jusqu’à cinquante-quatre mètres (oui, on ne roule pas vite) et vous aurez un petit aperçu du périple. Mais Sylvain vous en a déjà parlé au précédent article (je l’aurais fait mieux que lui, tant pis pour vous !).

Kings Canyon (appelé Watarrka par les Aborigènes) est, comme son nom l’indique, un canyon (pour les rois, par contre, on ne les a pas croisés), situé au centre de l’Australie, dans le Northern Territory, nous laissons donc derrière nous le South Australia, pour mieux y revenir d’ici un mois ou deux.

Le camping gratuit le plus proche de Kings Canyon en est éloigné de 120 km et comme il est fortement conseillé de se promener dans le canyon aux heures les moins chaudes de la journée (la balade est fermée au-dessus de 40°C), on se lève à 5h30 pour ne pas y être trop tard. On aurait peut-être pu dormir un peu plus longtemps parce qu’aujourd’hui, c’est nuageux et il ne fait pas trop chaud.

On commence donc par l’une des deux balades proposées : le Rim Walk (littéralement le chemin du bord) qui est un circuit de six kilomètres au sommet du canyon. On doit donc commencer par grimper sur ce fameux canyon par la montée des infarctus car il y a tous les ans plusieurs personnes qui sont victimes d’un accident cardiaque en la gravissant. Des émetteurs radio d’urgence sont d’ailleurs disséminés tout au long de la balade afin d’alerter les secours le plus rapidement possible en cas de problème. Autant vous rassurer tout de suite, certes, ça grimpe mais c’est loin d’être impossible, à condition de faire des pauses. Kings Canyon étant très réputé, de nombreux touristes à la préparation et aux conditions physiques variées s’attaquent à la montée et n’y parviennent pas mais si vous n’avez pas de problème physiques particuliers, c’est abordable. Il vaut quand même mieux essayer de s’y attaquer aux heures les moins chaudes de la journée, c’est plus agréable.

Certains et ce, d’ailleurs, aux quatre coins de l’Australie, arrivent sur un lieu, prennent une ou deux photos et s’en vont sans même prendre le temps de regarder avec leurs propres yeux ! Je ne parle même pas du fait de marcher quelques mètres pour admirer les merveilles qui se trouvent un peu plus loin. Sans compter ceux qui descendent de leur bus/voiture, prennent une photo du panneau d’information (sans le lire, cela va sans dire) et une photo du monument/lieu et remontent dans leur véhicule. La palme revient à ceux qui ne prennent même pas la peine de descendre de leur voiture : ils se rapprochent du panneau d’information et prennent en photo l’attraction du coin sans parfois même prendre la peine de baisser leur vitre ! Je me demande parfois pourquoi certains font tant de kilomètres pour ne même pas profiter de la vue… J’ai déjà l’impression de passer à côté de milliers de paysages, d’animaux, de points de vue, de monuments sans y prêter suffisamment attention, que j’essaie de m’attarder le plus possible sur ce que je remarque ! A chacun son tourisme et ses centres d’intérêt, c’est vrai, mais dépenser autant d’argent et se ficher de la destination et de l’environnement, autant rester dans un bon hôtel près de chez soi, c’est quand même moins coûteux.

Pour en revenir à la balade, la montée est raide mais assez courte et puisqu’aujourd’hui, il ne fait pas très chaud, c’est assez facile. Elle offre des vues alléchantes sur les environs, qui donnent plus qu’envie de continuer. Les rochers sont magnifiques, ils ressemblent à des grosses pommes de pin ou des ruches (ça dépend de l’imagination qu’on possède), composés de plusieurs couches de roches horizontales empilées les unes sur les autres. On se croirait dans un autre monde, plus ancien et c’est pour ça que cette partie de la balade s’appelle The Lost City, à l’image d’une cité aztèque perdue.

Un aller et retour d’un kilomètre nous fait traverser un petit pont entre deux rochers (les restes de l’ancien pont qui est tombé il y a plusieurs années sont toujours visibles en contre-bas) et nous emmène à Cotterills Lookout sur des chutes d’eau à sec une grande partie de l’année mais qui offrent une belle vue sur la falaise. Suit une série de marches qui descendent puis remontent dans une gorge entre deux falaises. Et c’est pour le moins original dans ce coin aride, rouge et sableux, il s’y trouve une végétation luxuriante ! De l’herbe verte, des fougères et même des eucalyptus réussissent à pousser grâce à la fraîcheur entre les deux murs de roche et à un petit ruisseau qui serpente au fond. Un autre aller et retour d’un kilomètre nous emmène au Garden of Eden (le jardin d’Eden), un trou d’eau assez profond dans lequel on peut se baigner. Aujourd’hui, on n’a pas très envie, il ne fait pas suffisamment chaud mais on passe quand même du temps à admirer, c’est tellement charmant et inattendu dans ce décor.

Nous remontons au sommet du canyon où nous attendent de superbes vues de la falaise sur laquelle nous venons de marcher. Je remarque que je me trouvais quelques dizaines de minutes plus tôt sur un rocher d’à peine un mètre de large surplombant un vide d’une centaine de mètres. La falaise est noire et orange et parfaitement lisse, on dirait que quelqu’un a passé la ponceuse tout du long. C’est impressionnant, majestueux et splendide mais j’ai l’impression de passer mon temps à répéter les mêmes mots. On redescend doucement sur le parking, on croise le chemin du Giles Track, une randonnée de 22 kilomètres qui relie Kings Canyon à Kathleen Springs (mais Kathleen Springs est inaccessible au moment de notre visite, dû à un feu de brousse qui a détruit le paysage). Notre guide de balade nous conseillait de faire un kilomètre aller et retour sur ce chemin pour apprécier le paysage mais comme on ne l’a lu qu’après, on ne l’a pas fait.

Le temps de manger une salade (nous sommes devenus des personnes à l’alimentation équilibrée : plus de pâtes carbonara et de pizza heureusement, il nous reste les crêpes au nutella) à l’aire de pique nique située à 2 kilomètres du parking, nous revenons pour une petite balade de deux kilomètres, Kings Creek Track, au fond de la gorge. C’est ombragé et rafraîchissant et on est récompensé à la fin par une belle vue sur les falaises, qui permet d’apprécier encore plus la grandeur de ces falaises.

Nous repartons ensuite en sens inverse direction Uluru et Kata-Tjuta, il reste encore pas mal de route devant nous car si cela semble à deux pas sur la carte par rapport à l’immensité du reste du pays, il faut parcourir 350 km avant de pouvoir participer à l’éternel débat sur « quel est le plus beau : Uluru, Kata Tjuta ou Kings Canyon ?».