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Oz. Un an en australie (et plus si affinités)

J+182 — De Kata Tjuta à Alice Springs

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Rien n’est juste en ce bas monde. Et cela s’avère particulièrement vrai pour Kata Tjuta. Autrefois dénommée « The Olgas », cette montagne composée d’une trentaine de dômes, dont le plus élevé fait plus de 1000 mètres, soit 200 de plus qu’Uluru, ne figure qu’en second dans le nom du parc national. Et on comprend vite que ce n’est pas elle l’attraction principale. Alors qu’Uluru dispose de visites guidées, de plusieurs points de vue pour le lever de soleil et le coucher de soleil, Kata Tjuta ne possède qu’un point de vue pour le lever du soleil ; l’espace de pique-nique qui est censé servir pour le coucher du soleil est tout bonnement inutile : de grands arbres cachent la vue. De plus il est impossible de profiter du lever de soleil ou du coucher de soleil sur Kata Tjuta dans de bonnes conditions, en effet la montagne est située à plus de cinquante kilomètres de l’entrée du parc national et les horaires d’ouverture et de fermeture de celui-ci empêchent d’être là avant le lever du soleil ou de rester après le coucher du soleil. Enfin le cultural centre est particulièrement bavard sur la signification d’Uluru, mais quasiment silencieux sur celle de Kata Tjuta, or une bonne partie est également sacrée pour les Anangu. Bref, la star ici c’est Uluru, et Kata Tjuta doit rester dans son ombre.

Et pourtant… Kata Tjuta s’élève à 500 mètres au dessus de la plaine, contre seulement 300 mètres pour Uluru. Sans compter la surface : Kata Tjuta est gigantesque ! À l’origine c’était un monolithe comme Uluru, mais avec l’érosion de l’eau et du vent, c’est devenu un ensemble de dômes. La principale balade à faire c’est « Valley of the winds » qui serpente entre les dômes. C’est une superbe petite boucle de sept kilomètres, qui donne envie d’en voir plus mais hélas la seule alternative c’est Malpa Gorge, un aller/retour de moins d’une heure, intéressant mais pas vraiment difficile. Et c’est tout, pourtant il y aurait de nombreuses possibilités ici de faire des randonnées très intéressantes mais rien n’est prévu, quel dommage !

Tant pis, on va quand même essayer d’en tirer le maximum dans cette dernière journée sur le parc national, on entre dans le parc dès l’ouverture, pour être au plus tôt à Kata Tjuta, pour essayer d’admirer le lever du soleil (hélas impossible, en arrivant à Kata Tjuta le soleil est déjà bien levé), et aussi faire la boucle de la vallée des vents assez tôt car elle est parfois fermée dès 9h du matin à cause de la chaleur qui peut atteindre 10°C de plus dans les gorges entre les dômes que dans le reste du parc. Heureusement aujourd’hui il fait plutôt doux : entre 30 et 35°C (soit entre 40 et 45°C dans les gorges). Après quelques centaines de mètres nous arrivons au premier point de vue, et surprise, les vallées de Kata Tjuta sont toutes vertes, offrant un contraste saisissant avec les dômes rouges.

S’ensuit la première partie de la boucle, la plus jolie et la plus intéressante, à escalader sur le sentier, encaissé entre les dômes, suivant de petits trous d’eau où viennent s’abreuver les nombreux oiseaux des vallées, jusqu’au second point de vue. Nous y attendrons en vain pendant près d’une heure que les groupes de touristes s’en aillent pour pouvoir prendre quelques photos, mais les groupes se succèdaient les uns aux autres, jusqu’à ce que nous abandonnions. Le plus surprenant sera ces groupes de touriste invités par leur guide à rebrousser chemin plutôt qu’à terminer la boucle, ceci afin de gagner peut-être un kilomètre ou deux. Quel intérêt de venir jusque là pour ne pas explorer complètement le lieu ? Mystère.

Nous reprenons le chemin de la boucle et la terminons par quelques kilomètres sous le soleil sur un sentier des plus aisés à suivre, on s’ennuie un peu. Du coup à la fin de la boucle, avant de rebrousser chemin jusqu’au premier point de vue, nous décidons de rajouter deux kilomètres à la balade en ajoutant un aller/retour vers le second point de vue, qui sera hélas toujours occupé par des groupes en voyage organisé. On croisera aussi quelques australiens à bout de souffle, visiblement au bord de l’évanouissement, épuisés d’avoir grimpé les deux kilomètres jusqu’au point de vue. On se dit du coup qu’on est quand même sacrément sportifs… Pourtant cette balade n’est pas vraiment difficile.

On retourne au van pour le déjeuner, mais pour ça il faut reprendre un peu la route jusqu’au seul espace de pique-nique de Kata Tjuta, également le seul endroit avec des toilettes et de l’eau. Après un repas bien mérité nous repartons marcher dans Malpa Gorge, où nous mettons moins d’une heure à effectuer l’aller-retour, sur un terrain quasiment plat. Un peu décevant pour une montagne comme celle-là, mais pas vraiment le choix.

Nous terminons la journée en rejoignant l’espace dédié au lever du soleil, car celui consacré au coucher de soleil est inutile étant donné que la vue est obscurcie par de grands arbres. Et c’est de là que nous regardons le soleil se coucher derrière Kata Tjuta, avant de quitter le parc et rentrer à notre camping sauvage de prédilection.

Le lendemain, nous nous réveillons en pleine réflexion et remise en question. En effet on avait constaté que nos réserves budgétaires avaient beaucoup diminué, et nous avions pensé à essayer de trouver un travail à partir de ce moment, pour environ deux mois. On avait donc profité de ces derniers jours à Uluru-Kata Tjuta pour postuler à Yulara.

Yulara, ou Ayers Rock Resort, est un village touristique à la porte du parc national. Avec ses hôtels, son camping, ses activités touristiques, son supermarché et sa station essence, près de mille personnes y travaillent à l’année (il existe une bibliothèque, une école, et même un hôpital), et c’est sans compter les milliers de touristes qui y viennent chaque jour. C’est bien simple, en comptant les touristes Yulara serait la troisième ville du territoire du nord. À Yulara tout appartient à Voyages (sauf l’hôpital et quelques activités touristiques comme les balades en chameau), une entreprise de tourisme, qui elle-même appartient aux aborigènes. Ça simplifie pas mal pour chercher du boulot, il suffit de postuler à un seul endroit.

Sauf qu’en calculant un peu, on s’est rendus compte que si on travaillait deux mois à cet instant, nous n’aurions plus assez de temps pour terminer notre boucle, nous devrions donc rebrousser chemin, sans avoir vu ce que nous voulions voir. On aurait donc de l’argent, mais plus de temps pour l’utiliser. Un peu bête. On regarde l’état des comptes : je peux prêter de l’argent à Anne, et ça devrait suffire pour voyager trois ou quatre mois encore, soit la fin de la boucle. Ensuite on pourra revendre le van, et la revente me remboursera en partie, et enfin on pourra aussi chercher du boulot à ce moment-là.

Bref on a décidé de faire un changement de cap à 180° : plutôt que de chercher un travail, nous allons simplement voyager, et si on termine la boucle en avance on pourra peut-être travailler. C’est une bonne nouvelle pour notre moral, moins pour nos comptes en banque, mais on devrait s’en sortir. Le plus important c’est de savoir ce que nous voulons : profiter de notre voyage à fond, et ne pas faire l’impasse pour des raisons financières. Ça serait bête d’être venu jusque là, d’avoir dépensé autant d’argent, pour ne pas en profiter maintenant. Alors profitons ! Nous ne resterons donc pas à Yulara pour attendre une réponse, et les semaines suivantes nous prouverons qu’on a eu raison : nous n’avons jamais eu de réponse.

Après ces réflexions, nous repartons en direction d’Alice Springs en s’arrêtant pour la nuit quelques deux cent kilomètres avant la ville.