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Oz. Un an en australie (et plus si affinités)

J+178 — Stuart Highway, de Port Augusta à Coober Pedy

Publié le

Après avoir quitté les Flinders Ranges nous repassons par Port Augusta pour profiter de leur bibliothèque et du wifi gratuit (comme dans quasiment toutes les bibliothèques australiennes !), avant de prendre la célèbre Stuart Highway. Cette route traverse l’Australie du nord au sud, de Darwin à Port Augusta, sur 3.000 kilomètres.

C’est symbolique pour nous : c’est le début de notre grande boucle d’Australie qui d’Adelaide va passer par Alice Springs au centre, Darwin au nord, Broome au nord-ouest, Perth au sud-ouest, avant de terminer par revenir jusqu’à Port Augusta. Une boucle de plus de 10.000 kilomètres, et ce sans compter les nombreux détours ! Bref c’est maintenant que commence l’aventure, la vraie, loin des centres urbains et des facilités dont on a l’habitude : pas de téléphonie mobile, pas d’Internet, peu d’eau potable, et les garages susceptibles de réparer votre voiture en cas de pépin sont rares… et chers.

Bref ça rigole plus. Même s’il faut quand même relativiser. La Stuart Hwy n’est certes pas une autoroute au sens français du terme : pas de terre-plein central, pas de glissières de sécurité, pas de bande d’arrêt d’urgence. Bref c’est plutôt comme une simple route nationale avec une voie dans chaque sens, quelques marquages au sol et c’est tout. Mais c’est tout de même une grosse route (au sens australien), avec beaucoup de passage, des stations essence tous les 200 ou 300 kilomètres, et des villes ou villages tous les 500 kilomètres environ. De plus ce n’est pas non plus une dirt road cabossée et sinueuse, mais une route bien bitumée (avec quand même quelques trous) majoritairement droite et surtout ennuyeuse.

Mais toute aventure est relative : faire la Stuart Hwy sera toujours plus une aventure que tourner sur des rocades autour d’une ville, même si pour un baroudeur en 4x4 habitué des dirt tracks ça semblera surtout être une route facile et monotone, alors que pour un cyclotouriste en VTT le 4x4 lui semblera être le genre d’aventure confortable que n’importe quel péquin peut entreprendre. Et on peut continuer longtemps comme ça, car je ne vous parle même pas de ce que sont tous ceux-là pour l’aborigène qui traverserait le pays à pied. Tout ça pour dire que toute aventure est relative, et pour nous, par rapport à notre vie relativement tranquille en France, entreprendre plus de 10.000 kms de route pour traverser le pays, c’est une vraie aventure.

Mais revenons au récit de notre traversée.

Nous nous arrêtons pour la nuit sur une aire de repos après 230 kilomètres parcourus. On fête notre départ dans cette grande boucle autour du pays avec de bonnes crêpes comme en France (bon sauf que y’a pas de reblochon, pas de camembert, seulement du cheddar, et que le jambon a un goût de caoutchouc).

Au lendemain nous partons explorer dans la fraîcheur de l’aube et du vent fort qui souffle, sous un soleil déjà éblouissant. Car nous sommes garés juste à côté de Lake Hart, un grand lac de sel, pourtant pas si grand avec ses 10 kilomètres de large. En tout cas quand on compare avec les autres lacs de sel du coin comme Lake Frome, Lake Gairdner, Lake Eyre ou encore l’immense Lake Torrens (200 kms). Évidemment ces lacs ne contiennent pas d’eau, sauf en période de pluie et d’inondations (et encore), mais simplement du sel qui sèche au soleil, sur des surfaces immenses. Un peu comme si on avait vidé la mer de son eau.

Lake Hart est probablement le plus facile d’accès avec Island Lagoon (cinq fois plus grand) : il suffit de sortir de l’aire de repos et marcher un peu, traverser la voie de chemin de fer qui s’étends de Darwin à Adelaide (attention aux trains, ils peuvent faire plusieurs kilomètres de long) et vous pouvez maintenant marcher sur le lac, dans toutes les directions.

Le paysage est irréel, superbe, incroyable, et je ne peux en dire plus car je viens d’épuiser mon maigre vocabulaire en la matière.

On ne peut pas rester sur le lac à s’amuser comme ça toute la journée, il faut qu’on reprenne la route, mais surtout qu’on prenne notre petit déj' bien sucré pour compenser tout ce sel ! Le van roule de son allure habituelle (80 km/h) et nous nous arrêtons quelques dizaines de kilomètres plus loin, à Glendambo, pour aller aux toilettes quand au moment de sortir du van on se rends compte qu’il y a un léger souci : le cache du phare gauche, qui comprends, le clignotant, pend sur le côté, n’étant retenu au reste de la voiture que par un seul fil électrique. Que s’est-il passé ?

On se rappelle que quelques kilomètres plus tôt nous avons croisé un gros road train qui avec sa vitesse et sa taille imposante nous a fait subir un gros coup de vent qui a rabattu les rétroviseurs extérieurs. Et bien visiblement il n’a pas fait que ça… Le cache du phare en plastique a simplement cassé net face au choc, et on a bien failli perdre un clignotant.

Nous réparons donc aussi bien que possible, bien qu’il n’y ait pas grand chose de mieux à faire que de remettre le cache et le clignotant en place et le maintenir à l’aide de gros bouts de scotch. Mais bon ça tiendra bien pour les 9700 kilomètres qu’il nous reste à faire non ?

L’après-midi nous arrivons à Coober Pedy, ville minière célèbre pour ses opales. Enfin ville, c’est un grand mot. Le lieu ressemble à une mine à ciel ouvert qui aurait été abandonnée et où des squatteurs seraient venus y habiter. Entre les baraques en tôle et les préfabriqués juchés sur des monticules de terre se battent en duel quelques commerces. Et dans tout ça, à tous les coin de rues (mais peut-on vraiment appeler cela des rues ?), on peut voir des carcasses de voitures ou de machines minières abandonnés là à rouillir.

Si vous vous aventurez derrière les toilettes vous verrez aussi un vaisseau spatial, également abandonné là. Il s’agit en réalité d’un décor utilisé dans le film Pitch Black qui a été tourné dans le coin.

Une attraction touristique de la ville (en dehors des opales, dont je me contrefout pas mal), ce sont les habitations souterraines. En effet pour fuir les journées où la chaleur peut être insupportable et les nuits glaciales les habitants du coin ont creusé leur habitation dans le sol. En effet ici il est constitué d’un calcaire meuble, un peu comme de la craie : facile à creuser mais suffisamment solide pour y construire des tunnels. La moitié de la ville vit sous la terre. Je me dis que c’est quand même pas mal, si vous avez besoin d’une nouvelle chambre il vous suffit de la creuser. Et puis impossible pour les services fiscaux de voir que votre maison déclarée comme un 50m² en fait dix fois plus. Pratique ! (Bon sauf si vous creusez jusque chez votre voisin, il risque de vous en vouloir.)

D’ailleurs les annonces dans les agences immobilières du coin sont susceptibles de ressembler à celle-ci (véridique) : « Vends maison souterraine de 90 m², avec deux chambres, salon et salle à manger. Raccordée électricité et eau courante. Cuisine et salle de bain seront à creuser à votre charge. »

Du fait de ces nombreuses constructions souterraines, si vous commencez à vous promener dans la ville en dehors des rues, il ne vous faudra pas longtemps avant d’être entouré de cheminées et d’antennes de télévision qui sortent du sol : vous êtes juste au dessus de chez quelqu’un. Attention toutefois, c’est une ville minière et il existe des trous un peu partout, pas toujours signalés, résultats d’explorations passées, qui peuvent faire plusieurs dizaines de mètres de profondeur. Rassurant.

La visite des maisons individuelles est payante, mais il est possible d’avoir un bon aperçu via les commerces souterrains de la ville, notamment la librairie (bookshop) qui s’étend de couloir en couloir comme un labyrinthe.

Ou encore de la galerie d’art locale qui dispose de nombreuses salles diverses et variées.

Et enfin l’autre option de visite d’endroits souterrains ce sont les églises. Ça va de la petite église comme celle de l’église catholique en centre ville…

... Jusqu’à la grande église serbo-croate, majestueuse, avec une immense nef centrale sculptée.

Moi je dis que même si ça n’en a pas l’âge, ça vaut bien les Notre-Dame parisiennes et autres églises françaises.

En sortant de l’église il est déjà tard, et temps pour nous de reprendre la route jusqu’à une aire de repos pour la nuit avant de repartir le lendemain vers Kings Canyon.